Editorial

Hollande prêt à vendre ce qu'il reste du PS pour être réélu

Du fait de la proximité des attentats de novembre dernier et de la commémoration des massacres de janvier à Charlie Hebdo, à Montrouge et à l’Hyper Casher, la tournée des vœux de Hollande est placée sous le signe de la lutte anti-terroriste.

Hollande s’est coulé à merveille dans son costume de protecteur de la nation et de chef de guerre, qui lui a d’ores et déjà permis d’inverser sa cote de popularité et lui a redonné quelques chances pour 2017. Il conservera l’habit tant qu’il pourra.

C’est pourquoi, bien qu’inefficace pour empêcher le terrorisme, Hollande a déjà prolongé l’état d’urgence de trois mois. Et il veut modifier la Constitution afin d’y inscrire la déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France coupables d’actes de terrorisme. Cette mesure, que tout le monde reconnaît comme étant symbolique, est au cœur de la mue politique souhaitée par Hollande. Car en politique, il y a des symboles qui comptent et celui-ci en fait partie.

Historiquement portée par le Front national, reprise, promise et jamais mise en œuvre par Sarkozy, cette mesure est la marque de la droite et de tous ceux qui font une différence entre des Français qui seraient de « souche » et des Français qui seraient de « papiers ».

C’est la raison pour laquelle la gauche l’avait jusque-là toujours combattue. En réponse à Sarkozy qui l’avait proposée en 2010, Valls avait déclaré : « On rentre dans un débat nauséabond, absurde, un jeu politique où on essaie de faire croire qu’immigration et insécurité, c’est lié ». Aujourd’hui, il reprend le vieil argumentaire du FN et de la droite pour démontrer l’inverse ! 

Et qu’une partie de la gauche y soit toujours hostile n’a fait que convaincre Hollande… de défendre cette mesure. En affrontant une fronde de son propre parti, Hollande pourra parfaire sa stature de président au-dessus de la mêlée, insensible aux querelles partisanes et exclusivement guidé par l’unité de la nation, tout en s’adressant à l’électorat du centre et de la droite.

Tout au long de son quinquennat, Hollande sera donc allé de déchéance en déchéance.

Dès son arrivée au pouvoir, Hollande a jeté aux orties les quelques mesures qui auraient pu être favorables aux travailleurs pour adopter la ligne patronale - démantèlement des droits sociaux, allègement du coût du travail et chantage à la compétitivité. Il a renié ses maigres engagements sous la pression du patronat.

Aujourd’hui, sous la pression électoraliste et politicienne de la droite, il liquide le peu de positions progressistes qui faisaient la différence entre la gauche et la droite. Il largue ce qui restait au PS des idéaux d’égalité, de solidarité, d’ouverture et de tolérance et s’adapte à la poussée réactionnaire.  

C’est un calcul politique cynique et dangereux. En accréditant les thèses du FN, Hollande contribue à renforcer la xénophobie et les amalgames dans l’opinion. Il prend le risque de conforter les imbéciles racistes prêts à s'en prendre physiquement à des étrangers ou à ceux dont la couleur de peau est différente. Pour préserver ses chances d’être réélu, Hollande est prêt à vendre son âme et celle de son parti.

Cela fait bien longtemps que, mis à part son nom, plus rien ne rattache le PS aux valeurs socialistes et communistes qui étaient celles de ses origines.

En poussant plus loin sa déchéance politique et morale, « la gauche » dont le PS est le socle depuis plus de trente ans, est en train de mourir de sa belle mort. Pleurer dessus et essayer de la ressusciter en demandant à Hollande, Valls ou Macron de mener une autre politique comme le fait le PCF est ridicule.

L’avenir des exploités ne dépend pas de nouvelles combinaisons politiciennes. Il dépend d'eux-mêmes et des combats qu’ils mèneront. Il dépend de leur capacité à s’opposer aux attaques patronales et gouvernementales.

Ce sont ces attaques, l’enrichissement de la classe dominante et l'appauvrissement général de la société qui en découle, qui nourrissent l’individualisme, le communautarisme et cette dégénérescence morale que sont le racisme et la haine de l’étranger.

Alors, nous souhaitons qu’en 2016, de plus en plus de travailleurs s’engagent pour reconstruire un courant politique représentant leurs intérêts et se fixant pour but de renverser la domination des capitalistes. Un courant qui n’a rien à faire des papiers, de la nationalité ou de la binationalité octroyés par les politiciens bourgeois. Un courant dans lequel tous les exploités pourront apporter leur capacité de révolte et leur conscience d’avoir, ensemble, une société à transformer.

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