La Dépêche du Midi : Arlette Laguiller reste la vedette des cortèges

Elle a officiellement passé la main à Nathalie Arthaud en décembre 2008. Mais dans le cortège parisien pour la défense de la retraite à 60 ans, Arlette Laguiller (Lutte ouvrière) reste la vedette, auréolée de ses "50 ans de militantisme" et six candidatures à l'Elysée.
Au milieu du boulevard Saint-Germain, la figure trotskiste, 70 ans, campe sur le trottoir, sous l'énorme ballon rouge de LO qui flotte dans le ciel gris. "Faut quand même que je mette mon badge", dit-elle à son arrivée, scandant avec ses "camarades" : "pour financer les retraites, prenons sur les profits!"
Devant elle, un défilé incessant de militants syndicaux, professeurs, cheminots ou salariés du privé.
Tous ont un regard attendri, voire admiratif en la voyant. Beaucoup l'interpellent, viennent la saluer, lui faire une bise ou se prendre en photo avec elle. "Oh, regarde, y'a Arlette!", "bonjour camarade!", "j'avais envie de vous embrasser", "t'es toujours aussi belle!", "on va gagner", lancent sans interruption les manifestants.
Le sourire collé aux lèvres, Mme Laguiller, en pantalon, veste en jeans, foulard et baskets, répond toujours gentiment aux "travailleuses, travailleurs", les remerciant par son poing droit levé.
Cette popularité, "Arlette" l'explique par "50 ans de militantisme". "Une "belle reconnaissance du travail collectif fait pendant des années", confie à l'AFP la sextuple candidate à la présidentielle. Mais "Nathalie aura la même popularité bientôt", dit avec humilité l'ancienne employée du Crédit Lyonnais.
Elle fait tout pour mettre en avant sa dauphine et préfère ne pas répondre aux journalistes sur les retraites, renvoyant invariablement vers "Nathalie". "Elle arrive dans quelques minutes", dit Arlette Laguiller doucement, déplorant que les médias préfèrent l'interroger elle.
Pour faire connaître Mme Arthaud, il y a en effet encore du travail. "Lutte ouvrière? Ca existe encore? Je croyais que c'était mort quand Arlette est partie!", s'étonne un commerçant du coin qui n'a encore "jamais entendu parler" de sa remplaçante.
© La Dépêche du Midi, le 23 septembre 2010