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Légion d’honneur 2020 : encore une cuvée patronale
Le 1er janvier, le gouvernement a élevé au grade d’officier de la Légion d’honneur Jean-François Cirelli, patron de la branche française du plus grand fonds d’investissement mondial, BlackRock.
En plein mouvement sur les retraites, c’est apparu à juste titre à de nombreux travailleurs comme une provocation et un exemple supplémentaire de l’influence du capital financier sur le gouvernement. D’autant que cela s’ajoute aux révélations sur les liens étroits entre l’ancien haut-commissaire aux retraites Delevoye et les compagnies d’assurance françaises.
Le capital financier est en effet le principal bénéficiaire de cette attaque contre les retraites car, en organisant l’appauvrissement des futures générations de retraités, le gouvernement pousse consciemment des millions de travailleurs à diriger leurs économies vers les fonds de pension et autres capitalistes de l’assurance.
Dans la liste des décorés du 1er janvier, figuraient d’ailleurs d’autres représentants de la finance, comme Jean-David Chamboredon, patron du fonds d’investissement Isai, créé entre autres par l’actuel président du Medef. Le monde de l’assurance a, lui, été récompensé en la personne de la DRH d’Axa Assurances, dont le grand patron, Thomas Buberl, était déjà dans la promotion de la Légion d’honneur du 14 juillet. Le secteur bancaire n’a pas été oublié non plus, avec entre autres Grégoire Chertok, membre du comité exécutif de la banque Rothschild.
Mais Macron n’est pas le premier à distribuer largement la Légion d’honneur aux capitalistes et à leurs serviteurs, c’est même une pratique courante et aussi ancienne que cette décoration. Cirelli a ainsi reçu sa première médaille en 2006, du président de droite Chirac. Et tous les gouvernements de gauche ont fait de même. Par exemple Servier, le propriétaire des laboratoires pharmaceutiques qui ont fabriqué le Mediator, a été décoré pour la première fois en 1985, sous le président Mitterrand, et en 2016 l’homme d’affaires Laurent Dassault a reçu une nouvelle médaille de la main du Premier ministre socialiste Valls. En fait, du plus riche français, Arnault, propriétaire du groupe de luxe LVMH, à Bolloré, Mulliez, et jusqu’à Bouygues, presque tous les PDG et les propriétaires de grands groupes capitalistes sont membres de l’Ordre national de la Légion d’honneur.
Tout cela ne fait que mettre en évidence les liens fusionnels entre les capitalistes et les représentants de l’État, que ce soit les présidents, les ministres ou les hauts fonctionnaires, qui ne sont pas élus mais qui assurent la permanence de la politique.
S’il y avait un concours du meilleur serviteur politique du grand patronat, Macron serait en bonne place, mais la concurrence serait vraiment rude.