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- Lutte ouvrière n°2311
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Leur société
Les « accords de compétitivité » : Au bonheur du patronat
Les patrons en rêvaient, le gouvernement la leur a accordée : une ristourne annuelle de 20 milliards d'euros sur le montant de l'impôt sur les sociétés, soit la moitié de ce que cet impôt rapporte à l'État chaque année.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé que le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi -- c'est le nom officiel de la ristourne -- montera en puissance sur trois ans. En clair, ce sera 10 milliards d'euros de ristourne la première année, 15 milliards l'année suivante, puis 20 milliards la troisième année et, si un coup d'arrêt n'est pas mis à ce nouveau détournement des recettes de l'État, 20 milliards chaque année qui suivra. On comprend pourquoi la patronne des patrons a pu affirmer, reconnaissante : « Cela va dans le bon sens ».
Jusqu'à présent, et c'était le cadeau de Sarkozy-Fillon, les patrons étaient déjà exonérés plus ou moins totalement du paiement de leurs cotisations de Sécurité sociale sur les salaires compris entre 1 et 1,6 fois le smic (totalement pour le smic, pas tout à fait pour les salaires supérieurs). Maintenant, et là c'est le cadeau de Hollande-Ayrault, ils vont pouvoir déduire de leur impôt un crédit calculé sur la masse salariale brute correspondant aux salaires compris entre 1 et 2,5 fois le smic, c'est-à-dire jusqu'aux salaires d'un montant de... 3 600 euros brut ! Le crédit d'impôt concernera ainsi 80 % des salaires de l'industrie. Un cadeau royal sur le dos des finances publiques et, qui plus est, en faisant payer le manque à gagner par la population, via l'augmentation du taux de la TVA et la baisse des crédits affectés aux services publics.
Pour justifier ses largesses, Jean-Marc Ayrault fait miroiter la création d'au moins 300 000 emplois et il en appelle à « renforcer les conquêtes de nos entreprises à l'étranger et l'attractivité de notre pays pour attirer les investissements et les emplois d'avenir ». Le ton est guerrier, mais la réalité est tout autre. Le gouvernement ne part pas en guerre contre le chômage, mais donne au patronat les moyens de continuer ses affaires malgré la crise.
Les 20 milliards d'euros annuels ne seront pas investis dans la production et ne créeront pas d'emplois. Pour le patronat, l'augmentation de la compétitivité, c'est maintenir ses profits en dépensant moins en salaires. Le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi vient à point nommé pour cela.