Depuis septembre 2009, la direction a arrêté la production, à cause de la crise et des stocks trop importants, dit-elle. Mais les travailleurs soupçonnent la direction de profiter de la situation pour accomplir des restructurations et faire des économies en supprimant des emplois.
Ils ont eu raison : en décembre, la direction a annoncé qu'elle hésitait sur l'avenir de l'usine : reprise de l'activité, transformation en entrepôt, vente à un autre groupe ou fermeture pure et simple ? Elle voulait ainsi semer le doute et l'inquiétude, pour imposer ses volontés.
A la place, elle a eu la colère. Mardi 12 janvier, 90 % des travailleurs de l'usine se sont mis en grève, ont coupé toute sortie de produits finis (carburants, fuel domestique) et ont voté la grève jusqu'au 1er février. La direction a alors annoncé qu'elle n'envisage plus la fermeture : c'est un recul, mais les travailleurs n'ont pas confiance, et la grève continue.
Les travailleurs de six autres raffineries du groupe ont aussi bloqué leur usine pendant une journée, par solidarité, et parce qu'ils savent que tous les travailleurs sont menacés par l'appétit des actionnaires de Total, qui malgré la crise veulent maintenir les profits au niveau de l'année dernière : presque 14 milliards d'euros.