Colmar/Neuf-Brisach Législative partielle Une tribune pour Gilles Schaffar 05/09/20202020Presse/medias/articlepresse/images/2020/09/1.0.3148048778.jpg.420x236_q85_box-0%2C82%2C400%2C307_crop_detail.jpg

Article de presse

DNA-L'Alsace-

Colmar/Neuf-Brisach Législative partielle Une tribune pour Gilles Schaffar

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Gilles Schaffar, 41 ans, espère une révolution et, à défaut, une bonne participation au scrutin.

Gilles Schaffar, 41 ans, espère une révolution et, à défaut, une bonne participation au scrutin.

Gilles Schaffar, qui participe à sa troisième élection sous l'étiquette Lutte Ouvrière, doit être le seul candidat à ne pas vouloir faire carrière dans la politique.

Une seule chose compte à ses yeux : « Faire entendre la voix des communistes ». Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Législatives 2012 : Gilles Schaffar remporte 0,45 % des voix. Législatives 2017 : 0,55 %. Et 1,10 % aux dernières municipales de Colmar cette année, aux côtés d'Hüseyin Karaduman (qui est cette fois son suppléant).

Mais qu'est-ce qui fait donc courir, élection après élection, Gilles Schaffar ? La réponse tient dans la doctrine même du parti trotskiste : « Chaque scrutin est une manière de faire connaître nos idées, d'aller au combat, explique ce professeur de lettres en lycée professionnel, qui vit aujourd'hui à Strasbourg. On ne veut pas réformer le système, mais l'abattre »

Alors que se passerait-il si, d'aventure, il était élu ? « On essayerait d'être les yeux et les oreilles des travailleurs à l'Assemblée nationale. Et de porter la voix des communistes. » Mais il n'y croit pas beaucoup : « En dehors des périodes révolutionnaires, les électeurs ne votent pas massivement en notre faveur. »

Attention toutefois, prévient-il, « la prochaine révolution peut arriver vite. Personne, ou presque, n'a vu venir les mouvements de 1936 et 1968. »

Cette année, la conjoncture y serait favorable en raison de la crise sanitaire « dont on fait porter le coût aux travailleurs. Le capitalisme est anachronique, c'est fini depuis longtemps ».

Accueil mitigé chez les gilets jaunes Depuis la dernière élection, en 2017, est apparu le mouvement des gilets jaunes. Un mouvement que Lutte Ouvrière, comme d'autres partis, a essayé de faire capitaliser. Le candidat n'aime pas beaucoup le terme (on n'est pas surpris) : « Nous ne considérons pas les gens comme des marges de manoeuvre. Ce sont des salariés ou des chômeurs, souvent des travailleurs pauvres. Lorsqu'ils se sont battus, nous étions solidaires. »

Gilles Schaffar est allé sur les ronds-points avec ses camarades LO, et n'a pas vraiment été accueilli à bras ouverts : « Ils nous ont demandé d'enlever nos badges du parti, mais pas de quitter les lieux. C'était l'occasion de discuter avec eux, une véritable expérience collective. » Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné, alors ? « Ils n'ont pas tenu à mettre leur combat sur le terrain de la lutte des classes. Ils n'ont pas encore de conscience politique. Cette conscience ne peut s'acquérir que par la lutte dans les entreprises », maintient le militant. « Un système infichu de répondre aux besoins de la population »

Cette année, la conjoncture est encore différente et ne favorise pas le débat d'idées : « C'est difficile de se rassembler, de distribuer des tracts... On a dû s'adapter. Mais nos idées auront un écho car la situation est difficile. La population se demande comment sortir de ce système infichu de répondre aux besoins vitaux et élémentaires de la population. Nous ne sommes même pas capables de fabriquer des masques ! Et les travailleurs qui ont fait tenir la société pendant la crise sanitaire n'ont pas été récompensés. »

Reste que si l'abattement est trop fort et le moral trop bas, cela favorise l'abstention. Faute de révolution, « il faut au moins aller voter, incite Gilles Schaffar. C'est quand même l'occasion de donner son avis, de dire qu'on n'est pas content. Mais on peut comprendre [les abstentionnistes] : leur situation se détériore et rien ne change ».

Valérie KOELBEL

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