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Leur société
Fête de l’Humanité : quelle politique pour les travailleurs ?
Cela faisait trois ans que la Fête de l’Humanité n’avait pas pu se tenir dans des conditions normales à cause de l’épidémie de Covid. En 2020, elle avait été annulée et, en 2021, une jauge imposée par le gouvernement en avait considérablement limité l’affluence.
En plus de cela, cette année, cette fête s’installait pour la première fois sur un nouvel emplacement près de Brétigny-sur-Orge dans l’Essonne.
Malgré toutes ces difficultés, la fête a cette fois encore rassemblé beaucoup de monde, 400 000 personnes selon le PCF. Certes, cela fait longtemps qu’il mise sur les concerts et les spectacles pour attirer le public et compenser la baisse de son audience politique. Mais les nombreux stands sont toujours tenus par des militants et des sympathisants et la fête garde encore un large public populaire d’habitués. Lors du traditionnel meeting sur la grande scène, la foule était nombreuse pour écouter Fabien Roussel. Mais quelle politique celui-ci avait-il à leur proposer ?
La cible principale de son discours n’était pas la classe capitaliste mais Macron et son gouvernement. Même quand il a parlé de l’inflation et de la nécessaire hausse des salaires pour y faire face, Roussel n’a attaqué que le gouvernement : « Comment le gouvernement et l’État peuvent-ils vous traiter de cette manière en refusant les augmentations de salaires ? », a-t-il lancé. Il a certes parlé des profits des entreprises du CAC 40, rappelant qu’ils avaient augmenté de 80 %. Mais il l’a fait en spécifiant que c’était « sous l’ère Macron et de son gouvernement, de ses ministres et de la droite », oubliant de rappeler combien les profits avaient augmenté sous les gouvernements de gauche de Mitterrand, Jospin ou Hollande.
Roussel a dit qu’il voulait « mettre la main sur l’argent » et il a expliqué ce qu’il entendait par là : « une taxe sur les surprofits », en prenant comme exemple ce qui vient d’être mis en place « en Allemagne, en Espagne, en Angleterre, avec des degrés divers ». Il a même laissé entendre qu’il fallait que Macron lui-même mette en place une telle taxe : « Moi je dis à Macron : ayez le courage de mettre en place cette taxe, cette contribution, (…) retroussez-vous les manches, allez leur dire à vos amis qu’ils devront être mis à contribution dès cet automne. »
En réalité, dans tous les pays cités, les gouvernements sont autant soumis au grand patronat que l’est le gouvernement français. Et les prétendues taxes sur les superprofits qui ont été mises en place sont de la poudre aux yeux pour faire croire à la population que les capitalistes sont mis à contribution, et lui faire accepter la baisse catastrophique de son niveau de vie. Voilà ce que Roussel vante : une tromperie pour les travailleurs !
Son discours est en fait très révélateur de ce que serait la politique de son parti s’il arrivait au gouvernement. Les dirigeants du PCF ont renoncé depuis bien longtemps à en faire le parti de la lutte du monde du travail contre la bourgeoisie. Ils ont accepté au contraire d’en faire un parti de plus au service de celle-ci, qui lui serait utile justement en cas de montée de la colère. Dans ce cas, la bourgeoisie pourrait compter sur le PCF au sein de la population pour canaliser le mécontentement et l’empêcher d’exploser, quitte à faire des discours d’apparence radicale et à lancer de la poudre aux yeux.
Lutte ouvrière, qui avait un stand à la Fête de l’Humanité, a cherché à y défendre une autre politique, à expliquer à tous ceux qui venaient nous rencontrer que les travailleurs doivent se préparer à ces explosions sociales, et réfléchir dès maintenant à la politique à mettre en avant pour faire reculer le grand patronat, sans se laisser endormir ni abuser par de faux amis.
Un débat sur la démocratie ouvrière s’est tenu au stand Lutte ouvrière de la Fête de l’Humanité, animé par Jean-Pierre Mercier et Nathalie Arthaud. La vidéo en est visible sur notre site (www.lutte-ouvriere.org)