LVMH : Comment on devient milliardaire10/12/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/12/P14-2_Bernard_Arnault_profits_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-41%2C0%2C931%2C500_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

LVMH : Comment on devient milliardaire

Suite à l’émission de France 2 Cash Investigation consacrée le 4 décembre à Bernard Arnault, une partie de la presse s’est déchaînée pour défendre ces pauvres patrons qui créent des emplois, sont trop taxés et critiqués à tort.

Illustration - Comment on devient milliardaire

Alain Weill, président de L’Express et fondateur de BFMTV, a dénoncé : « Le reportage de Cash Investigation sur Bernard Arnault est totalement à charge (...). On met en cause l’honnêteté du groupe sans preuves (...) ». Et pourtant les preuves des malversations de Bernard Arnault existent, et cela depuis plus de quarante ans.

C’est au début des années 1980, sous Mitterrand, que ce fils de bourgeois a commencé son ascension pour devenir l’homme le plus riche de France. Lui qui aujourd’hui n’a pas de mots assez forts pour dénoncer les aides sociales, les interventions de l’État et la fiscalité accusée de matraquer les patrons, doit tout aux subventions publiques, obtenues d’un gouvernement, de gauche de surcroît. À l’époque, un des trusts capitalistes français des plus puissants, l’empire textile Boussac, était en train de s’effondrer avec la fin des colonies françaises. Pour éviter que ses usines et les 17 000 travailleurs qui y étaient exploités disparaissent, l’État devint actionnaire principal du groupe et chercha un acquéreur. En 1984, Bernard Arnault, qui présidait l’entreprise de son père, se proposa. Lui qui avait fui aux États-Unis en 1981 par crainte de la gauche au pouvoir, passa un accord avec le Premier ministre Laurent Fabius pour racheter le groupe Boussac, dont Christian Dior faisait partie, pour 400 millions de francs de l’époque, l’équivalent de 133 millions d’euros d’aujourd’hui. En contrepartie, l’État lui offrait 633 millions de francs (211 millions d’euros), Bernard Arnault s’engageant à maintenir les emplois.

Aucune des promesses d’Arnault ne fut tenue. Sur les 12 252 emplois qu’il devait garder, il n’en restait plus que 8 000 quelques années après. Et il fallut attendre le milieu des années 1990 pour qu’il consente à rembourser une petite partie des aides touchées. Ainsi, avec 400 millions de francs, Arnault a pris possession d’un groupe qui a valu bientôt 8 milliards. C’est grâce à cette acquisition qu’ensuite il a pu torpiller ses concurrents en lançant des OPA, racheter des entreprises prospères pour former le groupe de luxe LVMH, dont il finit par prendre la tête.

En 2013, Arnault monta encore une opération financière frauduleuse pour rentrer discrètement au capital d’Hermès afin de s’en emparer. Le coup ne réussit pas et Arnault fut condamné à payer une amende de 10 millions d’euros par l’Autorité des marchés financiers.

Outre ces preuves d’honnêteté et de transparence, il faudrait aussi parler des accointances du milliardaire avec d’anciens espions qui l’aident à surveiller ses ennemis, et de fausses déclarations pour devenir résident de Belgique afin d’y payer préférentiellement de rares impôts.

En 2020, pendant la pandémie de Covid 19, Bernard Arnault se fit passer pour généreux en proposant que son groupe fabrique du gel hydroalcoolique et le mette gratuitement à la disposition du public. Malgré ce prétendu don, qui en réalité lui permit de maintenir l’activité de ses usines, la famille toucha 1,5 milliard de dividendes au titre de 2020.

Et voilà comment on peut devenir multimilliardaire… grâce à une vie de labeur et d’épargne qui est en fait celle des milliers d’employés de son groupe. Certains ont eu la riche idée de se mettre en grève dernièrement pour réclamer des augmentations de salaire. Voilà au moins une chose qu’Arnault n’a pas volée !

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