L'Est républicain-ouverture Besançon : « On est sans concessions »

Nicole Friess : « Tous les partis ont fait des politiques d'austérité. » Photo Nicolas BARREAU
Nicole Friess conduit comme lors du scrutin de 2008, la liste de Lutte ouvrière.
Vous êtes une fois de plus candidate à cette élection. Faites-vous campagne, comme toujours, sur vos mots d'ordre nationaux ?
Oui, c'est ça car la situation n'a pas changé et que nous pensons que c'est dans les rues qu'il faudra changer les choses. Prenez tous les partis politiques, PS, PCF, UMP, la droite en général, tous ont fait ou cautionné des politiques d'austérité. Le blocage des salaires existe depuis 1981. Et le Front national, il fera comme les autres sauf que lui, ça sera encore pire pour les travailleurs, il les trompe car il fera la même politique de soumission à la finance, mais en plus autoritaire. Quant à Mélenchon, il parle fort mais sans les troupes du parti communiste, le parti de gauche n'est rien.
Mais là, on est dans un scrutin avec des candidats qui présentent des programmes locaux.
Les candidats locaux ne veulent surtout pas d'amalgame avec les partis politiques et font tout pour s'en éloigner
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Que représente votre liste dans un scrutin municipal ?
On est une liste sans concession, autonome et qui ne fera aucune alliance. Il manque un parti à la classe ouvrière qui reste à faire avec les gens.
Que proposez-vous dans cette campagne ?
Nous proposons un programme de lutte, nous appelons les travailleurs à aller dans les rues pour faire entendre leur camp. Nous espérons même que les petits commerçants, les artisans ruinés, toute cette petite bourgeoisie qui ne se bat pas se joindront au camp des travailleurs.
L'un des thèmes revenant souvent dans la campagne est la sécurité, la tranquillité cela vous parle-t-il ?
La plus grande insécurité n'est pas celle qui fait les gros titres, c'est celle que les travailleurs connaissent et subissent dans les entreprises. Les plus grands voleurs et bandits, ce sont les capitalistes qui touchent des milliards sur le dos des travailleurs. On vit dans la plus grande période d'insécurité. Il faut le dire et le faire entendre aux responsables de ce gouvernement qui se couche devant le patronat. Quand on licencie les travailleurs, c'est l'insécurité la plus grave. Bien sûr que je n'ai pas envie de me faire piquer mon porte-monnaie, mais j'aime encore moins la politique menée par les grands groupes capitalistes
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Vous vous présentez en tant que révolutionnaires, cela peut-il trouver un écho dans le scrutin municipal ?
Nous sommes pour l'interdiction des licenciements, pour la levée du secret bancaire sur les grands groupes industriels, ce n'est pas une utopie. Et cela parle surtout quand on est viré à 50 ans de son entreprise, que fait-on alors ? On attend d'avoir 62 ans pour toucher une retraite misérable. Le gouvernement vient de bloquer les complémentaires. Une fois de plus, il fait des économies sur le dos des plus pauvres. Et comme d'habitude, c'est pas les milliardaires ni les gros qui sont touchés. La gauche a menti en 1981 et recommence aujourd'hui. Il faut que les travailleurs descendent dans la rue.
Autre thème de cette campagne, la fiscalité, quel est votre point de vue ?
La taxe professionnelle a été supprimée. Cela a mis sur la paille des communes qui ne peuvent plus lancer de projets. Dans quarante-cinq communes de France on n'a pas trouvé de candidat à la mairie, c'est parce qu'on n'y arrive plus. A Besançon, les cordons de la bourse sont de plus en plus serrés. Il y a des éducateurs, des assistantes sociales en moins, un fonctionnaire sur deux n'est pas remplacé. Les communes ne peuvent plus lancer de grands projets
Que préconisez-vous plus particulièrement ?
Il faut démolir des tours et construire des logements décents pour les gens. Il faut créer des postes d'enseignants. Il ne faut plus de classes de trente élèves, la culture, ça commence là dans de bonnes conditions. Les jeunes ont le sentiment de ne pas avoir d'avenir et ils rejettent la politique Il faut 1.700 euros nets pour le SMIC. Le temps partiel et les salaires de misère dans les grandes surfaces, c'est indigne. Beaucoup de petits commerces ferment en ville, tout est trop cher. Chacun cherche à garder son travail quand il a en a un, il n'y a plus de CDI mais que des CDD.
On est dans une économie mondialisée, croyez-vous vraiment que ce système va s'effondrer comme vous le dites et l'espérez ?
Aujourd'hui, 85 familles sur la planète possèdent tout. Lénine appelait ça le stade suprême du capitalisme. Ce système marche sur tous le monde, les grands groupes industriels n'embauchent plus, ils font de la finance. Gattaz et le pacte de responsabilité avec Hollande, c'est du foutage de gueule. Les grands patrons gèrent l'argent, tous les autres travaillent
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Comment faites-vous pour répéter depuis 30 ans votre appel à cette révolution qui n'arrive pas ?
Il y a un équilibre précaire du capitalisme qui s'effondrera un jour. On peut inverser le cours des choses si la population le veut. On reste révolutionnaire alors que beaucoup renoncent. C'est vivre dignement que de combattre cette société. Il a fallu des siècles pour arriver à la Révolution française. Mêle si on est mort avant de voir les bases d'une autre société, on n'aura pas vécu pour rien.
Propos recueillis par Yves ANDRIKIAN
© L'Est Républicain, Dimanche le 16 Mars 2014 / Besançon / Besançon
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