Le Progrès de Lyon : Nathalie Arthaud : « On peut lever le drapeau d’une révolution sociale »

Présidentielle. Ce soir, à 20 heures, la candidate de Lutte ouvrière, élue à Vaulx-en-Velin, sera en meeting régional à Vénissieux, salle Joliot-Curie, à trois jours du premier tour.
Quels enseignements tirez-vous de cette campagne ?
J'ai le sentiment d'avoir pu défendre notre engagement dans l'espace imparti, avec enthousiasme et, j'espère, force de conviction.
Que pensez-vous de la perception de votre campagne ?
Je crois que beaucoup de gens ont compris que ceux qui nous dirigent n'ont pas le pouvoir, que celui-ci appartient aux banques, aux financiers et aux industriels. Je crois que nous avons fait prendre conscience de ça à beaucoup de monde.
Si le pouvoir politique est ainsi désarmé pourquoi vous présentez-vous ?
Parce que nous avons aussi à nous exprimer. Certes, les entreprises ont déjà leurs programmes tout prêts pour écraser les salaires, les conditions d'emploi... Sur ce plan-là, il n'y a aucun vote, on ne demandera pas son avis à l'électeur. Mais actuellement, nous avons la possibilité de nous exprimer, il n'est pas question de ne pas prendre la parole. Le courant communiste a toujours été présent aux élections. Nous disons aux travailleurs de s'organiser et de lutter. On peut lever le drapeau d'une révolution sociale.
Les grands enjeux sont-ils abordés ?
Il y a eu beaucoup de politique avant l'égalité en temps de parole. Depuis, c'est l'écume des jours, il n'y a plus vraiment de débat. Avant on évoquait la compétitivité, le social, les salaires, la retraite... Aujourd'hui, il n'en est plus question. Pourtant, pour nous, c'est clair que la grande préoccupation de toutes les catégories populaires c'est le chômage, la misère qui monte et qui envahit tout. La seule réponse, c'est de contraindre le patronat.
Vous vous présentez comme la seule communiste de cette campagne, c'est un mot qui peut faire peur aujourd'hui ?
Je suis la seule car personne d'autre ne se revendique du communisme. Certainement pas Mélenchon, qui se défend d'être d'extrême-gauche. Je n'ai pas déposé de copyright, j'aurais été ravie que d'autres s'affichent communistes. Payant ou non électoralement, le communisme représente nos convictions. Nous ne sommes pas des girouettes. En plus, quand on voit l'économie actuelle qui écrase tout, le vent tournerait plutôt dans notre sens.
Depuis plusieurs mois, la référence si ce n'est la comparaison avec Arlette Laguiller vous a été imposée. Est-ce lourd ?
Non, car je me revendique d'Arlette Laguiller. Nous, les militants, nous sommes très fiers de la façon dont elle a incarné notre politique. Sa popularité, sa crédibilité dans la classe ouvrière ce n'est pas rien. Je crois que ça m'aide, il y a une continuité, on la revendique. C'est la fidélité à un combat.
Craignez-vous le vote utile ?
Il a toujours existé. Il faut voir l'enjeu, bien sûr, et en même temps, les sondages montrent qu'il n'y a pas de danger. Il y a un tel rejet dans la classe ouvrière de Nicolas Sarkozy et en même temps tellement peu d'attrait pour François Hollande.
Que dîtes-vous à ces électeurs des milieux populaires qui sont tentés par le vote Le Pen ?
Ce n'est malheureusement pas nouveau, cela remonte aux trahisons des travailleurs sous François Mitterrand. C'est pourquoi il ne faut pas renvoyer non plus ces électeurs dans les bras de ceux qui ont fabriqué le FN. Mais voter Le Pen, c'est se tromper d'ennemi, c'est faire le jeu du patronat. Car il faut lutter de façon la plus unie, pas en se divisant. Or, le FN ne fait que diviser par rapport aux origines, à la couleur de la peau, à la religion, au plus grand profit du patronat. Voter FN pour les travailleurs, c'est se tirer une balle dans le pied.
Recueilli par Michel Rivet-Paturel
Photo archives Jean-Pierre Balfin
© Le Progrès de Lyon (18 avril 2012)