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Garde à vue des sans-papiers : Valls est bien le premier flic de France
Le Sénat vient de voter le projet de loi destiné à remplacer la garde à vue des sans-papiers. En juillet dernier, la Cour de cassation, suivant en cela les directives de la Cour de justice européenne, avait interdit de placer les sans-papiers en garde à vue, parce que cela revenait à les assimiler à des délinquants. En France, 60 000 personnes étaient placées ainsi en garde à vue pendant 48 heures.
La police ne pouvait donc plus retenir un sans-papiers plus de quatre heures dans le cadre d'une audition libre. Mécontent d'être entravé dans sa chasse aux clandestins, Valls a fait voter un nouveau dispositif de seize heures, pudiquement nommé « retenue », laissant ainsi le temps pour la police d'obtenir la décision de justice autorisant l'expulsion. Même si Valls prétend que le sans-papiers aurait plus de droits qu'un délinquant, il ne s'agit de rien d'autre que d'une garde à vue. Et si la loi prévoit de ne pas mettre les « retenus » dans le même local que les prévenus, les conditions de promiscuité de la plupart des commissariats obligeront la police à les laisser menottés dans le couloir !
La nouvelle loi a cependant abrogé le délit dit de solidarité mis en place sous Sarkozy, qui permettait de condamner ceux ou celles qui cachaient ou aidaient un sans-papiers. Valls supprime cette loi indigne, mais il ne donne aucune illusion aux sans-papiers et promet d'être aussi intransigeant, si ce n'est plus, que la droite. Le nombre de reconduites à la frontière serait plus élevé en 2012 qu'en 2011, battant le triste record de 33 000 reconduites à la frontière.
Par ailleurs, pour renforcer son profil de ministre à poigne, Valls a tenu à affirmer qu'il n'y aurait aucune régularisation massive, se revendiquant de l'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard déclarant : « Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde. » Si Valls poursuit dans ce domaine avec fermeté la politique de la droite, il s'inscrit donc aussi dans celui de la gauche. De Rocard à Cresson, de Chevènement à Vaillant, la gauche de gouvernement a déjà un long passé dans la chasse aux sans-papiers.