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Dans le monde
Enclave de Cabinda : Derrière le football, l'enjeu du pétrole
L'attaque meurtrière contre le bus transportant les footballeurs de l'équipe nationale du Togo, dans l'enclave de Cabinda, a remis sur le devant de la scène un conflit dont le pétrole est le principal enjeu.
L'enclave de Cabinda est une petite province de l'Angola, coincée entre les deux Congos (le Congo-Brazzaville et la République du Congo). Elle est totalement séparée du reste de l'Angola par une bande de terre d'environ 60 km de large, constituant l'unique débouché maritime de la République du Congo voisine.
Le Cabinda, parfois surnommé le « Koweït de l'Afrique », tant son sous-sol regorge de pétrole, produit aujourd'hui plus de la moitié du pétrole de l'Angola et contribue à faire de ce pays le premier producteur de pétrole africain, devant le Nigéria. Par leur participation dans les deux compagnies locales, la compagnie américaine Chevron, le français Total et l'italien ENI sont les seuls à bénéficier de cette richesse. Leurs employés vivent enfermés sur des plates-formes off-shore ou dans des camps entourés de centaines de soldats. Quant à la population locale, elle ne bénéficie d'aucune retombée, même pas d'infrastructures minimum, et ce n'est pas la construction d'un luxueux stade afin d'accueillir les épreuves de foot de la Coupe d'Afrique des nations qui changera quelque chose à ce manque d'écoles ou d'installations sanitaires.
Au moment de l'indépendance de l'Angola en 1975, le Front de Libération de l'enclave de Cabinda (FLEC), qui n'avait pas été invité aux négociations, avait proclamé l'indépendance de ce territoire et mis en place son propre gouvernement. Mais quelques mois plus tard, en novembre 1975, il fut renversé par les forces armées angolaises.
Dans les années qui suivirent, le combat des séparatistes cabindais ne cessa pas pour autant. Il fut même attisé par des puissances régionales et internationales, motivées principalement par les ressources pétrolières de l'enclave, mais aussi par la volonté d'affaiblir le régime angolais au pouvoir depuis 1975. Tandis que le régime cubain soutenait, y compris militairement, celui de l'Angola, les États-Unis et la France, soucieux des intérêts de leurs trusts pétroliers, soutinrent le FLEC. L'ex-dictateur congolais Mobutu qui lorgnait sur les puits de pétrole cabindais fit de même. L'Afrique du Sud, rival de l'Angola pour le leadership régional, soutint également les séparatistes.
Suite à l'éclatement de l'URSS, la nouvelle donne à l'échelle mondiale eut des répercussions dans cette région. Les séparatistes perdirent leurs soutiens, tandis que les pétroliers renouèrent avec l'Angola.
Plus récemment, le gouvernement angolais tenta de régler ce conflit, en offrant à certains notables du FLEC de le rejoindre. Antonio Bento Bembe devint ainsi ministre, mais plusieurs tendances du FLEC dirent vouloir poursuivre la guérilla contre les forces armées angolaises et un régime rongé par la corruption. Deux d'entre elles revendiquent aujourd'hui l'attaque contre le bus des footballeurs togolais.
En voulant organiser dans la ville de Cabinda des compétitions de la Coupe d'Afrique des nations, le pouvoir pensait sans doute affirmer sa reprise en main de l'enclave. La démonstration est plutôt ratée.
Le pétrole, lui, continue à couler pour le plus grand profit des actionnaires de Chevron, Total et ENI.