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Leur société
Hausse de la TVA : Les plus pauvres vont payer
« Nous n'augmenterons jamais la TVA, ni la CSG, pour combler les trous du budget de l'État », avait répété le chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault, le 23 septembre, donnant alors pour preuve que le Parlement de gauche avait supprimé en juillet la loi, votée sous Sarkozy, qui prévoyait une augmentation, sous le nom de « TVA sociale ».
Le nom a bel et bien disparu, mais il n'a fallu que quelques semaines pour que l'augmentation ressurgisse de ses cendres. Le ministre de l'Économie Pierre Moscovici va jusqu'à prétendre qu'elle « n'a rien à voir avec la TVA de Nicolas Sarkozy », du fait que la hausse n'interviendra qu'au 1er janvier 2014 et qu'elle sera bien moindre. « Et encore, ajoute-t-il, elle sera différenciée, puisqu'à l'augmentation de 0,4 point du taux supérieur répondra une diminution de 0,5 point du taux réduit. » Mais qui compte-t-il tromper en laissant entendre que le taux « supérieur » est celui des riches, tandis que les milieux populaires n'achèteraient qu'à taux réduit ? L'association UFC-Que choisir a calculé que la hausse revient, en moyenne, à une augmentation par ménage de 200 euros par an.
Bien sûr, il ne s'agit que d'une moyenne, mais ce qui caractérise la TVA, c'est précisément de pénaliser bien plus les milieux populaires relativement à leur budget. Les riches qui achètent des voitures de luxe continueront d'avoir les moyens de s'en offrir, mais tous ceux qui ont un budget serré devront-ils s'exonérer de payer les charges locatives nécessaires à l'entretien des immeubles, renoncer à prendre les transports en commun ou à mettre de l'essence dans leur voiture, dès lors que les taux supérieurs et intermédiaires de la TVA augmenteront ? Faudra-t-il qu'ils se privent de sortie, du fait que les activités culturelles et de divertissement, de même que la lecture, ne leur sont apparemment pas destinées, puisqu'elles ne bénéficient pas non plus du taux réduit ?
Le ministre des Finances préfère s'auto-féliciter de la diminution de 0,5 point du taux réduit de TVA, qui concerne « les dépenses de consommation courantes comme l'alimentation ou l'énergie, qui comptent pour beaucoup dans le budget des familles qui ont des revenus modestes », a-t-il dit. L'énergie taxée au taux réduit ? En réalité, seul l'abonnement est taxé au taux réduit, tandis que le taux supérieur s'applique aux quantités consommées. À vouloir trop prouver, le ministre ne fait que confirmer l'iniquité d'une mesure que les dirigeants socialistes eux-mêmes montraient du doigt il y a peu.