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- Lutte ouvrière n°2087
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Dans les entreprises
Renault - Douai (Nord) : Quand les ouvriers "doivent" des jours au patron !
A Renault-Douai, 5 600 travailleurs fabriquent la Mégane et le Scénic. Ces voitures se vendent moins, selon la direction et, dit-elle, il en faut donc moins. Il y a trois ans, l'usine en produisait jusqu'à 2 000 par jour. Mais il y avait une équipe de nuit qui a disparu depuis, et il y avait 2 000 intérimaires qui ont été renvoyés.
La cadence actuelle est de 1 200 véhicules par jour. On devrait pouvoir travailler moins vite sur les chaînes. Mais, au contraire, la vitesse de la chaîne a été augmentée et chacun travaille plus et plus vite qu'au moment des records de production.
Car la direction continue de maintenir des cadences infernales pour que « personne ne prenne de mauvaises habitudes », comme osent le dire certains chefs qui, eux, ont en revanche une grande habitude des mains dans les poches.
Alors, pour moins de production, la direction décrète des journées non travaillées. Nous en avons eu 45 l'année dernière, 28 depuis début janvier cette année. Et juste avant le départ en congés, la direction vient d'en annoncer 24 autres jusqu'à la mi-novembre, qu'elle fixe à sa guise, comme d'habitude.
Les journées non travaillées n'entraînent pas de perte de salaire, mais entrent dans un système de compte épargne temps qui prévoit que nous devrons les rattraper. Nous avons chacun un compte collectif et un compte individuel pour lesquels nous avons d'ailleurs bien du mal à faire le point. La seule chose sûre, c'est qu'ils sont négatifs pour presque tout le monde. Certains jeunes embauchés qui n'ont connu que des jours en moins et pas de journées supplémentaires « doivent » , c'est le mot utilisé par la maîtrise, jusqu'à 60 jours à la direction !
Comment régler cette prétendue « dette » ? La direction a tout un panel de « solutions » : elle nous a confisqué notre cinquième semaine de congés pour la deuxième année consécutive. Elle nous taxe des journées de notre compte formation, elle nous impose des heures supplémentaires (eh oui, pour faire moins de voitures, on fait des heures sup !), et surtout elle nous annonce d'ores et déjà des tas de samedis travaillés et des semaines de 48 heures quand il faudra sortir les nouveaux modèles. Elle se « rembourse » aussi en enlevant 200 euros de notre salaire annuel et en baissant les primes.
La maîtrise de l'usine nous explique que notre flexibilité est une garantie pour l'emploi. Selon elle, seules les usines qui n'ont pas su évoluer seront victimes de l'actuel plan de suppressions d'emplois de Carlos Ghosn. Mais depuis des années, les effectifs du personnel embauché sont en diminution constante à Douai. Et les mêmes chefs ne cessent de diriger des chantiers appelés « kaïzen » destinés à supprimer des postes pour faire des économies.
Le directeur proclame que Douai est « la meilleure usine du groupe », « la plus réactive ». C'est sa façon d'essayer de nous brosser les manches. Mais ça vaudrait le coup de le prendre au mot à la rentrée, au moins sur la réactivité : on pourrait réagir tous ensemble en se croisant les bras !