Journal de l'Ile de La Réunion : "Un vote de rejet contre les partis de la bourgeoisie"
Pour la première fois dans la circonscription Outre-mer, une candidature Lutte ouvrière-Combat ouvrier est présente aux Européennes. Menée par la Martiniquaise Ghislaine Joachim-Arnaud, la liste, communiste et internationaliste, se présente, fidèle à sa tradition, comme celle des travailleurs.
La Réunionnaise et 3e sur la liste, Corinne Gasp, lance : "La forme même de ces élections exprime tout le mépris des dirigeants qui ont procédé à un découpage réunissant les populations de trois océans. Un découpage qui montre combien le passé de l'ancien empire colonial avec son racisme, ses discriminations et ses humiliations pèse encore".
Pour autant, cette conseillère de gestion défend ce qui unit l'Outre-mer : "Une ex¬
ploitation de classe mais aussi issue de siècles de domination coloniale. Tous nous
avons contribué à la richesse de la bourgeoisie française et européenne".
Et si, "le salariat a remplacé l'esclavage, la fiche de paie n'a pas mis fin à l'exploitation". Jean-Yves Payet, porte-parole de LO à la Réunion et 6e sur cette liste,
martèle : "L'Europe est faite par et pour les capitalistes. Mais ce n'est pas elle qui
provoque les bas salaires, la vie chère et les licenciements. Ce n'est pas non plus la faute des plus pauvres, des fonctionnaires ou des immigrés comoriens. Non, c'est le système capitaliste, les banquiers, les industriels et les politiciens à leur service".
"S'ABSTENIR, C'EST SE TAIRE"
Il renchérit : "S'abstenir, c'est se taire. Les travailleurs, en votant pour nous, ont
l'opportunité d'exprimer sans ambiguïté leur mécontentement et leur écœurement". Il embraye : "Il n'est pas normal que les capitalistes fassent autant de profits alors qu'ils licencient. En 2013chaque jour 30 emplois ont disparu à La Réunion. C'est un scandale. Le système est incapable de faire face à une crise autrement. Le gouvernement manque de volonté pour s'y opposer. Qui est responsable de cette crise, de l'endettement de la France ? Les banques. Elles font des milliards de profits et bénéficient des cadeaux gouvernementaux, tout comme les grandes entreprises..."
Pour Lutte ouvrière, la solution pour lutter contre le chômage consiste à lever le secret bancaire pour "percer à jour les mensonges de la bourgeoisie" et le secret
commercial, "un complot constant du capital contre la société".
Des milliards seraient ainsi disponibles pour investir dans l'appareil productif et la création d'emplois. Lutte ouvrière veut d'ailleurs interdire les licenciements et imposer la répartition du travail entre tous sans baisse de salaire. Quant à la question de l'euro ou du franc, c'est un faux problème pour Jean-Yves Payet, "il faut indexer les salaires sur l'inflation point barre". Il enfonce : "On nous emmène sur des problèmes de capitalistes. Nous nous défendons les travailleurs".
La formation, qui appelle à voter pour exprimer "le rejet des partis de la bourgeoisie, de la bourgeoisie elle-même et de l'organisation capitaliste", estime que seule une grande mobilisation sur le terrain pourra faire changer la donne.
B.G.
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