Effondrement démographique10/12/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/12/une_2993-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Effondrement démographique

Quand l’URSS a implosé et que, comme ses 14 autres Républiques constitutives, l’Ukraine s’est retrouvée indépendante fin 1991, les bureaucrates ukrainiens, qui avaient œuvré à cette disparition, répétaient « nous sommes 50 millions ».

Ses dirigeants voulaient rassurer des populations qui, du jour au lendemain, avaient dû passer d’un immense État peuplé de près de 300 millions d’habitants à un pays bien plus petit et moins peuplé.

Aujourd’hui, selon son institut de démographie, l’Ukraine, qui comptait encore 42 millions de citoyens avant 2022, n’en a plus que 36 millions. Ces mêmes démographes estiment qu’en 2051 la population aura chuté à 25 millions. Ce serait deux fois moins que soixante ans plus tôt. L’ONU, pour sa part, estime que la population ukrainienne a diminué de dix millions depuis l’extension de la guerre en février 2022.

Cet effondrement, qui se poursuit, doit beaucoup aux morts d’une guerre qui a débuté en 2014 dans le Donbass. Outre ses morts et les décès à venir de certains grands blessés, il faut prendre en compte les millions d’Ukrainiens ayant fui le pays pour échapper à la guerre, dont beaucoup n’ont pas l’intention de revenir. À cela s’ajoutent des calculs de la CIA rapportés par l’agence de presse Reuters. La centrale américaine du renseignement attribue à l’Ukraine un double record pour 2024 : celui du taux de mortalité le plus élevé au monde et celui du taux de naissance le plus bas, avec environ trois morts pour une naissance.

En Ukraine, en 2024, l’espérance de vie des hommes est passée à 57,3 ans contre 65,2 ans avant la guerre, celle des femmes à 70,9 ans contre 74,4 ans précédemment. Cela vaut pour toutes les régions, même très éloignées du front, car aux ravages de la guerre proprement dite s’ajoutent ceux dus à l’effondrement des conditions de travail, de salaire et de vie en général des classes populaires.

D’ores et déjà, pour assurer un minimum de fonctionnement à son économie, l’Ukraine importe nombre de travailleurs asiatiques. Cela ne suffit pas, et cela suffira encore moins si un jour les canons cessent de gronder, pour assurer la reconstruction du pays. Le montant financier nécessaire, estimé à 500 milliards d’euros, fait saliver tous les grands groupes capitalistes d’Europe et d’Amérique. Mais pour que ces profits gigantesques se concrétisent, il faudra des bras pour les produire. Or, rien n’assure qu’ils seront là. Et c’est bien ce qui inquiète l’ONU, la CIA et d’autres institutions du monde impérialiste quand elles se penchent sur la démographie en Ukraine.

Partager