Sénégal : Nouvelle manifestation contre la vie chère21/05/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2077.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sénégal : Nouvelle manifestation contre la vie chère

Au Sénégal, la population laborieuse connaît les pires difficultés pour se nourrir à cause de la flambée des prix, notamment du riz, de l'huile, du pain et du lait en poudre. Cinq à six mille personnes ont à nouveau manifesté dans les rues de Dakar le 26 avril. À l'initiative des partis d'opposition au président Wade, cette manifestation avait comme objectif de protester contre la vie chère mais aussi contre le report des élections locales. De nombreux manifestants portaient des T-shirts où l'on pouvait lire : " On a faim, ça suffit ! ". Ils brandissaient également des sacs de riz vides et des casseroles.

Cette situation n'a pourtant rien de naturel. Dans le dernier numéro de leur mensuel Le Pouvoir aux Travailleurs, nos camarades de l'Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes donnent quelques explications en ce qui concerne le riz.

Au Sénégal, il ne manque ni la terre ni l'eau pour cultiver du riz. Même la Casamance, qu'on a coutume d'appeler " le grenier du Sénégal ", est obligée d'importer cette denrée. Plusieurs facteurs entrent en compte dans l'explication de cette raréfaction du riz local. Il y a le fait qu'à cause de l'état de guerre que connaît cette région depuis plus de vingt ans, les paysans ont été contraints d'abandonner leurs terres pour trouver refuge en ville. La plupart de leurs terres sont transformées en champs de mines.

En dehors de la Casamance, il y a la région du fleuve, où les terres et l'eau ne manquent pas. Mais au lieu de cultiver des produits vivriers, les paysans ont été littéralement contraints de pratiquer des cultures d'exportation comme l'arachide. Cela rapporte des devises à l'État. Ce dernier a préféré importer du riz, soi-disant meilleur marché que celui produit localement. On se souvient que, sous la présidence d'Abdou Diouf, c'est la famille de ce dernier qui avait le monopole de l'importation du riz. Plus on en importait, plus elle s'enrichissait. C'est ainsi que même le peu de riz qui était cultivé localement a décliné petit à petit jusqu'à devenir quantité négligeable. Alors que l'État a su trouver des engrais, des semences et des techniciens pour encourager la culture de l'arachide, les cultures vivrières ont été délaissées parce que non rentables aux yeux des dirigeants. Dans ce domaine comme dans bien d'autres, tous les gouvernements qui se sont succédé depuis l'indépendance n'ont fait que continuer ce que le colonialisme français avait imposé au Sénégal.

(...) Le Sénégal pourrait produire du riz sans grande difficulté, pour peu que les autorités s'y impliquent sérieusement. Il pourrait aussi agir énergiquement sur les prix, en baissant par exemple les taxes douanières sur les denrées de base, en obligeant les commerçants grossistes, les détaillants et les transporteurs à réduire leurs marges bénéficiaires sur ces produits. Il pourrait en même temps, s'il en avait la volonté politique, relever les salaires, à commencer par ceux qui sont au bas de l'échelle. Mais le gouvernement ne fera rien de tout cela s'il n'y est pas contraint par la force.

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