« Surmortalité : la région s'enfonce encore » titre une enquête de la Voix du Nord, deux ans et demi après le même constat.
Deux ans d'espérance de vie en moins pour les femmes de la région, trois ans pour les hommes, l'écart continue à augmenter en défaveur de la population de la région. Ce sont des dizaines de milliers de travailleuses et de travailleurs qui souffrent et qui meurent, faute de prévention et faute de soins suffisants.
Les ouvriers sont les plus touchés, avec 7 ans d'espérance de vie en moins que les cadres (moyenne nationale), à cause des conditions de travails trop dures, des horaires de nuit, des maladies contractées au travail et des produits chimiques. Bien sûr aussi à cause d'une mauvaise alimentation et d'abus d'alcool et de tabac qui sont la plupart du temps le résultat de ces conditions de vie difficiles.
La raison fondamentale du mauvais état de santé dans la région tient d'abord au faible niveau de vie des travailleurs, aux salaires largement inférieurs à la moyenne nationale. Avec des budgets réduits, les familles vont consulter le médecin au dernier moment et se soignent moins. Mais cela permet aux entreprises d'empocher des bénéfices record...
Beaucoup de médecins ne restent pas dans la région. Quant aux hôpitaux publics qui pourraient compenser le manque de médecins privés, leur situation se dégrade, les gouvernements leur demandent de faire des économies, alors qu'ils devraient au contraire recevoir des budgets supplémentaires permettant d'embaucher pour faire face aux difficultés sanitaires plus grandes de la population.
La formation et l'embauche massivement de personnel - médecins, infirmières, aides soignants, agents techniques, employés - améliorerait l'accueil et les soins, augmenterait les revenus de la population et diminuerait le chômage. Cette situation dure depuis des dizaines d'années, mais aucun gouvernement n'a voulu prendre de telles mesures, ni la droite, ni la gauche. Xavier Bertrand, UMP, alors ministre de la Santé, avait déclaré en 2007 : « Nous voulons que dans les régions où les indicateurs de santé sont les plus mauvais, il puisse y avoir des enveloppes régionales supplémentaires. » C'est le contraire qui a été fait ! Le gouvernement demande de plus en plus d'économies aux hôpitaux. Les gouvernements préfèrent accorder des milliards d'euros de cadeaux aux actionnaires des entreprises plutôt que de résoudre les problèmes de la population ouvrière.
Il faudra que les luttes des travailleurs obligent les gouvernements à embaucher dans les hôpitaux, et l'État aura largement les moyens de les financer en arrêtant ses cadeaux aux entreprises.