DNA-L'Alsace- :  Élections municipales a Colmar Une journée avec... (3/7) Huseyin Karaduman, la voix des travailleurs

Article de presse
08/03/2020

Huseyin Karaduman, tête de liste Lutte ouvrière pour les élections municipales 2020, distribue des tracts et rencontre la population au marché Europe de Colmar, le quartier où il a grandi.

Un peu à part dans cette campagne des municipales, la liste Lutte ouvrière, menée par Huseyin Karaduman a fait une journée marathon, à la rencontre des Colmariens, mercredi 4 mars. Les militants révolutionnaires sont passés du marché Europe au centre-ville en passant par l'hôpital Pasteur.

En ce mercredi matin, les candidats aux municipales se bousculent aux abords du marché Europe, à Colmar.

Huseyin Karaduman, tête de liste de Lutte ouvrière (LO), accompagné de deux colistières, Anna Guezelot et Michelle Schroth, et de deux sympathisants mulhousiens a installé son chevalet d'affichage au milieu des étals.

Ce moniteur d'atelier de l'association Espoir prend sur sa journée de repos hebdomadaire pour tracter et promouvoir sa candidature. « Nous, on est des travailleurs, pas des professionnels de la politique » lance-t-il en voyant passer quelques colistiers de Gilbert Meyer et d'Eric Straumann.

Quand les autres candidats s'approchent pour lui serrer la main, il refuse catégoriquement. Non pas à cause du coronavirus, « mais pour marquer ma différence. On est en lutte contre les candidats du système. Je ne salue pas mes adversaires » relève-t-il.

« On a peu de moyens.On n'a rien à vendre »

Aller à la rencontre des travailleurs et des habitants, les militants de Lutte ouvrière le font toute l'année. Pas seulement en période électorale. « Tous les deux mois, on organise une caravane de trois jours qui passe par Strasbourg, Colmar et Mulhouse. On va dans les quartiers populaires, on fait du porte-à-porte, on va aux abords des entreprises, dans les centres-villes pour discuter avec les gens » explique Géraud Ferry, candidat à Mulhouse, venu prêter main-forte à Huseyin Karaduman à Colmar.

Inlassablement, les cinq militants LO distribuent leurs tracts en noir et blanc, développant des idées nationales plutôt que locales, qui contrastent fortement avec les belles brochures en couleurs des autres candidats.

« On a peu de moyens. On n'a rien à vendre » insiste Huseyin Karaduman, en mâchouillant un bâton de réglisse. « Je viens d'arrêter de fumer. »

L'enfant du quartier Europe connaît beaucoup de monde sur ce marché. On l'interpelle familièrement, souvent en turc. Tous ne savent pas qu'il se présente aux élections. L'une de ses connaissances lui demande s'il est « avec Gilbert ou avec Straumann ? » Cela le fait sourire. « On va voter pour toi » promettent ses amis.

« C'est plus vivant et plus convivial qu'au marché Saint-Joseph où on était samedi dernier » remarque le candidat.

Quand arrive Yavuz Yildiz, ancien élu de la majorité et désormais candidat sur la liste Straumann, et lui aussi enfant du quartier, Huseyin se braque. « C'est dommage, tu as choisi ton camp » lance-t-il à son adversaire politique, qui garde le sourire.

« C'est un égaré. On a grandi ensemble. Son oncle était à gauche, et voilà ce qu'il est devenu » se désole-t-il. Deux étudiantes passent devant l'affiche qui harangue les « travailleurs, travailleuses, retraités, chômeurs. » « C'est pas pour nous » lance l'une d'elles.

Quand elles repassent quelques minutes plus tard, Huseyin va les aborder. « Vous êtes avec les gilets jaunes ? » demande l'une.

Très vite, elles se livrent sur leurs difficultés. « On fait un BTS en alternance parce qu'on est obligé de travailler » raconte l'autre. « J'ai eu mon bac avec mention, j'aurais pu faire mieux comme études. Mais ma mère n'a pas les moyens. »

Le discours révolutionnaire du candidat ne touche pas vraiment celles « qui sont les travailleuses de demain. »

Elles promettent de lire le tract néanmoins.

Ils écoutent, rassurent,mais ne manquent pasde faire passer leurs idées

Plus tard c'est une femme de 62 ans, obligée de vivre dans son garage, avec sa retraite de 530 EUR, qui vient les aborder. « C'est dommage, je ne vote pas à Colmar » conclut-elle, après avoir raconté tous ces déboires pour faire reconnaître ses droits. Huseyin Karaduman et ses colistières écoutent, rassurent, mais ne manquent pas non plus de faire passer leurs idées. « Le système, il faut le renverser. Pour redonner le pouvoir aux travailleurs » répètent-ils inlassablement. Vers midi, la foule se fait moins dense, les commerçants commencent à remballer.

Les cinq militants transportent leur chevalet devant l'hôpital Pasteur. Personnel de l'hôpital, malades, visiteurs se succèdent. Certains d'un pas pressé, d'autres accablés sous le poids d'une souffrance. Rares sont ceux qui s'arrêtent pour discuter. Il est 13 h, les cinq militants vont déjeuner rapidement. À 14 h, il faut se rendre à la préfecture pour faire valider leurs tracts et leurs bulletins de vote. Dernier point de contact avec les électeurs, au centre-ville, devant le Monoprix.

Manque de chance, les badauds sont peu nombreux en ce mercredi après-midi et souvent peu intéressés. Mais quelques personnes s'arrêtent pour discuter ou pour saluer Huseyin Karaduman. Il est 17 h, les militants font le point des prochains rendez-vous. Il faut aussi prévoir de coller les affiches sur les panneaux électoraux.

Peut-être le soir même.

Valérie FREUND

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© Dna, Dimanche le 08 Mars 2020 / Colmar Droits de reproduction et de diffusion réservés

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