Une révolte contre l’oppression sociale22/05/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/05/une_2912-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Une révolte contre l’oppression sociale

En Nouvelle-Calédonie, la discrimination, l’oppression ethnique et le racisme viennent s’ajouter à l’oppression sociale et à l’exploitation capitaliste. La discrimination se mesure dans l’enseignement. Trente-six pour cent des Kanaks âgés de 15 à 64 ans n’ont pas de diplôme, contre 17 % des non-kanaks. Partout, à l’école, dans l’emploi et le logement, les Kanaks sont des citoyens de seconde zone. Certes, depuis 1989, l’État français a construit dans les terres kanakes des infrastructures de transport et de santé, des écoles, des collèges. Mais les écarts entre Kanaks et non-kanaks ne se comblent pas. Ainsi, les filières générales du prestigieux lycée de Nouméa, fréquenté par les enfants des milieux aisés de la capitale du territoire, restent massivement composées d’élèves d’origine européenne. La jeunesse kanake prend tout cela en pleine figure. Elle peut considérer qu’elle n’a pas d’avenir, qu’elle est condamnée à la pauvreté, au chômage, et en plus elle constate qu’elle se fait refuser, à la tête du client, un logement à Nouméa, comme elle s’y fait refuser l’entrée des boîtes de nuit.

La colère de la jeunesse, parce qu’elle va bien au-delà de la question du corps électoral, a fait peur au petit monde politicien de l’archipel. Les partis de droite et d’extrême droite ont armé une partie des leurs, en les organisant dans des milices ou des groupes de « voisins vigilants », avec l’approbation de l’État français exprimé dans les déclarations de son haut-commissaire. Une partie des dirigeants nationalistes kanaks ont, quant à eux, très tôt désavoué les émeutes, la colère étant allée au-delà du cadre qu’ils avaient prévu et les jeunes étant hors de leur contrôle. Cité par le journal Le Monde, Louis Mapou, indépendantiste et chef du gouvernement calédonien, a déclaré : « la frustration, la colère ne doivent pas nous engager dans une dynamique de rupture. (…) On ne peut pas se mettre tout d’un coup à détruire ce qu’on a construit difficilement depuis 1988. »

Quoi qu’en dise Louis Mapou, le fait que depuis 1988 les partis indépendantistes aient été associés au pouvoir local n’a rien apporté à la jeunesse pauvre, kanake ou d’autre origine. Ce sont ses aspirations à un véritable changement social qui explosent aujourd’hui.

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