EPR de Flamanville : Accidents du travail non déclarés29/06/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une-2239.gif.445x577_q85_box-0%2C18%2C234%2C321_crop_detail.png

Dans les entreprises

EPR de Flamanville : Accidents du travail non déclarés

Le réacteur nucléaire EPR de Flamanville, en Normandie, dit de troisième génération, est un des tout premiers en construction dans le monde et il est censé servir de vitrine pour une technologie nucléaire que la France, c'est-à-dire son commanditaire EDF, veut exporter. Mais question conditions de travail, et en particulier sécurité, il s'agit bien de méthodes patronales d'exploitation, où la santé et même la vie des travailleurs comptent bien peu face aux profits escomptés.

Depuis le début de l'année 2011, deux ouvriers de 32 et 37 ans sont morts sur ce chantier et une enquête est en cours. De son côté, l'Autorité de sûreté nucléaire a publié un rapport chiffrant à 112 le total des accidents du travail survenus durant l'année 2010. Parmi eux, « 38 accidents à déclarer n'ayant pas fait l'objet d'une déclaration » et cela dans vingt entreprises différentes. Le rapport précise que le fait que « cette démarche ait été intentionnelle et répétée démontre l'intention d'éluder l'information de l'inspecteur du travail et de détourner la surveillance ». Les patrons de la centaine d'entreprises qui se partagent ce chantier, le plus grand d'Europe puisqu'il emploie au total 3 500 travailleurs, dont un tiers d'intérimaires et un tiers de travailleurs étrangers, veulent réduire la facture de leurs amendes liées aux accidents du travail déclarés et font pour cela pression sur les salariés pour qu'ils ne les déclarent pas.

Mais, derrière cette multitude d'entreprises, on trouve les donneurs d'ordres qui laissent faire le travail, et les responsabilités en matière de sécurité, aux sous-traitants : en particulier Bouygues, comme responsable du génie civil sur le chantier, mais aussi EDF, comme maître d'oeuvre. Le rapport de l'ASN indique le nombre d'accidents où il est avéré que Bouygues était au courant de ces non-déclarations et a couvert ces pratiques. Cela même si, maintenant, Bouygues essaie de se défausser de ses responsabilités en accusant, par exemple, une société de travail temporaire domiciliée à Chypre, dont le responsable général est localisé en Irlande, et qui fait travailler 70 à 80 ouvriers polonais sur le chantier de l'EPR

Au-delà du secteur du bâtiment, les pressions exercées sur les travailleurs pour ne pas déclarer les accidents du travail sont chose courante dans bien des usines, où elles se conjuguent avec les pressions pour augmenter les cadences et les charges de travail qui sont à l'origine de nombreux accidents. Ce n'est pas seulement un manque de rentrées pour la Sécurité sociale. C'est la possibilité pour ces entreprises de continuer à exploiter en silence, en faisant courir les mêmes dangers ; cela signifie aussi que les travailleurs accidentés ne sont jamais correctement suivis.

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