Le gouvernement a décidé de déconfiner le 11 mai. Ce jour-là, des millions de travailleurs retourneront au travail. Et comme le gouvernement a aussi annoncé la réouverture des écoles, des millions d’enfants retourneront dans leurs classes. Les hôpitaux auront sûrement été désengorgés mais le virus sera toujours là. Et selon la communauté scientifique, une deuxième vague de l’épidémie est à craindre. Mais face au risque sanitaire, les problèmes du patronat et ceux des travailleurs ne seront pas du tout les mêmes.
La reprise mais à quel prix ?
Le patronat dit que, dans les entreprises, le travail va être adapté pour respecter les gestes barrière. Mais il est certain qu’on ne pourra pas lui faire confiance. D’abord, personne ne peut croire que toutes les entreprises fonctionneront comme avant, en sortant la même production qu’avant, tout en respectant les critères sanitaires nécessaires. Et puis, s’il y avait sûrement des mesures protectrices prises au début, le naturel patronal reviendrait au galop : la nécessité de produire au moindre coût fera qu’une bonne partie de ces mesures passeront à la trappe.
Quant au gouvernement, il ment comme un arracheur de dents depuis le début de l’épidémie. Il l’a fait sur les stocks de masques, sur le nombre de personnes dépistées ou encore sur le nombre de morts dans les EHPAD. Et s’il a bien une chose dont il a fait la preuve, c’est qu’on ne pouvait pas lui faire confiance.
Leurs intérêts et les nôtres
Le déconfinement va donc s’imposer. Mais il n’y a pas de raison que les travailleurs l’abordent en victimes soumises. Leurs préoccupations ne sont pas celles du patronat. Ils voudront avant tout prendre garde à leur santé et à celle de leurs proches, par exemple, en prenant garde à comment le virus pourrait se propager dans les ateliers ou les vestiaires d’une entreprise. Ceux qui ont des enfants seront soucieux de comment on se protège de la contamination dans les écoles. Et pour tous ces problèmes, rien ne vaudra une organisation collective des travailleurs concernés pour contrôler ce qui se passe dans un atelier, dans un service ou même dans un quartier où il y a une école.
Il n’y aura pas de solution satisfaisante pour régler ces problèmes sanitaires car pour cela il faudrait que la société soit profondément différente et profondément organisée sur une base collective, c’est-à-dire débarrassée du capitalisme. Mais il n’empêche que les travailleurs devront être vigilants car personne ne le sera à leur place.