Un monde zlin-zlin

Brève
08/12/2006

Moussey (Moselle) - Si une partie des bâtiments de l'ancienne usine Bata de Moussey en Moselle est aujourd'hui à l'abandon, le « gratte-ciel Bata » de la ville de Zlin en République Tchéque, lui, a été reconverti. Il sert de locaux à l'administration régionale tchèque. Le préfet occupe désormais le célèbre bureau de Tomas Bata, le fondateur de l'empire de la chaussure du même nom.

Il faut dire que cet ancien bureau de Bata n'est pas ordinaire : il est composé d'une pièce vitrée de 6 mètres sur 6 qui a la particularité d'être... une vaste cabine d'ascenseur ! Ce bureau ascenseur permettait à Tomas Bata de se déplacer facilement entre les différents étages de son gratte-ciel et d'avoir un oeil - et même les deux - sur tout ce qui s'y faisait.

Le journal Libération, qui rapporte la nouvelle affectation du célèbre bureau, raconte comment Tomas Bata Junior, de retour en Tchécoslovaquie à la chute des régimes des pays de l'Est, « a découvert horrifié le mépris des communistes pour le patrimoine national » : sa maison d'enfance était devenue le siège des pionniers et une statue du président Gottwald trônait dans son ancienne chambre !

Mais ce qui ne semble pas avoir horrifié le fils Bata, et que d'ailleurs ne rapporte pas Libération, c'est que si les usines Bata de Tchécoslovaquie avaient été nationalisées à la fin de la deuxième guerre mondiale, comme celles de Renault en France, c'était pour avoir largement collaboré avec le régime nazi et utilisé, en ce qui concerne Bata, la main d'oeuvre gratuite des camps.

Moins d'un demi-siècle après leur nationalisation par le gouvernement d'union nationale, le groupe Bata est revenu en Tchécoslovaquie. Un retour qui s'est traduit par des fermetures d'usines, sans souci pour le « patrimoine national » que cela représentait, le groupe ne conservant que les magasins et le réseau de distribution. Le seul patrimoine que ces gens-là connaissent c'est celui de leur portefeuille.

Les patrons peuvent payer

Brève
08/12/2006

Pour se payer Arcelor, Mittal sort de sa poche 18 milliards d'euros dans un premier temps, puis il propose 7 milliards de plus pour contrer Dollé. Pour résister à l'OPA de Mittal, Dollé sort de sa poche 7 milliards de dividendes en 2006 pour les actionnaires. Et il en promet beaucoup d'autres pour les années à venir ! Pour aider Arcelor à résister, Mordachov met sur la table 1,25 milliard d'euros et son paquet d'actions de Severstal.

Pendant ce temps-là, les ouvriers sidérurgistes de ces grands groupes se demandent comment ils vont finir le mois sans payer des agios. Toutes ces valses de milliards d'euros, c'est du travail non payé aux salariés. Ils pourraient doubler les salaires en écornant à peine leurs bénéfices.

La goutte de trop

Brève
08/12/2006

Montbéliard - "La situation est grave. Visteon France perd de l'argent" explique dans l'Est Républicain le directeur du site de Rougegoutte en Franche-Comté où sont prévues 124 suppressions de postes sur 470 salariés. Depuis lundi, une partie des travailleurs sont en grève - soutenus par la CFDT - contre le plan antisocial du patron et pour une augmentation de 50 € pour tous.

Car le patron se moque du monde. Visteon ne perd pas d'argent mais il en gagne : 3 millions de dollars au premier trimestre. C'est un gros équipementier de l'automobile qui appartenait avant à Ford. Son PDG a récemment déclaré que son objectif est l'amélioration des bénéfices et il en prévoit entre 45 et 75 millions de dollars pour cette année. Visteon emploie 50 000 personnes dans 24 pays au monde et possède plus de 170 sites.

Malgré les jérémiades des patrons du secteur automobile, complaisamment relayées par les médias, l'industrie automobile n'a jamais fait autant de profits. Les travailleurs de Rougegoutte, eux, en ont assez. Assez des cadences, assez des suppressions d'emplois, assez des petites payes... Leur grève a paralysé une partie de la production de PSA à Mulhouse faute des planches de bord pour le montage de la C4. Cela rappelle aux patrons qu'ils ne sont rien sans notre travail.

Du sang et des larmes pour les uns, des profits pour les autres

Brève
08/12/2006

Belfort - En quelques années, le groupe Alstom est passé de 105 000 à 60 000 salariés, sous prétexte qu'il était en faillite et que les affaires marchent mal. Le nouveau PDG Patrick Kron avait promis "du sang et des larmes". Promesse tenue pour les travailleurs du groupe qui ont connu, en plus des vagues de licenciements, des externalisations où là non plus les licenciements n'ont pas arrêté, un accroissement des charges de travail avec des salaires bloqués.

Pour les actionnaires, pas de larmes mais des profits. Le résultat opérationnel, comme ils disent, grimpe de 58 % à 746 millions d'euros. Des bénéfices obtenus en aggravant l'exploitation des travailleurs. Par exemple, dans la branche Transports, le chiffre d'affaires augmente de 9 % et passe de 4,6 à 5 milliards d'euros alors que les effectifs diminuent de plus de 20 % (de 33 000 à 26 000). Bien des travailleurs de l'Alstom ont été réduits au chômage, certains sont en fin de droits... mais dans la branche transports, l'Alstom embauche des intérimaires.

Alstom en faillite il y a quelques années ? C'était de la blague. Bouygues vient de se porter acquéreur des 21 % de capital que détient encore l'État. Pas par philanthropie, mais parce que l'Alstom - comme tous les grands groupes, quoi qu'ils disent - dégage beaucoup de richesses... pour les actionnaires.

Mittal joue du pipeau

Brève
08/12/2006

Gandrange (Moselle) - Venu se montrer à l'usine Mittal Steel de Gandrange, le 20 avril, Lakshmi Mittal a déclaré "nous ne sommes pas en train de planifier des suppressions d'emplois". Exact, Mittal comme Arcelor, ont déjà programmé des suppressions d'emplois. Quant à Gandrange, c'est déjà fait par lui, ses semblables Arcelor, ou les ancêtres de Wendel ! L'usine de Gandrange a fondu, en 30 ans, de 13 000 à 1 000 salariés aujourd'hui.

Alors quand Mittal prétend que "la meilleure garantie d'emploi offerte par les compagnies fortes, florissantes et profitables", on ne risque pas de le croire. C'est depuis les de Wendel qu'on nous joue le même refrain.