- Accueil
- Lutte ouvrière n°2211
- Parti Socialiste : La préparation des primaires (suite)
Leur société
Parti Socialiste : La préparation des primaires (suite)
Le 11 décembre, la convention nationale du PS a été consacrée à la discussion d'un texte sur « l'égalité réelle ». Ce texte, rempli de phrases aussi généreuses que générales, n'engage personne, et surtout pas le candidat ou la candidate qui portera les couleurs du PS en 2012. Mais ce qui a fait figure d'événement, c'est que Ségolène Royal soit allée s'asseoir à la tribune juste à côté de Martine Aubry, alors qu'une place lui avait été réservée à quelques sièges de là. « On ne s'engueule plus au PS, on est d'accord, on a des propositions ! » a lancé Aubry. Admettons !
La rivalité des ambitions personnelles n'en reste pas moins présente. Aubry s'en tient au calendrier déjà adopté - un dépôt des candidatures pour les primaires socialistes en juin et un vote sur les candidats en lice en novembre 2011 -, mais Royal veut un vote « avant l'été ». Les petits calculs des uns et des autres, sur lesquels sont braqués les projecteurs, évitent aux prétendants d'avoir à s'expliquer sur leur programme, au-delà de quelques vagues idées sur « l'égalité réelle », qui de toute façon, n'engagent en rien un éventuel futur président issu du PS.
Malgré ce flou, certains ténors du PS essayent de trouver un moyen de se démarquer, pour apparaître, dès aujourd'hui, en hommes d'État responsables. Ainsi l'ancien secrétaire national, Hollande, ne s'est pas rendu à la convention nationale de son parti auquel il reproche de proposer une « hotte de père Noël » sans les financements nécessaires. Moscovici est venu, quant à lui, voter en faveur du texte sur « l'égalité réelle », tout en gardant « certaines interrogations et certaines réserves », car il se refuse à prendre « des engagements multiples que l'État ne pourra pas tenir simultanément, compte tenu de la situation des finances publiques ». « Nous ne pouvons pas considérer que tout est prioritaire », ajoute Valls. D'autres dirigeants se refusent, pour le moment du moins, à ce genre de déclarations car ils ont en ligne de mire l'électorat de gauche. « Ce n'est pas la même chose d'être crédible vis-à-vis de l'agence Moody's (une agence de notation financière) que de l'être vis-à-vis des ouvriers de Renault », a déclaré Hamon, qui veut incarner la gauche du PS.
Cependant, si le PS gagne la présidentielle de 2012 et forme le gouvernement, peu importeront alors les « courants » dans lesquels seront classés les différents ministres : ils se soumettront aux exigences des agences de notation, autrement dit de la finance, comme le font leurs homologues en Espagne, en Grèce ou au Portugal. Il faut donc que les travailleurs imposent leurs propres exigences au patronat et aux banques, dont le pouvoir de nuisance reste intact, sans attendre le résultat de l'élection de 2012.