Procès de Tarnac (19) : Police menteuse, justice piteuse15/03/20182018Brèves/medias/breve/images/2018/03/mgt4-1024x768_0.jpg.420x236_q85_box-0%2C96%2C1024%2C672_crop_detail.jpg

Brève

Procès de Tarnac (19)

Police menteuse, justice piteuse

illustration
L'épicerie tenue à l'époque par certains membres du groupe
Le procès dit de Tarnac vient de s’ouvrir, près de dix ans après les faits. En novembre 2008, le gouvernement, en l’occurrence la ministre de l’Intérieur du président Sarkozy, Michèle Alliot-Marie, annonçait à son de trompe une grande victoire contre un complot terroriste. Une armada de gendarmes, une flotte de cars de police, une nuée de semelles à clous avaient fondu sur une petite ferme de Tarnac en Corrèze et embastillé pour des mois huit jeunes gens qui vivaient là. La presse faisait aussitôt ses gros titres de l’opération et la ministre se pavanait sur les plateaux de télévision, prétendant avoir terrassé le grand Satan. Les spécialistes policiers, les politiques et les commentateurs en tout genre défilaient alors dans les médias, vantant l’excellence des services policiers français et la nocivité de la prétendue ultragauche. Les juges chargés d’instruire le procès ont eu, eux, beaucoup plus de mal à se dépatouiller de l’affaire, au point qu’ils ont été tentés de la classer sans suite à plusieurs reprises. Les charges ne tiennent pas, les accusations sont contradictoires et parfois mensongères, la police et les services antiterroristes semblent avoir monté l’affaire de toutes pièces. De tout ce vacarme, il ne resterait aujourd’hui que des fers à béton mettant hors service des caténaires de la SNCF. Si le fait est avéré, la culpabilité des huit de Tarnac est loin d’être prouvée. Mais voilà, l’État ne peut pas admettre avoir emprisonné pour rien huit personnes et leur avoir pourri la vie pendant dix ans. Des ministres ne peuvent pas venir avouer qu’ils se sont monté le bourrichon et ont menti au public en toute connaissance de cause. Alors, la procédure judiciaire a suivi son cours. Le comportement des ministres de Sarkozy, montant un coup lamentable pour se faire valoir ou pour déstabiliser la concurrence, est pitoyable. Mais le fait qu’ils puissent, pour leurs combats de pieds nickelés, mettre l’État à leur service est révélateur, comme l’est l’aveuglement volontaire de la machine étatique qui, une fois lancée, va jusqu’au bout de l’absurdité.
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