Le Progrès de Lyon :  Nathalie Arthaud : « Il ne faut pas laisser le destin de la société aux capitalistes »

Article de presse
12/01/2013

C'est le miracle d'une campagne présidentielle. Elle a beau n'être créditée que de 1 % des voix dans les sondages, la candidate de Lutte Ouvrière à la présidentielle, Nathalie Arthaud, fait une rentrée de star politique.

Hier soir, salle Joliot-Curie à Vénissieux, où se pressent environ 500 sympathisants, l'élue municipale de Vaulx-en-Velin remonte l'allée centrale, tout sourire, précédée par des caméras de télévision et des photographes. La salle est debout pour l'applaudir tandis que Nathalie Arthaud fait de petits signes aux uns e t autres. Enfin, elle gagne la tribune pour ce dernier meeting de la campagne électorale de premier tour, son dernier meeting pour cette fois-ci, quoiqu'il arrive.

Cinq responsables et militants locaux encadrent la candidate sur l'estrade, dont Vincent Goutagny, ouvrier métallurgiste qui dresse un tableau de la situation sociale du département. Vingt-cinq minutes plus tard c'est la vedette (oh ! comme elle doit détester cette épithète) de la soirée qui prend la parole. « Travailleuses, travailleurs, camarades et amis  ». C'est parti pour une bonne heure. Elle a sacrément pris de la bouteille la porte-parole de L.O. Elle est détendue quand elle parle même si c'est pour asséner ses vérités souvent dures à ses ennemis de classes. « Le destin de la société ne doit pas être laissé dans les mains des capitalistes ».

Des capitalistes qui sont prévenus, ce qui les attend c'est « l'expropriation » pour « donner les moyens aux travailleurs » de « maîtriser l'économie ». Les premiers visés, les premiers expropriés seront les banquiers car « ce sont les banques qui commandent toute l'économie ». Nathalie Arthaud assume joyeusement et même avec humour la « lutte des classes » que « les travailleurs vivent au quotidien » : « On me demande souvent pourquoi je mets tous les patrons dans le même sac, explique-t-elle, car certains seraient gentils. Mais que m'importe que les grands chefs d'entreprises soient gentils avec leur famille et leurs amis ou caressant avec leurs chiens et leur chat ? Ce n'est pas de morale dont il est question mais d'organisation sociale  ». La candidate rappelle que l'élection est l'occasion de délivrer des messages et « une préparation aux luttes » qui suivront. Enfin, elle renvoie quasiment dos à dos Nicolas Sarkozy ; « que les travailleurs ont raison d'exécrer », François Hollande, dont « ils n'ont rien à attendre », et Jean-Luc Mélenchon qui « ne changera rien aux rapports de force ». Quant à Marine Le Pen, « elle trompe les travailleurs ».

Le meeting se termine par l'internationale chantée salle debout puis, nouvelle star révélée, Nathalie Arthaud doit elle aussi se plier aux demandes de pauses photos avec les sympathisants.

Michel Rivet-Paturel

Photo Philippe Juste

© Le Progrès (19 avril 2012)