Lutte ouvrière - Le camp des travailleurs

Je m'appelle François Roche, je suis monteur mécanicien à Airbus Marignane, où nous sommes 12 000 travailleurs. Nous fabriquons des hélicoptères.

Depuis 25 ans, nous n'avons connu que des reculs, dans un secteur qui dégage chaque année des milliards de bénéfices. Il y a des avancées techniques, avec des outils plus performants, mais cela conduit toujours à nous faire travailler plus. Des équipes d'ingénieurs statisticiens font des prodiges d'analyse numérique, non pas pour recenser les besoins en hélicoptère de l'humanité, mais connaître la concurrence et gagner des parts de marché.

Dans mon secteur, la mécanique, des dizaines de jeunes, d'intérimaires, d'apprentis, arrivent chaque année pour travailler. La plupart par goût de l'aéronautique, aussi souvent parce que les conditions y sont meilleures que dans la petite boîte où ils étaient avant. Ils arrivent à surmonter l'accueil souvent cassant, certaines réflexions humiliantes, et s'accrochent. Ils font l'apprentissage de la mécanique, mais aussi l'apprentissage de la résistance à l'exploitation.

Un hélicoptère sur deux que nous fabriquons est destiné à une armée dans le monde, et Airbus veut gagner des parts sur ce marché de la mort. Exploitation au quotidien, et perspective de guerre, il faudra que les travailleurs arrêtent ce rouleau compresseur, pour construire une société qu'ils dirigeront eux-mêmes.