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- Lutte ouvrière n°2077
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Dans les entreprises
Renault-Flins (78) Cinéma gouvernemental : Le bide
Lundi 19 mai, à midi, c'était le branle-bas de combat général à l'usine Renault de Flins. Les gardiens étaient sur les dents, certains accès étaient fermés. Les travailleurs arrivant pour l'équipe de l'après-midi devaient faire de grands détours pour arriver au vestiaire. Toutes les portes de l'atelier de tôlerie étaient verrouillées et, à l'intérieur même du bâtiment, pas question de circuler d'un service à un autre. À la rigueur, on pouvait en sortir, mais si on tentait d'y revenir, la mine peu engageante des deux gardes du corps encadrant la porte vous en dissuadait.
Tout ce cinéma était là pour la visite du ministre du Travail, Xavier Bertrand, et de la secrétaire d'État à la Famille, Nadine Morano. Ils étaient venus, paraît-il, pour expliquer aux travailleurs de Flins que racheter ses " RTT " peut rapporter de l'argent.
Le fait est que, même si les effectifs ont beaucoup baissé à Flins, il y a tout de même encore plus de travailleurs que de directeurs, même si, à voir l'essaim compact qui entourait les deux ministres, on aurait pu penser le contraire. Mais, en termes de rencontres avec le personnel, mis à part quelques personnes sélectionnées comme il se doit lors de ce genre de visite, ceux-ci ont surtout parlé avec les représentants de la direction et ceux des syndicats qui, à l'exception de la CGT, ont signé tous les accords de la direction sur le temps de travail. C'est tout de même plus facile de se comprendre quand on est déjà d'accord sur l'essentiel !
Quant à la très grande majorité des travailleurs, le " au lieu de récupérer vos RTT, vous n'avez qu'à vous les faire payer " lancé par le ministre du Travail devant les caméras, cela a surtout le don de les énerver ; car ils doivent travailler bien au-delà des 35 heures pour accumuler des jours de RTT dont la plus grande partie ( 17 jours sur 20) est à la seule disposition de la direction pour gérer quand elle le veut des journées de chômage.
Alors bien sûr, vu les difficultés financières grandissantes, certains demandent à Renault de convertir des journées de congés en euros, y compris des journées de congés annuels, accumulées au fil des ans, bien souvent d'ailleurs parce qu'elles n'ont pas pu être prises. Mais il s'agit d'une minorité, de l'aveu même de la direction. Celle-ci se lamentait devant la presse que seuls 22 % du personnel s'étaient sentis concernés. Mais c'est peut-être encore surévalué...