Ukraine : une guerre qui enrichit des vautours22/05/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/05/une_2912-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Ukraine

une guerre qui enrichit des vautours

Depuis quelque temps, les médias occidentaux pointent les avancées des forces russes dans le Donbass, et plus encore autour de la seconde ville du pays, Kharkiv, toute proche de la frontière russe.

Des reportages ont rapporté que des soldats ukrainiens relevaient que rien n’avait été préparé pour contrer l’offensive russe, ce qu’ils attribuaient à la corruption… Bien sûr, les généraux et colonels français en retraite qui ne quittent plus les plateaux de radio et télévision ont, du haut de leur science militaire, laissé entendre que ce n’était pas le problème.

Pourtant, le bureau ukrainien de lutte contre la corruption, Meja, a fait état de détournements massifs sur les 16 millions d’euros attribués à l’édification de fortifications à Kharkiv et dans les environs. Cet organisme officiel a accusé des instances municipales d’avoir conclu sans contrôle des contrats avec des sociétés privées, même pour des travaux qualifiés de fictifs. Se sentant visé, le maire de Kharkiv, Oleg Sinegoubov, a averti que ces entreprises devraient fournir la preuve des travaux réglés, que cela serait rendu public et divulgué à la presse. Les bureaucrates et affairistes de Kharkiv, qui en ont vu d’autres, ne vont probablement pas se laisser impressionner pour si peu.

Il y a quelques semaines, ce sont les organisations régionales de reconstruction que Zelensky a dû dissoudre car, un peu partout dans le pays, leurs dirigeants et leurs amis entrepreneurs s’en donnaient à cœur joie dans le pillage, au prétexte de reconstruction. Ils avaient le sentiment d’une totale impunité. En effet, dans l’Est, des fonds avaient été attribués pour la reconstruction de villes occupées par l’armée russe, comptabilisés comme dépensés, mais sans préciser bien sûr à qui ils étaient revenus.

À quelques jours de l’entrée en vigueur définitive de la loi de mobilisation, il ne faut pas s’étonner que, de l’aveu même d’officiers ukrainiens cités lundi 13 mai par Le Monde, la plupart des soldats qu’ils reçoivent soient moins motivés que ceux qui se portaient volontaires il y a un an ou plus. Plus le temps passe, plus la corruption viscérale des « élites » qui gouvernent l’Ukraine saute aux yeux de tous. La mobilisation en est elle-même une illustration. Pour tenter de désamorcer les critiques largement répandues, il a été annoncé que les enfants des ministres et des députés devraient rendre compte de leur situation militaire, alors que, de notoriété publique, ils bénéficient d’exemptions de complaisance ou « font des études » à l’étranger !

L’état- major a, lui, exposé dans la presse comment il avait revu à la baisse tous les motifs médicaux ou scolaires d’exemption des hommes de 18 à 60 ans, et il a publié une liste de maladies, jusqu’alors rédhibitoires, mais qui font qu’on peut désormais être mobilisé comme « apte limité » ! Le tout, bien sûr, en détaillant quelles sanctions seront prises contre les récalcitrants : privation de passeport, gel de comptes bancaires, amendes et envoi immédiat au Bureau régional de mobilisation (BRM) puis au front, après un mois de classes… Même des hommes âgés, jusqu’alors dispensés par des commissions médicales militaires, sont embarqués. Et cela provoque parfois des émeutes, comme à Vinohradiv le 3 mai, en Transcarpathie, où la police a ouvert le feu pour dégager le BRM qu’encerclaient des manifestants en colère. Ceux qui ont été arrêtés risquent jusqu’à sept ans de prison.

L’état-major ukrainien mobilise désormais aussi des prisonniers de droit commun en échange de remises de peine, même si la presse occidentale n’en parle guère, alors qu’elle s’étranglait d’indignation quand le sinistre Prigojine allait recruter dans les prisons de Poutine pour fournir son armée en chair à canon.

Pendant ce temps, à en croire le très réactionnaire mais bien informé Wall Street Journal, financiers et milieux d’affaires internationaux ne restent pas les bras croisés. Sachant pertinemment ce qu’il en est de leurs alliés au pouvoir à Kiev, et en particulier que rien ne les arrête quand il s’agit de piller l’État et ses ressources, sans parler de la population, un groupe de créanciers de l’Ukraine a haussé le ton. Ce groupe, composé de BlackRock et Pimco, qui détiennent 20 % de la dette publique de l’Ukraine, a exigé que celle-ci en reprenne le paiement, plus ou moins interrompu par la guerre.

Le front ukrainien peut être près de craquer, le pays saigné à blanc financièrement, sa population peut mourir sous les bombes ou dans les tranchées, mais pas avant d’avoir enrichi les vautours de la finance occidentale.

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