General Electric Belfort

Un coin du voile peut-il être levé ?

Brève
21/12/2022

Le 15 Décembre dernier, l’usine de General Electric de Belfort a fait l’objet d’une perquisition par la police. En effet, ces perquisitions ont été diligentées dans le cadre d'une enquête préliminaire pour blanchiment aggravé de fraude fiscale aggravée, suite à un soupçon d’évasion des profits vers la Suisse ou le Delaware.

C’est un secret de polichinelle, l’évasion fiscale est pratiquée par tous les grands groupes internationaux sous le nom plus vertueux d’optimisation fiscale.

On verra ce qui ressortira de l’enquête dans plusieurs mois ou années, si toutefois il en sort quelque chose.

C’est la règle du capitalisme de privilégier les possédants et les actionnaires. Tant que cette règle existera, rien ne changera.

manifestation Besançon

Régularisation de tous les sans-papiers !

Brève
19/12/2022


Rassemblement sur l'esplanade des Droits de l'Homme à Besançon

À l’occasion de la ­Journée internationale des migrants, près de 150 personnes ont manifesté à Besançon hier dimanche 18 décembre. Elles ont manifesté contre le projet de loi Immigration du ministre de l’Intérieur Darmanin qui doit être présenté à l’assemblé nationale en janvier.

Le gouvernement, sous prétexte de sécurité, organise la chasse aux migrants et à ceux qui les aident. Les manifestants ont dénoncé les mesures policières, le contrôle au faciès et le fichage des migrants et défendu la liberté de circulation et d’installation pour tous les migrants. Ils ont dénoncé les mises en cause de l’âge des réfugiés pour l’accueil dans le centre d’hébergement pour mineurs géré par le Conseil départemental. Ainsi deux adolescentes viennent de se retrouver à la rue car le Conseil départemental les suspecte d’avoir plus de 18 ans et dès lors, elles n’ont plus droit à une place.

Quelles que soient leur nationalité, leur origine ou leur couleur de peau, qu’ils viennent d’arriver ou qu’ils soient ici depuis longtemps, tous les travailleurs forment une seule classe ouvrière, une force qui, si elle ne se laisse pas diviser, est capable de renverser ce système d’exploitation de plus en plus pourrissant.

Boncourt

Non aux licenciements, en Suisse comme en France

Brève
15/12/2022

site TAB à Boncourt en Suisse

A Boncourt, à la frontière suisse, dans une ville proche de Delle (Territoire de Belfort) British American Tabacco ferme son usine

La fabrication de cigarettes est délocalisée dans d’autres sites européens plus rentables : l’annonce de BAT, British American Tabacco, s’est abattue jeudi 15 décembre sur Boncourt et en France, juste de l’autre côté de la frontière dans le Doubs et Territoire de Belfort.

C’était comme une menace dans l’air depuis fin octobre, c’est confirmé : la fermeture du site BAT de Boncourt aura lieu en 2023. Un coup dur pour les travailleurs Suisses et Français, ce sentiment est unanime de chaque côté de la frontière.

Dans cette ville de 1200 habitants, 220 salariés vont perdre leur emploi dont 118 frontaliers français.

Cette entreprise est née à Boncourt en 1814. Elle a été rachetée en 1996 au cigarettier Rothmans International pour être revendue 3 ans plus tard à British American Tabacco dont le siège se trouve à Londres. Le bénéfice de cette entreprise est de plus de 6 milliards de livres sterling.

En Suisse comme en France, les licenciements sont un scandale. Les emplois doivent passer avant les profits ! Les travailleurs ne sont pas responsables de cette crise, ils n’ont pas à payer les pots cassés de cette économie capitaliste complétement malade.

 

 

Dijon

Un décès dramatique au CHU

Brève
08/12/2022

A la suite du décès d’une patiente de 77 ans, une famille a porté plainte contre le CHU de Dijon. Publiquement, ce qui est apparu, c’est que la malade, entrée pour une fracture du fémur, serait morte de faim, à force de reports successifs de son opération. Cette information est choquante en soi, même si mourir de faim en quelques jours n’est guère pensable, a fortiori très entouré et surveillé comme on devrait l’être dans un hôpital.

Une enquête a été ouverte qui aujourd’hui encore est loin d’avoir abouti. Beaucoup de points restent à éclaircir, mais s’il y a réellement eu une telle négligence humaine, si la responsabilité de l’hôpital est effectivement en cause, c’est scandaleux. La façon même dont cette patiente, entrée via les Urgences, a d’abord été admise en chirurgie gynécologique avant de pouvoir être transférée en Traumatologie, le service dédié, qui n’avait pas de place pour l’accueillir à son arrivée, est caractéristique. En Traumatologie, son opération a été prévue puis reportée pendant 4 jours successifs, avant que son état se dégrade.

C’est ainsi que chaque jour, cette patiente a été laissée à jeun le matin en vue d’être opérée, jusqu’au soir où finalement, elle pouvait recevoir à manger (mais l’a-t-elle fait ?) car l’opération devait être reportée au lendemain, et ainsi de suite. C’est scandaleux et il n’y a aucune excuse à cela. Ou que ce soit, même dans un pays sous-équipé, même dans un hôpital de campagne en pleine guerre, même sans moyens aucun, la vocation des soignants – et elle existe bel et bien - est d’avoir toujours la préoccupation de la personne malade.

Même sans rien, un soignant assure au moins ce minimum vital, ne laisse pas ce genre de choses arriver, le travail est de toujours être soucieux de l’état du malade, c’est la base de tout. Quoi qu’il en soit cela reste extrêmement choquant.

Quelles que soient les conditions auxquelles les services de soins ont été réduits, rester une semaine hospitalisée sans même pouvoir être opéré, et pour finir mourir d’une simple fracture, au XXIème siècle dans un pays riche, cela ne doit pas arriver.

Dijon :

Un hôpital en plein démantèlement

Brève
08/12/2022

Ce drame a mis en lumière la situation catastrophique dans laquelle l’hôpital de Dijon vit actuellement, et qui est un scandale d’un autre type : il a été mis en coupe réglée et subit un démantèlement systématique.

Il manque tellement de personnels au bloc opératoire que bien souvent ils ne peuvent ouvrir qu’une seule salle pour les opérations urgentes, et des interventions jugées prioritaires, vitales, passent avant les fractures. Les chirurgiens n’arrivent plus à opérer. Certains transfèrent leurs malades dans les cliniques de l’agglomération, d’autres vont eux-mêmes les y opérer pour pouvoir disposer d’une salle et de personnel de bloc. On assiste à une déstructuration presque volontaire contre les personnels, leur organisation, les protocoles de soins même, qui étaient autant de barrière de sécurité protégeant les patients. C’est un travail de sape. Si les reports d’intervention arrivaient déjà dans le passé, aujourd’hui ils sont devenus la norme, et d’1 ou 2 jours on est passé à 6 ou 7. Ces reports successifs désorganisent complètement l’activité et la prise en charge des malades en est bouleversée : faut-il faire des anticoagulants à ces patients alités qui risquent des complications ? Ou les stopper pour pouvoir les opérer en sécurité ? Comment savoir, quand l’intervention est sans arrêt en suspens ? à quel moment doivent-ils être hydratés par perfusion ? Ce sont souvent des gens âgés qui ont fait une chute : comment prendre en charge leurs autres problèmes médicaux dans le temps trop long qui précède l’intervention ? Rien n’est normal dans ces situations, rien n’est organisé dans les services de chirurgie pour y faire face, et tout retombe sur les équipes soignantes, déstabilisées et souvent impuissantes. Bien sûr, cela n’est en rien une excuse, et ce drame n’aurait jamais dû arriver.

Mais cette désorganisation est le résultat de choix volontaires de la part des décideurs. C’est presque une solution pour faire passer leur politique de démantèlement des hôpitaux : commencer par s’attaquer à ce qui cadrait le fonctionnement de l’hôpital déjà dans la tête des soignants, à tout ce qui structurait et sécurisait l’activité, pour mieux « dégraisser le mammouth ». On a affaire à un démantèlement systématique des hôpitaux.

L’hôpital, ses gros budgets de fonctionnement, ses mille et un domaines d’activité, et même le caractère vital des besoins auxquels il répond, excitent tout un tas d’appétits. Visiblement il y a une nuée de sauterelles qui le visent, et mènent une politique délibérée pour transmettre le cœur du métier, les services les plus rentables, et faire en sorte que le flot des malades soit détourné vers l’extérieur, là où ils sauront en tirer profit. Chaque secteur démantibulé, découpé en confettis, est une occasion pour un labo de placer telle ou telle nouvelle technologie, pour un fournisseur de placer tel produit, de vendre tel service, pour une clinique privée de s’emparer de tel ou tel secteur particulièrement rentable.

Dans cette guerre pour dépecer ainsi les hôpitaux et en faire autant d’occasions de profit, démolir les équilibres antérieurs est une première étape indispensable. Ensuite, la finance peut glisser ses tentacules dans tous les interstices.

Le privé en embuscade

Ainsi par exemple à Dijon, toute la chirurgie est progressivement transférée vers le secteur privé. Déjà lors des premières vagues du covid en 2020, une partie de l’activité chirurgicale du CHU avait dû être faite à la clinique Bénigne Joly à Talant (en banlieue dijonnaise), car les personnels des blocs étaient réquisitionnés en renforts dans les réanimations covid. Les chirurgiens, eux, pouvaient continuer à opérer, mais n’avaient plus d’équipe pour préparer leur salle, endormir les malades et les surveiller durant l’intervention, préparer et leur tendre leurs instruments. La clinique de Talant, clinique mutualiste à but non lucratif, appartenant au Groupe VYV ( regroupement de différentes mutuelles dont la MGEN, Harmonie Mutuelle et d’autres) , avait des équipes et des salles d’opération disponibles, dans lesquelles les chirurgiens du CHU ont à l’époque assuré leurs opérations les plus urgentes, notamment en neurochirurgie et cancérologie.

Ce fonctionnement s’est pérennisé ensuite : en novembre 2020, ce sont des opérations programmées en chirurgie digestive, vasculaire, thoracique et gynécologiques, réalisées toujours par les chirurgiens du CHU, qui ont été déployées à la clinique de Talant. Ce déploiement a été l’occasion pour les 2 établissements d’annoncer le projet – depuis longtemps dans les tuyaux - de création d’un nouvel hôpital issu d’un partenariat public privé au sud de Dijon. En août 2022 ce projet de construction d’un hôpital tout neuf a été précisé : c’est un chantier de 60 millions qui est prévu, pour créer une nouvelle structure avec au moins une dizaine de blocs opératoires. Une partie serait financée avec l’argent du fameux Ségur, qui soi-disant devait servir aux soignants : 3 millions d’euros touchés par la clinique à ce titre, qui serviraient à l’achat du terrain, et 2 millions d’euros pour le CHU.

A l’heure actuelle, il serait question que les opérations programmées d’orthopédie - les poses de prothèses par exemple, ou les opérations du canal carpien, un certain nombre de chirurgies qui sont techniques, qui nécessitent peu de temps d’hospitalisation et sont donc éminemment rentables - soient entièrement et définitivement transférées vers le privé, en particulier vers la clinique de Valmy, qui appartient au groupe Ramsay Santé. Ce groupe Ramsay Santé est en train de mettre la main sur l’ensemble des cliniques de l’agglomération dijonnaise, y compris des fondations qui étaient à but non lucratif jusqu’ici.

En plus de l’activité chirurgicale, il se lance à l’heure actuelle dans la cancérologie, autre secteur profitable de l’activité de soins. Déstructurer les services de soins, les désorganiser, désorienter le personnel jusque dans ses protocoles, tout cela permet aux investisseurs avides de placements rentables de dépecer les hôpitaux et de tirer le meilleur parti du marché plein de promesses qu’est devenue la santé. Derrière l’effondrement apparent, on assiste en réalité à une véritable curée, et même si cela n’excuse en rien ce qui s’est passé, c’est criminel.