DNA : Julien Wostyn : « Exprimer la rage des classes populaires »

Julien Wostyn, tête de la liste Lutte ouvrière : « Le conseil régional et les hommes politiques n'ont pas le pouvoir de s'opposer aux patrons. Les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes. »
Tête de liste régionale de Lutte ouvrière, Julien Wostyn incarne l'engagement électoral d'un parti politique qui croit moins au pouvoir des urnes qu'à celui de la lutte des travailleurs contre les patrons.
(Photo DNA - F. By.)
- DNA : Pourquoi ne vous êtes-vous pas associé au NPA et à la liste «Pour une Alsace à gauche» ?
- Julien Wostyn : Le NPA a cherché à s'allier au Front de gauche et au PCF dont les responsables ont été ministres de la gauche plurielle et qui veulent revenir aux affaires. Le NPA a cautionné cette politique que nous dénonçons et qui n'est pas au service des travailleurs. Nous voulons permettre aux classes populaires d'exprimer leur rage devant cette société qui laisse crever ceux qui travaillent et laissent vivre ceux qui s'enrichissent et spéculent. Ça, nous sommes les seuls à le dire.
- Jean-Yves Causer, la tête de liste «Pour une Alsace à gauche», vous reproche de réciter des slogans nationaux en passant à côté des enjeux régionaux.
- Est-ce que l'Alsace est un îlot de prospérité ? Non. La situation est la même dans les autres régions. Au-delà des chiffres, il y a des chômeurs et des personnes qui perçoivent des pensions misérables. La situation s'est dégradée en Alsace comme ailleurs. On trompe les travailleurs en disant qu'on pourrait avoir des solutions régionales face au chômage.
« Aucune élection ne changera le sort des travailleurs »
- Mais vous espérez quand même être élu.
- Oui, nous nous présentons dans la perspective d'être élu mais c'est surtout le moyen de donner notre avis sur la politique nationale qui est menée : on ne prend pas les coups au niveau d'une région mais à l'échelle d'un pays. On ressent de la colère et on souhaite qu'elle s'exprime.
- Quelle est la première mesure que vous soutiendriez si vous étiez élu ?
- On agirait en fonction de l'intérêt des travailleurs. Nous ne sommes pas opposés à une baisse du prix du transport. On pourrait aussi dénoncer les subventions à certaines entreprises. Le ronron des élections avec ses notables qui veulent garder leur place ne nous intéresse pas. Nous n'avons pas envie de faire croire qu'une fois élu nous changerions tout. Les dépenses de la Région sont aux trois-quarts obligatoires ce qui réduit sa marge de manoeuvre.
- Quels sont vos mots d'ordre ?
- C'est un programme de lutte. Pour nous, aucune élection ne changera le sort des travailleurs. Il y a 20 régions à gauche et ça n'a pas empêché les licenciements et les fermetures d'usines. Le changement viendra d'une explosion sociale. Nous demandons le partage du travail sans baisse de salaire, le contrôle des grands groupes industriels et l'interdiction des licenciements. Nous voulons populariser ces objectifs pour les mouvements sociaux à venir.
- Donnerez-vous des consignes de vote ?
- Le 2e tour n'a aucune importance. L'électorat populaire ne peut dire sa colère qu'au 1er tour. J'espère qu'elle sera la plus massive possible. Que l'Alsace passe à gauche ou reste à droite ne va rien changer pour les travailleurs. Cette colère s'exprimera vraiment avec LO : nous ne voulons pas noyer cette lutte dans un amalgame d'autres idées. Il ne faut pas se résigner à choisir entre un camp politicien et un autre.
Propos recueillis par Franck Buchy
Dernières Nouvelles D'alsace, Jeudi 04 Mars 2010. / Région