Dijon :

Un hôpital en plein démantèlement

Brève
08/12/2022

Ce drame a mis en lumière la situation catastrophique dans laquelle l’hôpital de Dijon vit actuellement, et qui est un scandale d’un autre type : il a été mis en coupe réglée et subit un démantèlement systématique.

Il manque tellement de personnels au bloc opératoire que bien souvent ils ne peuvent ouvrir qu’une seule salle pour les opérations urgentes, et des interventions jugées prioritaires, vitales, passent avant les fractures. Les chirurgiens n’arrivent plus à opérer. Certains transfèrent leurs malades dans les cliniques de l’agglomération, d’autres vont eux-mêmes les y opérer pour pouvoir disposer d’une salle et de personnel de bloc. On assiste à une déstructuration presque volontaire contre les personnels, leur organisation, les protocoles de soins même, qui étaient autant de barrière de sécurité protégeant les patients. C’est un travail de sape. Si les reports d’intervention arrivaient déjà dans le passé, aujourd’hui ils sont devenus la norme, et d’1 ou 2 jours on est passé à 6 ou 7. Ces reports successifs désorganisent complètement l’activité et la prise en charge des malades en est bouleversée : faut-il faire des anticoagulants à ces patients alités qui risquent des complications ? Ou les stopper pour pouvoir les opérer en sécurité ? Comment savoir, quand l’intervention est sans arrêt en suspens ? à quel moment doivent-ils être hydratés par perfusion ? Ce sont souvent des gens âgés qui ont fait une chute : comment prendre en charge leurs autres problèmes médicaux dans le temps trop long qui précède l’intervention ? Rien n’est normal dans ces situations, rien n’est organisé dans les services de chirurgie pour y faire face, et tout retombe sur les équipes soignantes, déstabilisées et souvent impuissantes. Bien sûr, cela n’est en rien une excuse, et ce drame n’aurait jamais dû arriver.

Mais cette désorganisation est le résultat de choix volontaires de la part des décideurs. C’est presque une solution pour faire passer leur politique de démantèlement des hôpitaux : commencer par s’attaquer à ce qui cadrait le fonctionnement de l’hôpital déjà dans la tête des soignants, à tout ce qui structurait et sécurisait l’activité, pour mieux « dégraisser le mammouth ». On a affaire à un démantèlement systématique des hôpitaux.

L’hôpital, ses gros budgets de fonctionnement, ses mille et un domaines d’activité, et même le caractère vital des besoins auxquels il répond, excitent tout un tas d’appétits. Visiblement il y a une nuée de sauterelles qui le visent, et mènent une politique délibérée pour transmettre le cœur du métier, les services les plus rentables, et faire en sorte que le flot des malades soit détourné vers l’extérieur, là où ils sauront en tirer profit. Chaque secteur démantibulé, découpé en confettis, est une occasion pour un labo de placer telle ou telle nouvelle technologie, pour un fournisseur de placer tel produit, de vendre tel service, pour une clinique privée de s’emparer de tel ou tel secteur particulièrement rentable.

Dans cette guerre pour dépecer ainsi les hôpitaux et en faire autant d’occasions de profit, démolir les équilibres antérieurs est une première étape indispensable. Ensuite, la finance peut glisser ses tentacules dans tous les interstices.

Le privé en embuscade

Ainsi par exemple à Dijon, toute la chirurgie est progressivement transférée vers le secteur privé. Déjà lors des premières vagues du covid en 2020, une partie de l’activité chirurgicale du CHU avait dû être faite à la clinique Bénigne Joly à Talant (en banlieue dijonnaise), car les personnels des blocs étaient réquisitionnés en renforts dans les réanimations covid. Les chirurgiens, eux, pouvaient continuer à opérer, mais n’avaient plus d’équipe pour préparer leur salle, endormir les malades et les surveiller durant l’intervention, préparer et leur tendre leurs instruments. La clinique de Talant, clinique mutualiste à but non lucratif, appartenant au Groupe VYV ( regroupement de différentes mutuelles dont la MGEN, Harmonie Mutuelle et d’autres) , avait des équipes et des salles d’opération disponibles, dans lesquelles les chirurgiens du CHU ont à l’époque assuré leurs opérations les plus urgentes, notamment en neurochirurgie et cancérologie.

Ce fonctionnement s’est pérennisé ensuite : en novembre 2020, ce sont des opérations programmées en chirurgie digestive, vasculaire, thoracique et gynécologiques, réalisées toujours par les chirurgiens du CHU, qui ont été déployées à la clinique de Talant. Ce déploiement a été l’occasion pour les 2 établissements d’annoncer le projet – depuis longtemps dans les tuyaux - de création d’un nouvel hôpital issu d’un partenariat public privé au sud de Dijon. En août 2022 ce projet de construction d’un hôpital tout neuf a été précisé : c’est un chantier de 60 millions qui est prévu, pour créer une nouvelle structure avec au moins une dizaine de blocs opératoires. Une partie serait financée avec l’argent du fameux Ségur, qui soi-disant devait servir aux soignants : 3 millions d’euros touchés par la clinique à ce titre, qui serviraient à l’achat du terrain, et 2 millions d’euros pour le CHU.

A l’heure actuelle, il serait question que les opérations programmées d’orthopédie - les poses de prothèses par exemple, ou les opérations du canal carpien, un certain nombre de chirurgies qui sont techniques, qui nécessitent peu de temps d’hospitalisation et sont donc éminemment rentables - soient entièrement et définitivement transférées vers le privé, en particulier vers la clinique de Valmy, qui appartient au groupe Ramsay Santé. Ce groupe Ramsay Santé est en train de mettre la main sur l’ensemble des cliniques de l’agglomération dijonnaise, y compris des fondations qui étaient à but non lucratif jusqu’ici.

En plus de l’activité chirurgicale, il se lance à l’heure actuelle dans la cancérologie, autre secteur profitable de l’activité de soins. Déstructurer les services de soins, les désorganiser, désorienter le personnel jusque dans ses protocoles, tout cela permet aux investisseurs avides de placements rentables de dépecer les hôpitaux et de tirer le meilleur parti du marché plein de promesses qu’est devenue la santé. Derrière l’effondrement apparent, on assiste en réalité à une véritable curée, et même si cela n’excuse en rien ce qui s’est passé, c’est criminel.

En Iran, au 27 novembre, 74ème jour de la révolte.

Brève
05/12/2022

Ce mouvement social qui a démarré le 26 septembre, est déjà exceptionnel par sa durée de deux mois et demi et aucun signe, pour autant qu’on puisse en juger d’ici et en étant complètement extérieurs, ne montre qu’il va s’arrêter. Il donne au contraire l’impression que la population, a décidé que cette fois, il fallait aller jusqu’au bout et que la lutte à mort contre le régime est engagée. La répression à grande échelle ne fait plus reculer mais au contraire provoquent de nouvelles manifestations, de nouveaux affrontements avec la police et avec quel courage et quelle détermination ! C’est ce dont témoignent de nombreuses pancartes disant : « C’est l’année du sacrifice, nous allons récupérer l’Iran ».

La peur change de camp ?

Maintenant, le grand jeu semble être, dans la rue, de faire sauter, d’un coup preste et en arrivant par derrière, le turban des mollahs ; bedonnants comme ils sont, ils ont bien du mal à courir derrière les jeunes… Une autre vidéo montre une femme dans le métro, s’en prenant violemment à un mollah qui la tançait sur sa tenue, sous les applaudissements de tout le monde. Autant de scènes qui montrent le pas qui a été franchi en trois mois… Et les mollahs de se plaindre : « des jeunes m’ont insulté, des jeunes m’ont agressé... » Mais comme le dit une Iranienne : avant, c’étaient les femmes qui avaient peur de sortir dehors, il est temps que ce soit eux…

Le mouvement est suffisamment fort pour que artistes, sportifs, gens connus se déclarent solidaires ; ainsi l’actrice la plus célèbre du pays a posté une vidéo où elle ôte son voile en prévenant que ce serait sans doute son dernier message, et de fait, elle a été arrêtée le lendemain. Et il y a bien sûr l’équipe de foot qui n’a pas chanté l’hymne national au Qatar.

Malgré la répression, on sent une allégresse à faire sauter les interdits qui pourrissent la vie des femmes, des jeunes et finalement de tout le monde comme on le voit quand des étudiants détruisent le mur qui sépare la cantine des filles de celle des garçons. Sous les applaudissements, on brûle les portraits du guide suprême, le 23 novembre, c’est un séminaire de mollahs qui est incendié, le 26 novembre, c’est la maison natale du guide suprême.

Des manifestations qui se transforment en affrontements avec les forces de répression

Il est impossible de compter les manifestations, il y en a partout dans toutes les villes, ensemble, ou à tour de rôle, mais quasiment tous les jours. Dans les grandes villes, comme à Téhéran, c’est par quartier. Par exemple, le 24 novembre, pas moins de treize quartiers de la périphérie de Téhéran sont descendus dans la rue, comme Moshirieh, un grand quartier populaire du sud de la ville. Les slogans sont essentiellement : « mort au dictateur », « à bas tout le système », « nous n’avons pas donné de morts pour des compromis et nous courber devant un assassin de guide », « à bas le gouvernement tueur d’enfants » car les milices ont tué au moins cinquante enfants… ou plus simplement : « ordures ! »

Les Bassidjis (milices dépendant des Gardiens de la Révolution ) foncent sur les manifestants, en isolent pour les tabasser à mort dans une rue isolée, essaient de leur rouler dessus, les pourchassent jusque dans les immeubles… et bien sûr en arrêtent par fourgons entiers. Il y aurait ainsi plus de 15000 détenus.

Mais les manifestants ripostent et se battent, même le dos au mur avec seulement des pierres mais parfois des cocktails Molotov. Ainsi dans une ville, ils ont attaqué une base de la milice du Bassidj, dans deux autres dont Téhéran, ils ont mis le feu à des bases des pasdaran, dans une troisième, c’est un poste de police qui a été attaqué ; chaque fois, c’est sous les encouragements de la foule.

Le cérémonies funéraires se transforment en manifestations monstres comme celle pour les 40 jours après la mort de Mahsa Amini, celle pour le tabassage à mort d’un jeune de 32 ans, celle pour l’assassinat d’un enfant de neuf ans, le 16 novembre… avec chaque fois le chantage des nervis aux parents de ne pas rendre le corps de leur enfant s’ils ne font pas une déclaration de mort « accidentelle »… Mais les parents insultent les milices…

Dans les régions les plus pauvres, particulièrement là où vivent les Kurdes et les Baloutches, c’est sans quartier, le gouvernement leur mène une véritable guerre avec blindés, mitrailleuses lourdes et tir à vue. Ce sont eux qui paient le prix le plus fort comme les chiffres le prouvent : sur les 400 morts (à mi-novembre), un quart sont des Baloutches. Le gouvernement depuis des décennies essaie de faire de ces populations des boucs émissaires . Mais cela ne marche pas du tout ; ainsi une grève a été organisée au Balouchistan en soutien au Kurdistan et des pancartes dans le reste du pays proclament : « Zahedar (capitale du Sistan-Balouchistan) et Sanandaj (capitale du Kurdistan) prunelles des yeux de l’Iran » et en moins poétique : « Ensemble, nous allons reprendre l’Iran ».

A ces manifestations, il faut ajouter celles des commerçants des bazars, notamment ceux de Téhéran mais aussi dans beaucoup d’autres villes, qui baissent régulièrement le rideau, en solidarité. Les étudiants, lycéens et collégiens, multiplient les actions… En réalité, tout le pays est en rébellion ouverte contre la dictature.

Les grèves

La 1ère semaine d’octobre, des grèves avaient éclaté dans le secteur du pétrole ; 4000 travailleurs y avaient participé.

Le 23 novembre, l’entreprise Crouze de Téhéran a fait grève, avec comme slogan : « le seuil de pauvreté est de 20 (millions) de tomans, notre salaire de six » ; une usine de construction automobile a également fait grève ainsi que la 11ème raffinerie de South Pars, le plus grand champ gazier du monde, représentant 8 % des réserves mondiales.

Le 27 novembre, c’était le tour des travailleurs et employés du complexe sidérurgique d’Ispahan, rejoints par ceux d’une usine de construction automobile et ceux d’une usine d’électroménager réclamant leurs 9 mois d’arriérés de salaire. Ils ont brûlé des pneus devant l’usine et mis des pancartes : « ouvriers, criez vos droits ». Les camionneurs se sont mis en grève dans dix villes.

Il en faut du courage pour se mettre en grève dans une situation où il faut deux emplois pour avoir une chance de survie. Et pour recommencer alors qu’ils sortent à peine de deux autres mouvements, en 2019 et en 2020 qui les ont laissés à bout de souffle. Deux explosions de colère contre les salaires non payés, les contrats précaires et des conditions de travail si inhumaines qu’un ouvrier, au moins, était mort d’épuisement ; les grèves avaient sérieusement fait peur au régime car elles concernaient principalement le secteur du pétrole et du gaz, la principale ressource du pays et les travailleurs avaient payé cher, en morts et arrestations la menace qu’ils représentaient.

Mais les grèves actuelles montrent qu’ils n’ont pas été écrasés et vus leur nombre et leurs poids dans l’économie, ils peuvent faire basculer la situation comme ceux de la génération précédente l’avaient fait en renversant la dictature du Shah.

NB : La répression est assez terrible ; en attaquant les Kurdes et d'autres minorités, le régime essaie de monter la population contre eux pour détourner sa colère. Mais cela ne règle pas le problème des grandes villes qui subissent elles aussi la répression.

Malbrough s’en va-t’en guerre, ne sait quand reviendra

Brève
25/11/2022

C’est la mobilisation générale depuis que l’ennemi a attaqué… déguisé en Covid. Entre la pandémie, la guerre en Ukraine, la crise économique, la crise climatique, les menaces de pénurie, on est sans cesse ballotés d’inquiétude en remises à niveaux, conseils en tout genre et rappels à l’ordre.

La guerre en Ukraine a été le nouveau prétexte pour justifier le rationnement de l’énergie et de l’essence. Nouveau, parce que le tour est vieux : cela fait bien 50 ans, depuis le premier choc pétrolier, qu’on nous annonce la fin du pétrole, l’épuisement des ressources fossiles, et le serrage de ceinture général « imposé par mère nature ». Puisque 50 ans plus tard, les mêmes capitalistes ont bien du mal à nous faire croire qu’il n’y en a plus tout en nous en vendant, ils ont trouvé un nouveau conte à nous chanter : il reste bien du pétrole mais, malheur, il est en Russie, et maintenant vraiment, c’est comme s’il n’y en avait plus !

Et un manège s’enclenche, celui de la mise au pas générale. Rationnement ! on fait la queue à la station essence, on baisse son chauffage, on surveille les prix. Garde à vous ! la guerre est en Europe. Saviez-vous que le gouvernement peut maintenant envoyer une alerte à tous les téléphones portables situés dans une même zone ? Ça s’appelle Fr-Alert, c’est pour la prévention des risques majeurs, on ne veut pas vous effrayer. D’ailleurs la jeunesse ne sait plus se tenir, ce qu’il nous faut monsieur, c’est le service militaire. Marche !

On nous avait déjà habitué à devoir rester chez soi, puis sortir, mais rentrer avant le couvre-feu, en suivant les flèches au sol et en portant un masque. À ne pas se rassembler. Aujourd’hui, on ne vit plus qu’avec les dernières nouvelles d’Ukraine en bruit de fond, celles des missiles qui se sont égarés, russes ou ukrainiens, impossible de savoir ; l’un est tombé sur un barrage, il a failli noyer une région, le deuxième est tombé sur une centrale nucléaire, il aurait pu la faire sauter, le troisième est tombé sur la Pologne, cible plus explosive encore, elle est membre de l’OTAN.

Et quand le présentateur change de thème, c’est pour parler du gouvernement qui, naturellement a les choses bien en main. C’est en lui qu’on devrait avoir confiance – au demeurant à qui serait-il venu l’idée de faire confiance à un Macron, à une Borne ? À la clique des Bolloré et des Dassault qui sont aujourd’hui les fauteurs de guerre, qui seront demain les profiteurs de guerre ? Trop tard, les événements s’enchaînent plus vite qu’on ne peut les suivre, et on n’aurait plus le choix que de s’en remettre à ceux qui savent, ceux qui décident. Parce qu’ils ont beau miser notre peau et pas la leur, ils ont leur place à la table de jeu.

Pour le moment, il vaut mieux en rire. Mais si tout ça se termine comme dans la chanson où l’on s’en va-t’en guerre sans savoir quand reviendra, il ne faut pas oublier que le pauvre Malbrough a fini mort et enterré.

FPT Bourbon-Lancy

Débrayages pour les salaires

Brève
25/11/2022

L’usine FPT (Fiat Powertrain Technologies) à Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire) est une des plus grosses entreprises de Bourgogne avec 1 200 salariés qui y fabriquent des moteurs pour les camions Iveco.

Lundi 14 novembre a démarré un mouvement de débrayages, initié par la CGT et Sud et rejoint par FO le mercredi, mais pas par le SNI, le syndicat patronal. 400 ouvriers sur les 1200 l’ont suivi. Les syndicats réclament une augmentation du salaire de base pour faire face à l’inflation. Ils demandent 250 € par mois pour les ouvriers et un peu moins pour les cadres, afin de réduire les écarts de salaires.

Pour l’instant, aucun accord n’a été trouvé et les débrayages, deux heures par poste, se poursuivent.

Iran

Le mouvement social de septembre-octobre

Introduction au débat lors de la fête régionale

Brève
31/10/2022

Ce texte est basé sur ce qu’a vu une sympathisante qui a assisté en partie aux événements. C’est en quelque sorte son témoignage.

Iran : le mouvement social de septembre-octobre

Ce qui se passe en Iran depuis un mois aura sans doute des répercussions dans tout le Moyen-Orient et un gros impact dans les milieux arabes, y compris immigrés. Car c’est un mouvement exceptionnel par sa durée - plus d’un mois – et dans un grand pays développé. L’Iran, avec près de 87 millions d’habitants est le pays le plus peuplé du Moyen-Orient et la 2ème puissance économique derrière la Turquie, notamment à cause du gaz et du pétrole, représentant respectivement les 2èmes et troisièmes plus grandes réserves du monde. C’est un pays avec une importante petite-bourgeoisie, notamment intellectuelle, regroupée dans de grandes villes comme Téhéran avec ses 15 millions d’habitants et une classe ouvrière nombreuse, constituant plus de 30 % de la population, et travaillant dans de grands centres industriels, gazier et pétrolier. Le mouvement a démarré suite à l’assassinat, par la police des mœurs, à Téhéran, de Mahsa Amini, une Kurde de 22 ans, le 16 septembre. Elle avait été arrêtée trois jours plut tôt à cause de son voile d’où dépassaient des mèches de cheveux et est décédée à l’hôpital. Ce n’était pas la 1ère fois que la police des mœurs assassinait. Combien de fois, des jeunes ont-ils été arrêtés et ont-ils disparu, les familles, complètement désespérées courant partout pour savoir où ils sont ? Jusqu’à ce que la police leur ramène le cadavre de leur enfant… Mais cette fois-ci, ce n’est pas passé et malgré la répression, le mouvement continue depuis plus d’un mois. Il s’agit d’un vrai mouvement social contre la misère et contre l’État islamique.

Une situation explosive

Pour beaucoup d’Iraniens, il était évident, depuis la fin de la pandémie de Covid qu’il y aurait une explosion sociale. Ce n’est pas étonnant : la population est tombée dans une misère noire. Il faut toujours se battre pour tout, pour trouver certains produits de première nécessité comme des médicaments, introuvables en Iran. La pauvreté a tellement explosé que c’est un combat pour gagner sa vie, pouvoir acheter de quoi manger. Les enfants qui vendent des cigarettes, des fruits ou des mouchoirs à la sauvette se sont multipliés dans les grandes villes ; les hommes cumulent deux ou trois emplois ; de nombreuses femmes après le travail s’installent dans la rue avec des petits étalages pour fabriquer et vendre des bijoux et des babioles pour s’en sortir, et au supermarché, tout le monde compte, certaines mères de famille achètent les raisins, grain par grain pour leurs enfants.

L’inflation rend la vie quotidienne insupportable. En 2019, les prix avaient déjà augmenté de 22,5 % ; quand le carburant a augmenté de 50 %, des manifestations ont secoué 50 villes que le régime a brisé en faisant assassiner 300 personnes. En 2020, les denrées alimentaires ont bondi de 47 %. La viande était hors de portée depuis longtemps. Il restait les œufs pour la remplacer ; leur prix a brutalement été augmenté de 50 % en une journée, provoquant la « révolte des œufs ». Contre l’inflation, le chômage, la misère, 4122 arrêts de travail, grèves, sit-in, protestations diverses auraient eu lieu en 2021. C’est un record en 40 ans de république islamique. Au printemps dernier, les instituteurs ont fait grève plusieurs mois. En mai, à Abadan, suite à l’effondrement d’un immeuble appartenant à un proche du pouvoir qui avait rajouté des étages aux six autorisés, provoquant ainsi la mort de 33 personnes, plusieurs jours de manifestations secouent la ville aux cris de : «« dictateurs ! Gardiens de la révolution, pour nous, vous êtes des membres de Daech ».

En août, plus de 100 000 ouvriers de la pétrochimie ont participé à des arrêts de travail. Dans le mouvement actuel, l’assassinat de Mahsa Amini a été le déclencheur d’un mouvement social profond contre la dictature des mollah mais aussi contre la misère. Une flambée de colère qui se propage rapidement Aussitôt le décès connu, une manifestation a lieu dans sa ville natale, Saqquez, au Kurdistan iranien, le samedi 17 et dans la capitale de la province, le dimanche 18. Le lundi, c‘est à Téhéran, Kurdes et Iraniens se retrouvent ensemble ; des étudiants de l’université se mobilisent. Ainsi c’est à partir du moment où le mouvement déborde le Kurdistan iranien, touche la capitale qu’il démarre réellement, dépassant le problème des discriminations envers les Kurdes. Cela va ensuite très vite. Le mardi et mercredi, le mouvement s’étend à d’autres villes, une quarantaine au total, touchant toutes les régions, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest. Des villes réputées réactionnaires comme Ispahan et Qom, ville natale du guide suprême et affublée de l’étiquette de « ville sainte » sont touchées, ce qui est considéré comme de beaux succès et un encouragement. Signe que le mouvement est considéré comme sérieux et par conséquent inquiétant, des proches du pouvoir, pour la 1ère fois de leur vie osent se désolidariser du gouvernement et émettent l’hypothèse que peut-être, la loi sur le voile serait « contre-productive » ! A cette date du jeudi 20 septembre, la police a déjà tué plus de 40 personnes.

Pour pouvoir réprimer à huis clos, le pouvoir coupe l’accès à internet pour éviter la circulation des vidéos par Facebook, WhatsApp etc, dans tout le pays. Ce qui désorganise les administrations, posent d’innombrables problèmes à qui a besoin d’un document ou du moindre papier officiel. Mais le mouvement continue ; en un mois, 150 villes auraient connu des manifestations ; les 31 régions du pays ont été touchées. Elles ont lieu le soir. Des jeunes réussissent à arracher les bombes lacrymogènes aux policiers pour les en asperger, des voitures de police, et des commissariats sont brûlés. Et surtout, ce qui est le plus applaudi, ce sont les femmes qui arrachent leur voile, le mettent au bout d’une pique et le brûlent ou en font des autodafé. Plus d’un millier de vidéos circulent de femmes ôtant leur voile, tête nue et se coupant les cheveux. Les slogans sont « femme, vie, liberté », un slogan parti du Kurdistan et ensuite repris partout en Iran ; « Ni voile, ni turban, vive la liberté » mais aussi, dès les 1ères manifestations, des slogans contre l’État : « mort à L’État islamique », « mort au dictateur », « mort à Khamenei (guide suprême) ». Bien avant l’heure de la manifestation, tôt dans l’après-midi, de grands fourgons de police avec vitres fumées pour qu’on ne voit pas le tabassage des manifestants sont installées. Autour, il y a des très jeunes, très bien équipés de boucliers et de matraques qui ne sont pas la police officielle, sans doute des chômeurs que la police a réussi à prendre et utilisent comme forces supplétives. Il semblerait qu’elle fasse la même chose avec des réfugiés afghans qui obtiennent ainsi miraculeusement des papiers alors que pour la population, c’est un vrai parcours du combattant. La police oblige les commerçants à baisser rideau sous peine de leur casser leur vitrine. 

Un mouvement qui dure et touche toute la population

La 1ère semaine d’octobre, des grèves éclatent dans des usines de la province de Bouchehr, au sud du pays. C’est la 1ère région économique du pays, là où sont extraits, transformés et acheminés pétrole et gaz et où sont concentrés, le long du golfe persique, d’immenses complexes pétro-chimiques et gaziers. Asalouyeh se trouve près du plus grand champ gazier du monde ; 60 000 ouvriers y ont bâti des dizaines de raffineries et des infrastructures faisant de cette zone la plus vaste du monde. 4000 ouvriers ont participé à la grève ; des vidéos les montrent brûlant des pneus devant l’usine. L’autoroute a été coupée, un poste de vigiles a été incendié. D’autres grèves éclatent à Abadan, Kengan, autres villes portuaires et à Bouchehr, capitale de la province du même nom et 3ème ville d’Iran. Des pancartes : « liberté, pain, travail » sont vues ainsi que : Vive l’Iran ! Vive les Turcs, les Kurdes, les Arabes, les Lors et les Bakhtiari (deux minorités ethniques d’Iran), ce qui va directement à l’encontre du pouvoir qui a pour politique de cibler les minorités pour diviser. Ces grèves ouvrières font dire au journal Les Echos, le 12 octobre, que la révolte a franchi un nouveau palier. Effectivement, l’intervention de la classe ouvrière peut complètement changer la donne comme cela s’est passé en 1979, pour faire chuter le régime du Shah. Les étudiants de toutes les Universités du pays participent, à commencer par celle de Téhéran. Un exemple : le président Raïssi qui avait tenté une sortie officielle dans une fac de filles, réputée sage et apolitique, a dû rebrousser chemin devant leurs doigts d’honneur et sous les cris de « Raïssi, casse-toi ». De proche en proche, le mouvement a gagné les lycées et même les collèges. Des filles se sont filmées, déchirant les photos de Khomeiny de leurs livres de classe ou scandant des slogans, tête dénudée, dans leur cour. Des vidéos montrent des parents défendant leurs enfants contre la police. Des catégories petites bourgeoises se joignent au mouvement : les avocats, par exemple, ont manifesté à Téhéran et ont été réprimés à coups de gaz lacrymogène, le 13 octobre. Des commerçants se seraient mis en grève à Saqqez, la ville natale de Mahsa Amini ainsi qu’à Mahabad dans le Nord. Des « grèves générales » ont lieu dans des villes du Kurdistan, Saqqez, Sanadaj, Divandarreh ainsi qu’à Mahabad dans la province d’Azerbaïdjan occidental. Les commerçants du bazar de Téhéran comme ceux de Shiraz et du Kurdistan se déclarent solidaires du mouvement. A Téhéran et à Naziabad, des policiers ont été vus se joindre aux manifestants ; quant aux bassidjis, des miliciens dépendant des « gardiens de la révolution » qui sont en province, y ont toujours vécu et y ont fait leur carrière, ils ne seraient pas du tout fiables car bien connus de la population… C’est sans doute le signe que ces catégories, qui ont été les piliers du régime qui leur fournissait emploi et position sociale voient le mouvement d’un bon œil car eux-mêmes viennent des classes populaires pauvres.

… Malgré la répression

Le gouvernement fait ce qu’il a toujours fait quand il se retrouve face à une explosion sociale : il réprime le plus férocement possible. Dans les régions les pauvres, souvent celles qui concentrent des minorités comme les Kurdes ou les Baloutches, là, pas de quartier ce sont les tirs à vue, la brutalité la plus crue, les assassinats sans fard et sans hésitation. Au Kurdistan, il envoyé des chars mardi 13 octobre. Les bases des organisations kurdes, réfugiées en Irak, de l’autre côté de la frontière, ont été bombardées. Au Sistan-et-Baloutchistan, la province la plus désolée d’Iran où vivent beaucoup de Baloutches, victimes depuis des lustres du racisme et des discriminations, et notamment dans la ville portuaire de Chabahar, la police a tué au moins cinquante personnes, au cours d’une émeute provoquée par le viol puis l’assassinat d’une adolescente de 15 ans dont le chef de la police locale est accusé. Au 20 octobre, le nombre de morts, sans doute sous-estimé car basé sur ce que les ONG peuvent recueillir comme informations, atteindrait 250 personnes dont une vingtaine d’enfants. Avec, paraît-il cette fois-ci, une sorte de valse-hésitation du pouvoir qui craint que trop de morts ne fasse basculer toute la population dans la révolte. Mais les prisons sont bondées ; les tabassages et les tortures sont la règle. Des adolescents et des enfants sont arrêtés en masse. Le 15 octobre, un incendie a éclaté dans la prison de Téhéran où sont regroupés les opposants sans qu’on en sache les tenants et aboutissants. Mais aussitôt des manifestants s’y sont précipités, accusant le gouvernement. Des émeutes ont éclaté dans d’autres prisons. Pour tenter de se protéger, à Téhéran, depuis fin septembre, les gens manifestent en klaxonnant depuis leur voiture plutôt qu’à pied. D’autres régions reprennent cette façon de faire, ce qui n’a pas empêché la police de tuer un manifestant directement dans sa voiture et les policiers d’arracher les plaques d’immatriculation pour retrouver les propriétaires. Est-ce que cela signifie que le mouvement est sur sa pente descendante ? C’est difficile à dire d’autant plus que les manifestations continuent et que le samedi 15 octobre, elles auraient été les plus importantes depuis le début, touchant y compris des quartiers populaires. Sans compter que des Iraniens s’en donnent à cœur joie pour trouver mille et un moyens : teindre les fontaines en rouge-sang, pirater une émission du guide suprême et même accrocher une banderole sur le viaduc de l’autoroute Modares qui traverse le centre de Téhéran, proclamant « Nous n’avons plus peur. Nous allons nous battre ».

Qui organise ?

Apparemment personne dans la mesure où toute opposition, politique, syndicale, voire associative est interdite. Mais visiblement les Iraniens ont trouvé leurs canaux, leurs moyens, avec ou sans internet et malgré la répression, ne veulent pas lâcher. On ne peut pas savoir jusqu’où ira ce mouvement mais en 1979, la population a réussi à faire tomber le Shah, et mettre fin à une dictature qui n’avait pas moins de moyens que les mollahs aujourd’hui. Un régime déconsidéré et haï Raïssi, le président actuel, est arrivé au pouvoir en 2021, juste après la pandémie, dans une situation où la misère explosait. C’est un ultra-conservateur, connu sous le nom de « boucher de Téhéran » pour avoir fait exécuter 30 000 opposants politiques après l’instauration de la république islamique, il est aussi réputé avoir été le maire de Téhéran le plus corrompu que la ville ait connu. Sa politique face à l’inflation le chômage et la misère que l’Iran connaissait a été de chercher à détourner la colère sur des boucs émissaires, une politique bien connue… Ce sont les femmes qui ont été ciblées avec un retour musclé de tous les règlements moyenâgeux que le pouvoir avait inventé. Au travail, elles étaient poussées vers la sortie ou mises en retraite. Dès sa prise de fonction, « à titre préventif » comme il a dit, il a donné pleins pouvoirs à la police des mœurs, autant dire un permis de tuer. Les rondes de la police des mœurs ont été multipliées, notamment sur les grands boulevards et devant les centres commerciaux. Il était même question de leur interdire les transports en commun si elles étaient « mal voilées » et d’augmenter le nombre de caméras pour vérifier si elles n’étaient pas « trop maquillées ». Peine perdue. C’est comme si la peur avait reculé ; l’ambiance avait changé par rapport aux années 2020, pendant et après la pandémie. Depuis un certain temps, on pouvait voir à Téhéran des filles, circulant en scooter, cheveux au vent ; les femmes rusaient : voile quasi transparent, voile qu’elles pouvaient ôter et remettre facilement, en cas de danger, ce qu’elles appellent des « décapotables », application sur le smartphone localisant les voitures de la police des mœurs… Dans les taxis, moyen de transport bien moins cher et bien plus utilisé dans les villes iraniennes qu’en France, les chauffeurs critiquaient ouvertement le régime devant leurs clients, sans crainte d’être dénoncés… Et absolument plus personne ne regarde la TV officielle, chacun cherchant des informations sur le câble. Cette attitude hostile de la population est concrétisée par les chiffres d’un sondage de juin dernier, réalisé à la demande du gouvernement mais dont les résultats ont fuité : seulement 13 % des sondés déclarent être pour le gouvernement, ce qui compte tenu du nombre important de forces policières, armées, forces de l’ordre en civil ne doit représenter qu’elles-mêmes, leurs familles et ceux qui en dépendent à un titre à un autre. Pire encore pour le pouvoir : 50 % des sondés déclaraient qu’il fallait le renverser.

C’est comme si le gouvernement avait déjà perdu toute légitimité et que le régime n’avait plus cette base sociale acquise pour avoir pris la tête du mouvement contre la dictature du Shah, en 1979 ; ce soutien populaire lui a permis de tenir 40 ans, y compris malgré la terrible guerre contre l’Irak pour la suprématie dans le golfe persique, de 1980 à 1988, qui a fait 1,2 million de morts et a laissé les deux pays exsangues. Mais le mouvement actuel, tout en étant moins massif qu’à l’époque semble montrer qu’il est en train de le perdre.

L’impérialisme, premier responsable de l’asphyxie économique du pays et de la crise économique et sociale.

Depuis l’instauration du régime islamique, le pays est pris à la gorge par les sanctions économiques des pays impérialistes, sous l’égide des USA. Pour les États-Unis, le renversement du régime était la perte d’un bastion de l’ordre impérialiste, une remise en cause de son pouvoir dans toute cette région du monde qu’il ne pouvait accepter. Depuis 40 ans, les USA se battent pour le faire plier. Dans un premier temps, sous prétexte de la prise d’otages à l’ambassade américaine,tous les avoirs iraniens dans les banques US ont été gelés. En 1984-85, ils interdisent à leurs banques, tout prêt à l’Iran. En 1995, ils mettent un embargo sur le pétrole iranien et ensuite sur tout son commerce. En réalité, ces sanctions sont appliquées avec beaucoup moins de méticulosité et de sévérité aux entreprises américaines qu’aux entreprises européennes ; en clair, elles visent à les éliminer d’Iran, tout en permettant à terme aux USA de se réserver certains marchés. Un exemple concret : Azoulayeh est une zone économique spéciale, un des plus grands sites industriels du monde avec 28 raffineries, terminaux gaziers, 25 usines chimiques ; les infrastructures ont été construites par des entreprises comme Agip, Gazprom, Total… Un marché gigantesque dont les USA sont exclus. Grâce aux sanctions, les USA pourront s’y installer par le biais de sous-traitants. Les entreprises européennes évidemment vont rechigner à quitter ce marché iranien. Les USA répliquent en leur appliquant des amendes. Elles vont ainsi payer plus de 40 milliards de $ pour avoir continuer à commercer avec l’Iran, Total par exemple va en payer 300 millions, après négociation « à l’amiable » et BNP Paribas 9 milliards. Sous la pression américaine, en 2010, l’Union européenne se résout à interdire toute importation de pétrole iranien.

Les sanctions et interdictions se suivent, interdiction de prêter à l’Iran, interdiction de vendre à l’Iran, interdiction d’acheter à l’Iran… la liste est longue… Pour les couches populaires, c’est la catastrophe. Par exemple, en 2012, l’inflation bondit à 40 % ; des banques font faillite, des milliers de titulaires de compte ont perdu leur épargne, sans qu’aucune compensation ne leur ait été versée. Les pièces détachées pour les réparations des machines, des infrastructures manquent, des usines ferment... En 2016, les sanctions sont allégées pour le pétrole, les banques et l’armement. Les exportations de pétrole repartent à la hausse, les devises rentrent, mais c’est sans aucun effet pour la population. Les sanctions sont rétablies en 2018 et même durcies. Elles visent à étouffer l’économie iranienne en bloquant ses échanges avec le reste du monde. La mesure phare en est l’interdiction de commercer avec les USA pour toute entreprise qui commercerait avec l’Iran.

Quand arrive la pandémie, l’Iran demande un allègement des sanctions afin de se fournir en matériel et médicaments, ce que les USA refusent. C’est ainsi qu’un trust pharmaceutique comme l’allemand Bayer est éliminé du marché iranien. Pour desserrer le garrot des sanctions, le pouvoir cherche à s’allier à l’Inde, à la Chine et surtout à la Russie. L’apparition des drones iraniens dans le conflit en Ukraine en est un des aspects. Les États-Unis promettent de nouvelles sanctions, ce que l’Union européenne vient d’acter, sous le prétexte des violences faites aux femmes. C’est dans ce cadre que Biden s’est mis, tout à coup, à défendre les « courageuses femmes iraniennes » du haut de la tribune de l’ONU. Une intervention très mal prise par la population iranienne qui sait à quoi s’en tenir concernant tout ce qui vient de l’impérialisme américain après 40 ans de sanctions. En réalité, tout cela est le résultat de la guerre économique que l’impérialisme, États-Unis en tête et pays riches européens à leur suite, mènent contre les pays qui d’une façon ou d’une autre ne sont pas complètement passés sous sa coupe ; ils le font avec la peau des populations qui en paient encore et toujours le prix fort, comme on le voit en Iran. Et le soutien affiché de ces pays impérialistes aux Iraniennes, suivi en cela par les médias, ne doit pas faire oublier que jamais, ils ne soutiendront la classe ouvrière si elle se décide à intervenir. Au contraire, ils se retrouveront toujours du côté des tortionnaires et massacreurs au pouvoir en Iran, les soutiendront, voire les remplaceront s’ils n’y arrivent pas. Ils l’ont toujours fait dans le passé et le referont. Ils savent qu’elle représente un danger mortel pour eux car elle est la seule force sociale, avec l’appui de toute la population à avoir les moyens à la fois d’abattre ses propres ennemis à l’intérieur du pays mais aussi de s’en prendre aux impérialistes.