Fuite d'essence cachée à la population

Ce n'est que le 7 février, huit jours après sa découverte le 30 janvier, que des communiqués simultanés de la préfecture et de la mairie de La Rochelle ont révélé à la population la fuite de 256 000 litres d'essence (l'équivalent de dix camions citerne) depuis les cuves de la société pétrolière Picoty, situées en bordure d'une zone d'habitation.

Le secrétaire général de la préfecture invoque « une probabilité d'écoulement de la nappe d'hydrocarbures vers le sud-ouest, pas dans la direction des habitations. Mais il n'y a rien de certain ». Autrement dit, personne n'en sait rien. Les habitants du quartier avaient bien raison de s'opposer ces dernières années à la construction de nouvelles cuves, pour une capacité de stockage qui atteint maintenant 300 000 m³, et au milieu de plusieurs autres entreprises classées Seveso. D'autant plus que cet agrandissement contraint les habitants à réaliser des travaux de sécurisation de leur habitation, qui ne sont financées qu'à 25 % par Picoty, le reste étant assuré par l'argent public (25 % pour les collectivités locales – la part municipale a été votée au conseil municipal du 30 janvier dernier – et 40 % pour l'État) et par les habitants eux-mêmes (10 %).

Une précédente pollution chimique sur ce même port par la société Innov'ia le 19 octobre 2016 avait déjà été cachée, pendant plus d'un mois, à la population. Les patrons de nombreuses entreprises du port de La Pallice jouent à la roulette la santé et la vie des habitants, avec la complicité muette des services de l'État.