Aéroport de Roissy (95) : Comment on travaille à Roissy26/03/20202020Brèves/static/common/img/contenu-min.jpg

Brève

Aéroport de Roissy (95)

Comment on travaille à Roissy

Une part importante de ceux qui travaillent dans les aéroports fait partie des multiples entreprises de sous-traitance où les conditions sont encore plus difficiles que dans les grandes sociétés. Globalement, l'aéroport est vide et le trafic a été concentré sur un nombre réduit de terminaux. Mais comme les avions rapatriant les touristes français sont pleins, à certaines heures, le terminal est parfois bondé. Des photos choquantes prises par les salariés montrent des passagers agglutinés à certaines heures ou à certaines portes. Il est difficile de garder des distances de sécurité ou de les faire respecter dans les files. Pour ceux qui ramassent les chariots bagages dans le Groupe 3S, un des gros sous-traitants, impossible d'éviter le contact quand il faut passer au milieu de la foule. Chez un autre sous-traitant, City one sûreté, les salariés manipulent les bagages sécurisés dans les galeries en sous-sol. Ils travaillent rapprochés les uns des autres. Et si le personnel du ménage avion d'Acna a des gants et des masques, il doit traverser les pistes, à quatre dans la même voiture. Chez Samsic sûreté, malgré des cas de corona dans l'entreprise, il n'y a aucun matériel de protection, ce qui choque d'autant plus que ces salariés croisent dans l'aéroport des "cosmonautes", des gens recouverts d'une combinaison blanche des pieds à la tête.

Le quasi-arrêt de l'activité s'est traduit par la fin des missions des intérimaires et de la plupart des CDD. Les autres salariés sont en chômage partiel. Et avant même que le gouvernement les y autorisent, les patrons ont poussé les salariés à prendre des jours sur les RTT ou les congés. Or en temps normal, il est souvent difficile de poser ses congés l'été ou dans les périodes de fête, où le trafic est élevé. Nombreux sont donc ceux qui ont encore parfois deux semaines à prendre, avant fin mai. Les patrons font le chantage : les prendre à la place du chômage ou les perdre.

La prime Macron, certains l'ont déjà rebaptisée "prime suicide". Elle n'est pas de  1000 € : déjà, l'an dernier, la prime "gilets jaunes" était loin d'avoir été accordée partout, et quand c'était le cas, elle était plutôt de 150 à 300 € que 1 000. Pour l'instant, dans la plupart des entreprises, les patrons n'en parlent pas.

Et au milieu de tout cela, le grand hôtel Sheraton est resté ouvert. Il n'a fermé que sous pression des salariés et de l'inspection du travail. Il faut dire que les prix avaient flambé, jusqu'à plus de 400 € la chambre. Alors qu'en temps ordinaire, le personnel servait moins de dix repas en chambre, il en a servi 120. Au prix où elle fait payer la prestation, la direction était donc prête à faire prendre des risques au personnel et aux clients !

Le virus est dangereux, les salariés en ont conscience. Mais le virus du profit lui, expose bien davantage.

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