Arthaud, porte-voix des travailleurs en 201722/11/20162016Presse/medias/articlepresse/images/2016/11/Capture_NA_VARR_matin_12_10_2016.JPG.420x236_q85_box-0%2C31%2C390%2C250_crop_detail.jpg

Article de presse

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Arthaud, porte-voix des travailleurs en 2017

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"Nous n'avons pas à attendre la renégociation des traités européens pour prétendre à un emploi et un salaire dignes" confie Nathalie Arthaud. La porte-parole de Lutte Ouvrière est en campagne pour l'élection présidentielle. (Photo Dominique Leriche)

 Interview

Candidate à l’élection présidentielle, la porte-parole de Lutte ouvrière a profité de son passage dans le Var pour rencontrer les militants, inviter salariés et chômeurs au rassemblement.

Elle a retrouvé les chemins de la campagne électorale début septembre : c’est pourtant -comme François Fillon !- au Cirque d’Hiver, le 30 septembre, que Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière, a retrouvé de la voix…Celle des travailleurs dont elle entend porter le message et défendre les intérêts. A mi-temps de l’Education nationale, elle parcourt la France et vient à la rencontre des militants. De passage à Toulon, Nathalie Arthaud en a profité pour fustiger tous les candidats à la présidentielle qui, dit-elle, « aspirent à gouverner pour le grand patronat et la bourgeoisie ».

Entretien.

Vous dénoncez les postures des candidats à la présidentielle qui, dites-vous, « obéiront au Medef ». Où se situe Jean-Luc Mélenchon ?

De la même manière que je dénonce les Hollande, Sarkozy, Le Pen, je pense que la politique portée par le Parti communiste comme celle de Jean-Luc Mélenchon ne répondent pas aux aspirations des travailleurs. Jean-Luc Mélenchon veut faire de cette campagne un référendum contre les traités européens, sur l’indépendance, la souveraineté de la France, sur la VIe République.

Nous, nous voulons faire entendre les intérêts des travailleurs. Nous n’avons pas à attendre la renégociation de traités européens pour prétendre à un emploi et à un salaire dignes. Aujourd’hui, il y a de l’argent dans les grands groupes, ces super profits doivent servir à garantir l’emploi et répartir le travail entre tous.

L’usine Smart en Moselle est passée à 39h payées 37h avec l’aval des salariés. Comment réagissez-vous ?

Cela pose toute la question de la démocratie dans l’entreprise : le référendum qui a été organisé dans l’entreprise a donné la même parole à tous les salariés, employés comme cadres. Ces derniers sont au forfait et n’étaient donc pas concernés par l’augmentation du temps de travail. Cette mesure était majoritairement refusée par les ouvriers. Leurs délégués syndicaux ont d’ailleurs dénoncé ce chantage.

C’est un scénario similaire pour Alstom à Belfort selon vous ?

Tout à fait. Et la seule solution était forcément, dans le contexte de la présidentielle, de céder au chantage d’Alstom… Alstom a tout de même engrangé 6 milliards de bénéfices au cours de ces dernières années ! Et compte 30 milliards de carnet de commandes. Quinze jours avant d’annoncer le projet de Belfort, la direction se vantait d’avoir signé des contrats faramineux, avec les Etats-Unis notamment. Certes, ce ne sont pas des locomotives fabriquées à Belfort, mais les profits y sont quand même encaissés par le groupe. Depuis le début, nous disons que c’est aux groupes d’assumer les aléas du marché, comme la baisse de charges et le creux dans les commandes.

Si l’on s’appuie sur vos résultats aux dernières élections (1), les travailleurs ne se battent pas beaucoup pour faire entendre leur voix…

Ce que je constate, c’est que lorsque de l’annonce de la fermeture, il y a eu quatre mois de mobilisation dans laquelle s’est reconnu l’ensemble des travailleurs, je suis convaincue que cela compte. Il n’y a pas qu’Alstom à Belfort, il y a Ecopla (en dépôt de bilan ndlr)), Philips aussi, qui envisage de fermer deux sites en France… Toutes ces réactions, ces mobilisations, sont notre raison d’être dans le combat présidentiel. Nous appelons les travailleurs à peser au premier tour de la présidentielle ; que leur voix ne disparaisse pas de cette campagne. Le travailleur doit être son propre porte-drapeau, prendre la parole et participer au combat politique, même si cela n’inversera pas le rapport de force.

Le risque n’est-il pas que la parole soit confisquée par le FN justement, qui se présente aussi comme le parti des travailleurs ?

Tout le monde veut les voix des travailleurs ! J’ai même entendu Sarkozy dire qu’il était leur représentant ! Mais Marine Le Pen veut bien les voix des travailleurs parce qu’elle aime les travailleurs résignés, opposés à d’autres travailleurs immigrés.

Dans un tout autre registre, les déclarations du pape François sur la théorie du genre ont agité, il y a quelques jours, la sphère politico-médiatique. Qu’en pense l’enseignante ?

J’ai entendu ça. « indigne de critiquer le pape » a dit M. Estrosi. Ces polémiques-là sont hallucinantes. C’est vraiment un faux procès fait à l’Education nationale. Mais cela fait partie de toutes ces idées réactionnaires à laquelle on assiste. On marche sur la tête… Propos recueillis par Karine Michel (1) Nathalie Arthaud a fait 0,56 % lors de la présidentielle 2012. LO réalisait plus de 5 % dix ans auparavant.

Propos recueillis par Karine Michel

(1) Nathalie Arthaud a fait 0,56% lors de la présidentielle 2012. LO réalisait plus de 5% dix ans auparavant.

 

 

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