Nathalie Arthaud : « La seule véritable opposition viendra de la rue »19/11/20172017Presse/medias/articlepresse/images/2017/11/oissel2017.png.420x236_q85_box-0%2C72%2C1215%2C755_crop_detail.jpg

Article de presse

Paris Normandie

Nathalie Arthaud : « La seule véritable opposition viendra de la rue »

Illustration - Nathalie Arthaud : « La seule véritable opposition viendra de la rue »

Politique. Nathalie Arthaud intervient ce soir devant les militants de Lutte Ouvrière réunis à Oissel. Pour l’ex-candidat à la présidentielle, la seule opposition à la politique d’Emmanuel Macron viendra « des travailleurs en colère » dans la rue.


 

Quels enseignements tirez-vous de la longue séquence électorale du premier semestre ?

Nathalie Arthaud : « Ce n’était qu’une parenthèse, parce que tout est reparti exactement comme avant. Finalement, cette élection n’aurait pas eu lieu, nous en serions exactement au même point : autant Hollande avait prolongé la politique de Sarkozy, autant Macron prolonge celle de Hollande. À chaque fois, ce sont de nouveaux cadeaux offerts aux plus riches ; à chaque fois ce sont de nouveaux reculs pour les travailleurs. »

Quel regard portez-vous sur les six premiers mois de la présidence d’Emmanuel Macron ?

« Emmanuel Macron était au service de la finance dans sa vie professionnelle. Il le reste. Le fait de commencer son quinquennat avec la casse du Code du travail est significatif de ce que sera son action, parce qu’expliquer que le chômage est dû aux droits des travailleurs est parfaitement révoltant. Le chômage est lié aux suppressions d’emplois, aux fermetures d’entreprises, à la crise de l’économie capitaliste, et pas au fait que les salariés ne travailleraient pas suffisamment, ne seraient pas assez flexibles et obtiendraient trop d’indemnités lorsqu’ils sont licenciés ! Et puis, à côté de ces ordonnances sur la loi Travail, il y a un certain nombre de décisions - la baisse des APL, la suppression des emplois aidés - qui montrent aussi dans quel camp se situe Emmanuel Macron. »

Quelle place pouvez-vous prendre dans l’opposition à ce gouvernement ?

« La seule véritable opposition sera celle des travailleurs, des chômeurs, des ouvriers, des employés, lorsqu’ils diront que ça suffit de payer les pots cassés de ce système économique, d’être les laissés-pour-compte, d’être ceux qui font tout le boulot et ne parviennent pas à en vivre. Cette semaine, il y a eu le scandale des paradise papers. Là encore, c’est significatif : non seulement la grande bourgeoisie amasse des fortunes au travers de l’exploitation de dizaines ou de centaines de milliers de salariés, mais en plus, elle rechigne à contribuer, ne serait-ce qu’au minimum, au fonctionnement de la société. Il faut lui dire que ça suffit ! »

L’opposition parlementaire ne vous paraît pas suffisante ?

« Évidemment que non ! Emmanuel Macron a un parlement à sa botte et l’opposition ne pourra pas venir de l’Assemblée nationale, qui n’est qu’un moulin à paroles. Elle devra être celle des travailleurs en colère. Pour faire reculer ce gouvernement, il faut renouer avec des luttes collectives puissantes. »

Vos militants y sont-ils prêts ?

« Moi je pense qu’on n’aura pas le choix. Compte tenu de l’impuissance de l’opposition, il n’y a que ce chemin-là. C’est une nécessité. Je ne sais pas quand les travailleurs y seront prêts, laisseront exploser leur colère et finalement se mêleront de toutes ces affaires-là, mais je suis convaincue qu’il n’y a pas d’autre voie possible. »

C’est le message que vous venez porter à Oissel ?

« Absolument : il faut que les travailleurs s’immiscent dans la politique, imposent leur contrôle sur ce qui est produit, sur les profits tirés de leur travail, et se mobilisent pour que ces profits leur reviennent en emplois, en augmentations de salaires, en meilleures conditions de travail... »

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