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Espagne : le gouvernement “de progrès”... vers la guerre
Depuis le mois de mars, l’OTAN utilise la base navale de Maó, à Minorque dans les Baléares, sa troisième base militaire en Espagne après celles de Rota et de Carthagène.
Pedro Sanchez, le président socialiste du gouvernement espagnol, a pourtant bien essayé d’avoir une attitude un peu différente des autres dirigeants occidentaux ces derniers mois. Lors du dernier sommet européen, il demandait à ses alliés de baisser le ton belliciste. Il avait été aussi dans les premiers à critiquer Netanyahou en novembre, et il parle même de reconnaître un État de Palestine dès cet été.
Par ces déclarations Pedro Sanchez essaie de ne pas se couper des milieux de gauche, dont les traditions anti-guerre et anti-OTAN remontent aux années 1980. Le Parti socialiste refusait alors l’entrée dans l’OTAN, avant de faire campagne pour y entrer quelques années plus tard. En 2003, au moment de la guerre en Irak, les manifestations contre la guerre avaient rassemblé des millions de personnes. Elles avaient donné un nouveau souffle à la Gauche Unie, liée au Parti communiste espagnol, dont plusieurs des membres, telle la ministre du Travail, Yolanda Diaz, sont au gouvernement aujourd’hui. Sanchez donne donc le change et laisse pour le moment le rôle du va-t-en-guerre à la ministre de la Défense, Margarita Robles, qui affirmait il y a peu que « la menace de guerre en Europe est réelle » et que la société « n’en est pas consciente ».
Au fond, le gouvernement espagnol a bien les deux pieds dans le camp impérialiste. À la nouvelle base des Baléares, qui va servir aux destroyers américains pour des opérations en Méditerranée, s’ajoutent les 2 400 militaires espagnols présents en Europe de l’Est et au Moyen-Orient ainsi que les bateaux de guerre espagnols qui ont accompagné le porte-avions américain en Méditerranée en octobre dernier. Par ailleurs, le gouvernement a voté l’an dernier un budget militaire de 27 milliards d’euros, le plus important de l’histoire récente. Enfin l’Espagne, 15e économie mondiale, est le 7e exportateur d’armes au monde et compte Israël parmi ses clients.
Dans les années 1950, les États-Unis ont intégré l’Espagne de Franco dans le dispositif de l’OTAN. Depuis, les gouvernements espagnols successifs sont restés dans la ligne. C’est plus que jamais le cas aujourd’hui avec les socialistes et leurs alliés de la gauche dite radicale et citoyenne.