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Leur société
Retraites : La double peine
Selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse, la réforme des retraites de 2003 n'aurait pas retardé l'âge effectif de départ des salariés. C'était pourtant l'objectif affirmé publiquement à l'époque par Fillon quand il avait fait voter cette loi. Des études publiées par la DARES, organisme qui dépend du ministère du Travail, permettent de mieux comprendre pourquoi cela s'est passé ainsi.
Une enquête menée en 2003 sur les anciens travailleurs âgés de 50 à 59 ans a montré qu'il s'agissait le plus souvent de personnes usées par des conditions de travail difficiles et ne retrouvant plus d'emploi, en particulier dans l'industrie et le commerce.
Une autre enquête a été menée en 2005 auprès de salariés de 35 à 55 ans pour savoir comment ils envisageaient de travailler jusqu'à 60 ans. Sans surprise, ce sont les mêmes catégories de travailleurs (en particulier dans le commerce, dans l'industrie et chez les ouvriers agricoles) qui ne pensent pas pouvoir tenir, soit à cause des conditions de travail, soit parce qu'ils pensent qu'ils vont être licenciés d'ici là.
Or, les lois votées en 2003 pénalisent les travailleurs qui n'ont pas toutes leurs annuités en diminuant leur pension en conséquence. Si les retraites ont baissé de 6 % depuis 2003 - ce qui est déjà énorme compte tenu de l'augmentation des prix -, ce sont surtout les travailleurs qui ont eu les métiers les plus durs qui se retrouvent avec de faibles retraites, faute d'avoir pu travailler assez longtemps. Ils sont doublement pénalisés : après l'avoir été toute leur vie par leurs conditions de travail et leurs bas salaires, ils le sont encore en touchant une retraite de misère.
A qui fera-t-on croire que les richesses produites dans un pays comme la France ne permettent pas d'assurer de meilleures conditions de travail et de garantir des retraites décentes à tous sans avoir à travailler jusqu'à un âge avancé ?