Equipementier pour l'aéronautique et l'automobile, connue pour fabriquer des moteurs de F1 pour Renault, des pièces de missiles nucléaires ou des éléments de l'Airbus A 380, Mecachrome est au bord de la cessation de paiement. Il manque paraît-il 50 millions d'euros à cette entreprise que la presse présentait il y a peu comme l'un des fleurons de l'industrie régionale pour qu'elle puisse boucler sa fin de mois. En dépit d'un carnet de commandes rempli pour trois ans, Mécachrome menace de mettre au chômage les 1600 salariés de ses quatre usines françaises.
Il est difficile de savoir dans ce système fou et opaque quelle part de ces difficultés revient à la raréfaction du crédit, et quelle part à la volonté des patrons de Mécachrome de capter des aides publiques en criant à la catastrophe.
Ce qui est sûr, c'est que tout ce que le secteur compte de notables politiques a volé au chevet de l'entreprise, réclamant que le fonds gouvernemental dont Sarkozy vient de dévoiler le montant lors de sa visite en Loir-et-Cher bénéficie à Mécachrome. Fromion, député-maire UMP d'Aubigny-sur-Nère, dans le Cher, où est implantée une usine, Novelli, secrétaire d'État au commerce et aux PME et député d'Indre-et-Loire où s'en situe une autre, et le 1er ministre Fillon lui-même, élu de la Sarthe où sont implantées deux entreprises Mécachrome : tout ce beau monde a paraît-il "pris les choses en main".
Cette entreprise qu'on nous présente comme une PME est en fait un groupe qui possède onze usines dans le monde : en France, en Suisse, à Tanger et au Canada. Et dans le domaine de l'appel aux fonds publics, elle a un incontestable savoir-faire ! De la commercialisation au travers d'un "transfert de technologie" d'un brevet mis au point par le CEA aux multiples aides et subventions obtenues des conseils régionaux du Centre et des Pays-de-Loire, des conseils généraux du Cher, d'Indre-et-Loire, et de la Sarthe, de l'État par l'intermédiaire de l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie) et même, au nom de la création d'emplois, du Fonds de Solidarité de la Fédération des Travailleurs du Québec, Mecachrome a une longue expérience en la matière.
Quant aux profits accumulés au fil des années par des patrons qui n'ont jamais toléré la moindre contestation, personne n'en parle. C'est pourtant là qu'il faudrait aller chercher de quoi maintenir l'emploi des centaines de travailleurs aujourd'hui menacés.