Aides au patronat : le casse du siècle12/11/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/11/une_2989-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Aides au patronat : le casse du siècle

« C’est l’histoire d’un hold-up. Sans arme ni violence, mais orchestré avec l’aval des gouvernements successifs depuis trois décennies. » C’est ainsi que deux journalistes du Nouvel Obs introduisent leur ouvrage Le grand détournement.

Le livre ne s’en prend pas à l’exploitation capitaliste mais à la façon dont quelques milliers d’ultra-riches siphonnent les comptes de l’État. Il donne un visage aux capitalistes en soulignant que les 500 premières fortunes de France ne vivent que de leur capital, qui s’accroît via les entreprises dont ils sont actionnaires.

Les auteurs ont cherché à recenser les trois formes d’aides que sont les exonérations de cotisations, les subventions directes et les niches fiscales.

Les aides aux entreprises se sont emballées depuis 2001. Alors qu’elles représentaient déjà 30 milliards par an dans les années 1990, elles ont atteint de nouveaux records à chaque nouveau gouvernement au nom de la lutte contre le chômage et de la compétitivité des entreprises. Elles représentent désormais 270 milliards par an. LVMH a par exemple reçu 193 millions d’euros au titre des exonérations de cotisations en 2023 et 82 millions via d’autres subventions. Cette entreprise a fait 15,2 milliards de bénéfice net la même année. Alors que les cotisations patronales représentaient autrefois 45 % du salaire brut d’un smicard, aujourd’hui cette part est tombée à 6,9 %.

Autre exemple : Sanofi a touché un milliard au titre du crédit impôt recherche en dix ans tout en licenciant plusieurs milliers de chercheurs. Elle a aussi perçu 12 millions au titre de l’aide à l’embauche d’apprentis sur l’année 2023. CMA-CGM a économisé 5,7 milliards en 2023 grâce à un régime fiscal particulièrement avantageux.

L’année du Covid a été particulièrement lucrative pour ces grands groupes : 260 milliards d’euros ont été distribués dont seulement 27 pour payer les salariés, sans compter la politique de rachats de titres par la BCE. Et certaines de ces grandes entreprises n’ont même pas respecté les quelques contraintes comme ne pas verser des dividendes pendant deux ans. Cette période a permis une explosion des fortunes des plus riches.

Du côté de la fiscalité, les auteurs notent les résultats de l’enquête de quatre économistes qui constatent que l’impôt sur les grandes fortunes est carrément régressif à partir d’un certain niveau de richesse. Il existe des moyens légaux largement utilisés par les bourgeois pour échapper à l’impôt. L’un d’eux consiste à placer leurs participations dans différentes entreprises au sein de holdings, qui leur permettent de ne pas payer d’impôts sur les plus-values ni sur les fortunes. Une société d’optimisation fiscale fait cette publicité : « Au lieu que les bénéfices supportent 30 % d’impôts, logés dans une société intermédiaire celle-ci ne paiera pas 30 % mais seulement 1,5 % ou 2 % maximum. » Quant aux héritages, le pacte de succession Dutreil permet d’en minimiser les droits.

On assiste bien à un grand détournement, effectué au profit d’une classe de plus en plus parasitaire.

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