« Ce n’est pas le bulletin de vote qui changera les choses, mais les luttes sociales ! »28/04/20172017Presse/static/common/img/contenu-min.jpg

Article de presse

La Réunion

« Ce n’est pas le bulletin de vote qui changera les choses, mais les luttes sociales ! »

Chantal Cauquil a essayé de faire de son mieux en quatre jours pour rendre visible sa candidate Nathalie Arthaud

Dans quelques heures, les Français sont invités à choisir parmi 11 candidats celui ou celle qu’ils verraient à l’Élysée à la place de François Hollande. Dans la dernière ligne droite, tout le monde jette ses forces dans la bataille. Y compris les « petits » candidats comme Nathalie Arthaud. Celle-ci a envoyé une de ses militantes à Mayotte pour faire connaître ses engagements.

 

Lunette de soleil, foulard sur la tête, Chantal Cauquil arpente les abords de la barge à Mamoudzou. « Vous connaissez Nathalie Arthaud ? Voici sa profession de foi. » La retraitée distribue sans relâche ces documents que les électeurs mahorais auraient dû recevoir dans leur boîte aux lettres. « On a tout envoyé en temps et en heure, mais Corsair a annulé un vol, les professions de foi sont arrivées le jour suivant celui désigné par le préfet pour les récupérer. On a alerté le ministère de l’Intérieur et la commission de contrôle, mais rien à faire, le préfet de Mayotte n’a rien voulu savoir. Pourtant les Mahorais ont le droit d’avoir la profession de foi de Nathalie Arthaud au même titre que celle des dix autres candidats » se plaint-elle.

Alors, pour ne pas que les Mahorais soient privés de ce document, Chantal Cauquil s’est déplacée depuis la Réunion pour accompagner les 700 kg de profession de foi et affiches arrivés à Mayotte puisque le parti n'a pas de représentant sur l'île. La militante a été envoyée à la Réunion pour les mêmes raisons, mais là-bas tout s’est bien passé. « Les documents sont arrivés en avance, et le gymnase où ils étaient stockés nous a été ouvert 3 jours avant. Ça nous a permis de ne pas payer les frais de magasinage à l’aéroport » avance-t-elle.

"En Guyane, ils ont tout bloqué, ils ont obtenu un milliard d'euros !"

À Mayotte, il a donc fallu que l’ancienne salariée d’une compagnie d’assurance se charge de la distribution presque toute seule. Elle a loué une voiture à cet effet. Munie de son seau rouge rempli de colle, elle a tapissé les murs de professions de foi pour rendre visible sa candidate, notamment à Mamoudzou dans la rue du Commerce et aux abords de la barge. Et quand un passant daigne lui donner de l’intérêt, elle n’hésite pas à dérouler son argumentaire.

« Tu vois, Nathalie Arthaud, elle n’est pas comme les autres, elle ne promet rien. Tu sais, ce n’est pas le bulletin de vote qui changera quelque chose. Il sert juste à donner son avis. Ceux qui ont été élus avant, qu’est-ce qu’ils ont fait ? Rien. Non, regarde en Guyane, ils sont descendus dans la rue, ils ont tout bloqué et ils ont obtenu un milliard ! Si tu ne provoques pas de rapport de force, tu n’obtiens rien ! »
Le jeune homme qui lui fait face ne semble pas tout à fait convaincu. D’ailleurs, il l’avoue, Nathalie Arthaud lui était complètement inconnue. « Je ne la connais pas, mais là, je vais prendre le temps de lire ce qu’elle propose » promet-il.

La couverture de la profession de foi de Nathalie Arthaud. Celle-ci est disponible sur le site web de la candidate.

Après plus de 5 h à marcher dans les rues de Mamoudzou, Chantal Cauquil commence à faiblir un peu. Le soleil, elle aime bien, mais à longue dose, ce n’est pas très bon non plus. Autour d’une boisson fraîche et à l’ombre, la militante de Lutte ouvrière se sent revivre. Et son énergie semble illimitée. Arrivée vendredi, elle repart le lendemain du lundi de Pâques. Il n’y a donc pas de temps à perdre. Alors, elle demande où elle pourrait écouler son stock de professions de foi. « On m’a dit, sur les terrains de sport. C’est un bon endroit ? » On lui suggère l’événement sportif du week-end : le Beach Foot Entreprises. « Ah, des salariés de 40 entreprises ? Oui c’est une bonne idée. Mais c’est loin ? »

Des convictions inamovibles et défendues becs et ongles

La militante cherche aussi à savoir si vraiment l’immigration illégale est un problème à Mayotte, si vraiment la délinquance est aussi élevée que ça. On la renvoie aux classes surchargées, au système de santé débordé et aux besoins énormes pour tous, loin d’être comblés par les pouvoirs publics.
Mais pour Chantal Cauquil, l’engagement politique est un combat. Trotskiste assumée, elle prend son bâton de pèlerin pour convaincre. À Mayotte, la lutte des classes et la culture ouvrière ne font pas vraiment partie du paysage politique et social. Mais la militante a des convictions qu’elle est prête à défendre jusqu’au bout. Les convictions sont souvent changeantes pour les politiciens locaux et c’est pour cela que même si peu de Mahorais n’épousent pas les siennes, ils ont tout de même loué le courage de cette dame venu de loin défendre sa candidate et qui plus est sait que le message passera difficilement. En 2012, Nathalie Arthaud avait recueilli 0,53 % des voix à Mayotte. Qu’en sera-t-il dimanche ?

Faïd SOUHAÏLI

Pour plus d'infos :
Quelques liens sur le passage de Chantal Cauquil à Mayotte
Zakweli du 17 avril 2017
Reportage de Mayotte 1ère la télé

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