Brève

Urgences du CHU de Dijon

Une mort annoncée

Urgences du CHU de Dijon : Une mort annoncée
Une mort annoncée

Le dimanche 11 mars, une patiente est morte aux Urgences du CHU de Dijon. Elle a fait un arrêt cardiaque sur un brancard dans une des zones d’attente, ce qui a beaucoup choqué le personnel présent car cela n’arrive jamais.

Cela les a d’autant plus marqués que cela faisait 15 jours qu’ils tiraient la sonnette d’alarme auprès de la Direction et lui avaient signalé que la situation aux Urgences était de plus en plus tendue : des patients avaient attendu près de 15h avant même de voir un médecin ! Des personnes âgées restaient régulièrement sur des brancards pendant 48h avant d’avoir une place pour être hospitalisées, sans qu’on puisse les surveiller correctement, sans parler de faire leur toilette ou de leur donner à manger.

Il n’y avait pourtant pas d’épidémie particulière, seulement le manque de médecins généralistes, d’hôpitaux périphériques dont les fermetures se sont succédé ces derniers mois, et surtout, le manque de lits au CHU. Il avait d’ailleurs fallu transformer une salle d’attente pour patients assis en zone d’attente brancards, en plus de celle déjà existante. La Direction est donc d’autant plus coupable qu’elle avait été maintes fois avertie.

Après s’être réunis dès le jeudi soir précédent, l’ensemble du personnel s’était même rassemblé le vendredi 9 mars, à une cinquantaine, ASH, secrétaires, infirmières, ambulanciers, médecins et aides-soignantes, devant les bureaux de la Direction pour l’obliger à les recevoir et à les écouter, dénonçant une situation dangereuse, une prise en charge des patients inhumaine, et exigeant des solutions d’hospitalisation pour les malades et des renforts aux Urgences pour pouvoir les prendre en charge correctement.

Ils avaient obtenu le doublement de 3 chambres dans l’Unité d’Orientation Courte Durée, attenante aux Urgences, et des lits avaient été libérés dans les services pour accueillir les malades, parfois en surnombre par rapport à la capacité des services. Dans le week-end, malgré cela, la situation était toujours aussi tendue, et les Urgences engorgées. Les personnels ont paré au plus pressé : les agents d’accueil administratif ont décidé de revenir sur leurs congés et leurs repos afin de ne pas rester à un seul agent la nuit, et des lits ont été récupérés pour installer les malades dans des box d’examens transformés en chambres pour éviter de laisser les patients dans les couloirs.

Lors d’une nouvelle réunion le mardi 13 mars, à la suite de ce décès, il avait été décidé de déposer un préavis de grève, tous personnels confondus. La simple menace de ce préavis a contraint la Direction à annoncer qu’elle libérerait dorénavant 5 lits par Pôle du CHU, afin de désengorger les Urgences, à chaque fois que celles-ci seraient en tension. Mais ce ne sont pour l’instant que des promesses orales, et les médecins attendent de voir. Quant aux personnels non médicaux, ils refusent de continuer ainsi, sans les effectifs suffisants pour faire face.

Trop, c’est trop. Ce mardi soir 19 mars, l’équipe des Urgences dans son ensemble avait donc prévu de se réunir à nouveau pour décider tous ensemble de la suite à donner.

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