Préparer les luttes à venir

Le 11 juin, le premier tour des élections législatives verra treize candidats s'affronter pour le siège de député de la circonscription de Wissembourg. Pour Lutte ouvrière, Mehdi Benhlal, voudra faire résonner la force collective des travailleurs.

S'il a déjà été candidat aux législatives dans les Alpes-de-Haute-Provence où il résidait précédemment, Mehdi Benhlal se présente pour la première fois dans la circonscription de Wissembourg (*). Ce Strasbourgeois de 45 ans, agent de restauration ferroviaire, portera la bannière de Lutte ouvrière (LO), dont il est militant. Sa suppléante est Sophie Bailly.

• Son analyse du résultat de la présidentielle

« Cette élection a entériné une poussée du pays vers la droite. En raison du recul de la conscience de classe dans le monde ouvrier, le pourrissement de la société capitaliste entraîne une montée en puissance du vote FN, en particulier dans l'électorat populaire. C'est une autre illusion électorale, qui vient remplacer celle des partis réformistes, aujourd'hui largement discrédités. Pour les travailleurs, le second tour a en fait été un choix entre le pire et le moins pire, entre deux variantes d'une politique capitaliste. La version d'Emmanuel Macron, plébiscitée par la bourgeoisie libérale classique, n'en reste pas moins autoritaire -- son intention de gouverner par ordonnances transformera encore plus le Parlement en ce qu'il est déjà : une simple chambre d'enregistrement.

À LO, on ne pense pas que quelques députés vraiment de gauche suffiront à peser : le quinquennat Hollande et le recours régulier au 49.3 l'ont prouvé. On constate du reste déjà que le prétendu renouveau avancé par Macron n'est en fait qu'une vaste entreprise de recyclage : on a eu la gauche, on a eu la droite, maintenant on a les deux en même temps pour mener une politique en faveur du Medef, en aggravant encore la loi Travail notamment.

Nous voulons que les travailleurs, les exploités, puissent exprimer leur désaveu et reprennent confiance dans leur force collective : pour inverser le cours des choses, il faudra des mobilisations puissantes, dans les entreprises et dans la rue -- hors de ça, point de salut. »

• Les grandes lignes de son programme

« La présence de candidats Lutte ouvrière aux élections législatives vise donc à préparer les luttes à venir, en profitant d'une période où les gens s'intéressent un peu plus à la politique pour donner une caisse de résonance à nos revendications, qui devront être imposées par le rapport de force, la seule voie efficace.

La première d'entre elles est l'interdiction des licenciements, pour fermer le robinet à chômeurs. Il faut répartir le travail entre tous avec maintien du salaire, pour éviter que la charge se concentre toujours plus sur des gens qui sont poussés au burn-out, voire pire.

Nous militons également pour une augmentation de tous les salaires, pensions et minima sociaux, qui devront être indexés sur la hausse des prix. Nous appelons par ailleurs à la levée du secret des affaires et du secret bancaire, consubstantiels au capitalisme. Les informations doivent être accessibles aux journalistes, à la population et en premier lieu aux salariés, qui doivent pouvoir contrôler la gestion des leurs entreprises. C'est une mesure clé pour que les ouvriers puissent se protéger des mauvais coups des actionnaires. Outils Wolf à Wissembourg a par exemple licencié l'an dernier une quarantaine de ses employés : l'entreprise a mis en avant une baisse des ventes, mais les salariés n'ont pas pu vérifier sa comptabilité réelle -- si elle a pu se développer depuis soixante ans et créer une société soeur, c'est qu'elle n'est pas toujours allée si mal... »

• Pourquoi il faudrait voter pour lui

« Je ne prétends pas être plus compétent qu'un autre, et en tout cas je ne suis pas là pour faire du bavardage électoraliste. Nous pensons que les plus à même de défendre les intérêts des travailleurs, des chômeurs ou des retraités, ce sont les travailleurs, les chômeurs et les retraités eux-mêmes, via les luttes collectives. Ce qui est sûr en tout cas, c'est que ce n'est pas une classe capitaliste irresponsable, aveugle et folle -- folle de profit. En prenant en main l'économie, les travailleurs pourraient construire un système plus raisonné, au service de toute l'humanité. C'est une perspective communiste, révolutionnaire -- mais la bourgeoisie est aujourd'hui aussi anachronique que la noblesse avant la Révolution. »

FLORIAN HABY

(*) La huitième circonscription législative du Bas-Rhin regroupe les communes des cantons de Wissembourg, Reichshoffen à l'exception de Niedermodern, et Bischwiller à l'exception de Bischwiller, Kaltenhouse, Oberhoffen-sur-Moder, Rohrwiller, Schirrhein et Schirrhoffen.