Moussey (Moselle) - Si une partie des bâtiments de l'ancienne usine Bata de Moussey en Moselle est aujourd'hui à l'abandon, le « gratte-ciel Bata » de la ville de Zlin en République Tchéque, lui, a été reconverti. Il sert de locaux à l'administration régionale tchèque. Le préfet occupe désormais le célèbre bureau de Tomas Bata, le fondateur de l'empire de la chaussure du même nom.
Il faut dire que cet ancien bureau de Bata n'est pas ordinaire : il est composé d'une pièce vitrée de 6 mètres sur 6 qui a la particularité d'être... une vaste cabine d'ascenseur ! Ce bureau ascenseur permettait à Tomas Bata de se déplacer facilement entre les différents étages de son gratte-ciel et d'avoir un oeil - et même les deux - sur tout ce qui s'y faisait.
Le journal Libération, qui rapporte la nouvelle affectation du célèbre bureau, raconte comment Tomas Bata Junior, de retour en Tchécoslovaquie à la chute des régimes des pays de l'Est, « a découvert horrifié le mépris des communistes pour le patrimoine national » : sa maison d'enfance était devenue le siège des pionniers et une statue du président Gottwald trônait dans son ancienne chambre !
Mais ce qui ne semble pas avoir horrifié le fils Bata, et que d'ailleurs ne rapporte pas Libération, c'est que si les usines Bata de Tchécoslovaquie avaient été nationalisées à la fin de la deuxième guerre mondiale, comme celles de Renault en France, c'était pour avoir largement collaboré avec le régime nazi et utilisé, en ce qui concerne Bata, la main d'oeuvre gratuite des camps.
Moins d'un demi-siècle après leur nationalisation par le gouvernement d'union nationale, le groupe Bata est revenu en Tchécoslovaquie. Un retour qui s'est traduit par des fermetures d'usines, sans souci pour le « patrimoine national » que cela représentait, le groupe ne conservant que les magasins et le réseau de distribution. Le seul patrimoine que ces gens-là connaissent c'est celui de leur portefeuille.