MA France – Aulnay-sous-Bois  : le bras de fer continue01/05/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/05/P12_Gr%C3%A9vistes_MA_Fr_-_Aulnay_-_26-04-24_C_LO_.jpg.420x236_q85_box-22%2C0%2C776%2C424_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

MA France – Aulnay-sous-Bois  : le bras de fer continue

Depuis le 16 avril, les travailleurs de l’usine d’emboutissage MA France ont engagé un véritable bras de fer avec leur direction et surtout avec Stellantis. Depuis l’annonce d’un dépôt de bilan, ils ne décolèrent pas et exigent des garanties pour leur avenir.

Illustration - le bras de fer continue

Cette usine est l’ancien atelier des presses de PSA Aulnay en Seine-Saint-Denis, vendu en 2004 au groupe CLN, fournisseur de Fiat. 80 % de la production de MA France est destinée au groupe Stellantis, issu de la fusion Fiat-PSA. Le constructeur est aussi propriétaire des outils de presse et lui fournit la matière première, les bobines de métal. Stellantis est donc donneur d’ordres, fournisseur et client de MA France, soit le véritable patron. Dans son plan de restructuration de ses activités à l’échelle européenne, Stellantis a décidé de transférer la production de cette usine en Turquie et s’est mis à étrangler son fournisseur en fixant des prix non acceptables avec des « retards » de paiement.

Les travailleurs ont bien compris qu’il fallait qu’ils défendent chèrement leur peau et ont pris par surprise leur patron, et Stellantis, en se mettant à 100 % en grève. Du coup, trois usines de Stellantis sont à l’arrêt : Poissy, Hordain et Luton en Angleterre. Cela coûte des dizaines de millions d’euros par jour au groupe. Leur force est là.

Les directions de MA et Stellantis inondent les grévistes de mensonges et chantages pour tenter de les désolidariser et les démoraliser. La feuille de paie d’avril a été avancée avec le retrait des journées de grève. Pour faire croire que la grève ne sert à rien, ils ont prétendu que Poissy et Hordain allaient reprendre… pour finalement annoncer que c’était repoussé. Il faut dire que, pour des raisons techniques, transférer dans d’autres usines la production réalisée à Aulnay demanderait plusieurs semaines voire des mois. La direction accélère son dépôt de bilan avec une audience au tribunal le 6 mai. Chaque jour apporte donc son lot de manœuvres.

De leur côté la CFDT et FO voudraient signer un accord de reprise pour une prime de 45 000 euros brut qui devrait diminuer de 10 000 euros par jour de retard dans la signature. Pourtant, deux votes à main levée réalisés en assemblée générale de grévistes ont exigé une prime de 70 000 euros net garantie par Stellantis ou le groupe CLN. Certains ajoutent qu’il faut immédiatement discuter des reclassements, formations, plan senior, emplois garantis, etc. Autant les délégués CGT défendent ce qu’ont voté les grévistes, autant les délégués CFDT et FO ont de leur côté organisé un vote individuel à bulletins secrets, cachés au fond d’un atelier en espérant enfin obtenir un vote de reprise du travail. À la veille du 1er mai, leur opération n’avait pas réussi mais elle contribue à alimenter les risques de division.

D’un autre côté, les grévistes sont encouragés par des délégations de travailleurs venus d’autres usines Stellantis ou Renault. Tous les moments de discussions et d’échange d’expériences sont précieux pour le moral.

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