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Leur société
Foyer de Châlons : sanctionnée pour avoir dit la vérité
Après le suicide d’un jeune Malien, Denko Sissoko, le 6 janvier, dans un foyer d’accueil pour mineurs étrangers isolés de Châlons-en-Champagne, une éducatrice spécialisée a dénoncé les conditions de vie indignes imposées aux jeunes qui ont fui leur pays, ainsi que les mauvaises conditions de travail de ses collègues. La direction de l’association La Sauvegarde, gestionnaire du foyer, vient d’intenter une procédure de licenciement contre cette éducatrice, par ailleurs déléguée du personnel.
Il y a pourtant de quoi s’indigner. Le bâtiment n’est pas sécurisé et à la limite de l’insalubrité, avec un manque de personnel, notamment la nuit, où seulement quatre éducateurs sont présents pour 73 mineurs. La nuit suivant le suicide, la direction n’avait même pas affecté d’éducateur sur le foyer. L’éducatrice a aussi rendu publics l’absence de scolarisation et de cours de français langue étrangère, le manque de suivi médical et psychologique, alors que ces jeunes ont pour la plupart traversé les frontières au risque de leur vie. Enfin, elle a dénoncé les interventions fréquentes de la police, qui vient chercher des jeunes avant leur expulsion.
Pour toute réponse, la direction de La Sauvegarde a décidé de convoquer cette travailleuse sociale pour un entretien préalable avant sanction. Il lui est reproché d’avoir dénigré l’association et mis en cause la politique de l’enfance du département de la Marne ! Pour protester contre cette volonté de faire taire ceux qui dénoncent à juste titre ces conditions indignes, une cinquantaine de personnes, membres du personnel, associations et partis politiques, dont Lutte ouvrière, se sont rassemblées devant le siège. À l’issue du rendez-vous avec la direction, l’élue du personnel a été mise à pied à titre conservatoire dans l’attente de son licenciement, ce qui l’empêche de poursuivre son activité syndicale et la prive de salaire.
Une telle décision est scandaleuse et a provoqué la colère du personnel et des militants. Cette direction, qui a refusé de participer aux frais de rapatriement du corps de Denko Sissoko, affiche son profond mépris pour des droits élémentaires, que ce soit ceux des enfants ou ceux des travailleurs.
Face à elle, la mobilisation est en train de s’organiser et elle ne fait que commencer.