Macron et Le Pen : deux ennemis des travailleurs07/10/20192019Éditorial/medias/editorial/images/2019/10/34249370562_9d580f30a5_b-1.jpg.420x236_q85_box-0%2C96%2C1024%2C672_crop_detail.jpg

Editorial

Macron et Le Pen : deux ennemis des travailleurs

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Lors de la manifestation du 1er mai 2017 à Paris

Profitant de l’attentat à la préfecture de police de Paris et du débat sur l’immigration à l’Assemblée nationale, le Rassemblement National est reparti dans sa surenchère sécuritaire et ses amalgames contre les musulmans et les immigrés.

Front National ou Rassemblement National, Le Pen père ou Le Pen fille, rien ne change. Tout est toujours la faute de l’étranger, de l’immigré, du musulman. Jamais du grand patronat ! Jamais des fabricants de chômage, jamais des exploiteurs qui baissent les salaires et imposent la précarité pour augmenter les dividendes et les fortunes d’une minorité richissime.

Comme Macron, Le Pen ne mettra jamais en cause le parasitisme des capitalistes et leur dictature sur toute la société. Ils s’affrontent et rivalisent pour gouverner, mais ils ont le même ADN : leur dévouement aux plus riches et à la société bourgeoise.

Ils ont désormais un autre point commun : l’utilisation de la démagogie anti-migrants. Hier, Macron prétendait représenter le « progressisme » contre le « populisme », aujourd'hui, il alimente les fantasmes et les idées reçues sur le peuple qui subirait l’immigration. Comme si les immigrés n’étaient pas une composante essentielle du peuple ! 

Un chiffre est censé témoigner d’un grave problème : les demandes d’asile qui ont augmenté de 22 %. Mais les députés qui reprennent ce chiffre en boucle omettent de dire que la France reste très en retard sur tous les autres pays européens. Rapporté à la population, ce chiffre ne situe la France qu’au 11e rang européen, en nombre de demandes d’asile. Il y a en fait, chaque année, à peu près le même nombre de migrants.

Les macronistes répètent également les âneries des lepénistes et de la droite sur les prétendus abus de l’aide médicale d’État (AME), qui permet aux étrangers sans-papiers d’accéder à certains soins. Avant de se rétracter, l’homme d’affaires et dirigeant de La République en marche, Stanislas Guerini, a ainsi osé dire que l’AME était utilisée pour des prothèses mammaires ! En fait, l’AME rembourse uniquement les tarifs de base de la Sécurité sociale et sert, pour 70 %, à des soins hospitaliers liés à la tuberculose, au sida et aux accouchements. Comme l’expliquent tous les médecins, l’AME relève de la santé publique.

Les opposants à l’AME présentent son coût, un milliard d’euros, comme exorbitant. Mais les a-t-on entendus dénoncer les trois milliards de dépassements d’honoraires ?  Et faut-il rappeler que les grandes fortunes ont immédiatement promis de débourser cette somme pour sauver Notre-Dame de Paris ?

S’il y a un problème, il concerne les femmes et les hommes forcés de migrer parce qu’ils ne peuvent pas vivre dans leur pays. Il concerne ceux qui risquent leur vie pour atteindre l’Europe et que le gouvernement transforme en parias. Il concerne ces travailleurs qui, des années durant, font tourner les cuisines des grands restaurants, blanchissent les draps des palaces, acheminent les colis de Chronopost ou livrent des repas, pour des salaires de misère. Ils font fonctionner l’économie, cotisent et payent des impôts sans avoir de droits en retour. Alors, dire que l’immigration coûte cher est une sinistre plaisanterie.

Qu’est-ce qu’ont coûté les ouvriers algériens ou marocains, venus dans les années 1950 ou 1960, qui ont travaillé toute leur vie dans les mines, le bâtiment et les usines les plus dures et qui se retrouvent à vivre avec 800, 900 euros de retraite ?

Les travailleurs immigrés forment la partie la plus exploitée de la classe ouvrière. Sans eux, pas un chantier du bâtiment, pas une société de nettoyage ou de sécurité, pas un aéroport, pas une usine automobile ne fonctionnerait.

Il n’est pas rare de compter 10, 20 nationalités différentes dans une seule usine. Cela fait autant de langues et de cultures différentes. Mais c’est la même fatigue, les mêmes douleurs, les mêmes galères financières pour tout le monde. Et quand on est travailleur, on partage les mêmes intérêts fondamentaux : conserver son emploi, défendre son salaire et ses conditions de travail. 

Cette même condition ouvrière nécessite de faire bloc et de s’opposer au patronat qui, par calcul, cherche à diviser les travailleurs et à les affaiblir. Elle nécessite de s’opposer à tous ceux qui, par bêtise raciste ou par communautarisme, contribuent à cette division et font le jeu du patronat.

Politiquement, elle nécessite de rejeter dos à dos les Macron et les Le Pen. Désigner un bouc émissaire, diviser le monde du travail, c’est vieux comme l’exploitation. Ceux qui jouent à cela sont les ennemis du monde du travail. 

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