Belgique : une grève générale en trompe-l’œil10/12/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/12/une_2993-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Belgique : une grève générale en trompe-l’œil

Après que plus de 100 000 personnes ont manifesté à Bruxelles le 14 octobre, la FGTB, le syndicat socialiste de Belgique, annonçait que « dans la foulée de cette manifestation historique […], les syndicats passent à la vitesse supérieure. »

Une grève nationale interprofessionnelle était annoncée en conclusion de quatre journées d’action, devant monter en puissance jusqu’au 26 novembre.

Malgré l’apparente combativité, le front commun syndical montrait clairement les limites de ses ambitions : « Ces trois jours de grève sont un appel au Premier ministre De Wever et à l’ensemble du gouvernement [fédéral] pour qu’ils mettent fin au démantèlement social. » De Wever a répondu à cet appel en accouchant, le matin même du premier jour de grève, du budget d’austérité en gestation difficile depuis de nombreux mois. Il mettait à mal l’espoir des militants qui pensaient faire tomber le gouvernement pour y ramener le PS, espoir lancé par la direction de la FGTB wallonne.

Mercredi 26 novembre, le communiqué de la FGTB annonçait que « dans toutes les régions du pays, les piquets se sont multipliés dès les premières heures du jour dans tous les secteurs d’activité économique. Et ce, après une grève des transports publics, des services publics et des écoles lundi et mardi. Drapeaux et banderoles rouges, verts [CSC], bleus [CGSLB] ont occupé les ronds-points ainsi que l’entrée des zones industrielles et commerciales, des hôpitaux, des établissements de soins et autres organisations du secteur non marchand. Le front commun syndical est soudé et le reste. Renforcé par trois jours d’une mobilisation exemplaire ! Et par l’annonce d’un accord budgétaire fédéral qui pèsera, une fois de plus, uniquement sur les épaules des travailleurs et travailleuses. »

Les militants syndicaux se sont en effet fortement mobilisés, les grévistes se sont comptés sans doute en centaines de milliers… mais ils n’ont pas pu mesurer leur force. Aucune manifestation générale, aucun rassemblement autre que sectoriel et local, n’a été organisé. Les directions syndicales ne tenaient visiblement pas à ce que les travailleurs puissent se voir nombreux et prendre confiance en leur action.

« Au terme de trois jours de grève consécutifs contre les politiques du gouvernement Arizona [selon le surnom de l’actuelle coalition au pouvoir], les syndicats ont réussi leur pari et sont pleinement satisfaits de la mobilisation », a continué la FGTB. Les dirigeants sont donc satisfaits… mais, contrairement aux illusions qu’ils ont semées, rien n’est réglé, le gouvernement n’a pas reculé !

Un jeune dirigeant syndicaliste de la FGTB avait en effet affirmé, à propos de ces trois jours de grève : « C’est un plan qui fait partie des plus ambitieux parmi ceux que l’intersyndicale peut proposer. » Il est aujourd’hui évident que, pour faire reculer patrons et gouvernement, ce n’est pas sur les manœuvres des directions syndicales que les travailleurs pourront compter.

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