Galonnés cherchent chair à canon !03/12/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/12/P2-1_La_guerre_a_besoin_de_toi_Ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-8%2C0%2C936%2C522_crop_detail.jpg

Editorial

Galonnés cherchent chair à canon !

Illustration - Galonnés cherchent chair à canon !

Trente ans après la fin de la conscription obligatoire, Macron veut rétablir le service militaire. Ce sera un service de dix mois, après quoi les jeunes devront servir dans la réserve opérationnelle pendant cinq ans et seront les premiers mobilisés en cas de guerre.

Cette fois, ni le gouvernement ni l’armée ne parlent de « brassage social ». Une solde de 800 euros attirera évidemment d’abord et surtout les jeunes des classes populaires.

Il ne s’agit pas, non plus, de leur apprendre un métier. Le but affiché est de fournir de la chair fraîche à l’armée face aux menaces qui pèseraient sur le pays. C’est une étape supplémentaire dans la marche à la guerre.

Pour l’instant, ce service est au volontariat. Mais combien de temps cela durera-t-il ? Déjà certains politiciens et chefs d’état- major regrettent que ce service ne soit pas obligatoire et que ces futurs soldats ne puissent pas être envoyés en opérations extérieures.

Dans un discours très martial, Macron a demandé aux jeunes de se tenir « prêts à se lever pour la patrie ». À la différence du général Mandon, il n’a pas ajouté qu’ils devaient se tenir prêts à mourir, mais c’est bien l’idée !

Cet appel peut susciter des vocations. Car c’est une qualité de la jeunesse d’être capable de s’engager par générosité et idéalisme pour une cause qui la dépasse. Et l’idée qu’il faut défendre les siens en fait partie.

Mais quand nos dirigeants appellent à défendre la patrie, ils ne pensent pas à défendre la veuve et l’orphelin mais leur ordre social injuste et inégalitaire.

Ils ont toujours le mot « patrie » à la bouche. Mais où est la patrie pour les travailleurs quand les plus riches ont tous les droits, celui d’exploiter la classe ouvrière et de la maintenir dans le besoin, celui d’échapper à l’impôt et, bien souvent, à la loi ?

Peut-on parler de patrie quand des centaines de milliers de personnes sont mal logées ou sans domicile fixe, alors qu’il existe des centaines de milliers de logements vacants ? Quand une partie de la population est soumise aux discriminations et au racisme qu’attisent nos dirigeants ?

Des milliers de jeunes, en danger dans des familles maltraitantes, sont abandonnés par la justice et les services sociaux privés de moyens. D’autres, exclus précocement de l’école, sont livrés au désœuvrement et aux trafics de drogue dans des quartiers minés par la pauvreté, le chômage, et désertés par les services publics. Ils devraient se transformer en soldats pour défendre cette patrie qui n’a rien fait pour eux, sauf les enfoncer dans la galère ?

La patrie, dont Macron et les politiciens nous rebattent les oreilles, est celle des milliardaires, non celle des travailleurs et de leurs enfants.

Tous les jours, le courage et l’abnégation des Ukrainiens sont donnés en exemple de ce qu’il faut faire pour défendre sa patrie.

Mais que peuvent penser les soldats ukrainiens qui ont souffert et sacrifié presque quatre ans de leur vie à faire la guerre, quand ils voient Trump et les puissances européennes se partager avec Poutine les richesses de leur pays ? Quand leur pays, en partie détruit et endetté pour des générations, est devenu complètement dépendant des Occidentaux ?

Que pense la population ukrainienne privée d’électricité et livrée au froid glacial, quand elle découvre que des dirigeants proches de Zelensky ont détourné d’énormes sommes des entreprises énergétiques publiques déjà éprouvées par les bombardements russes ?

Comme l’a écrit Anatole France après la Première Guerre mondiale, « on croit mourir pour la patrie, on meurt pour les profits des industriels. »

Il n’y a aucune confiance à avoir dans des dirigeants qui passent leur temps à attaquer nos conditions d’existence, nos droits au travail, à la santé, à l’éducation. Aucune confiance à avoir dans des dirigeants qui ont fomenté une multitude de guerres pour défendre les intérêts des capitalistes et leur domination sur des pays, voire des continents.

Aujourd’hui encore, la campagne belliqueuse contre une Russie qui menacerait la France, alors que son armée ne parvient même pas à Kiev, est de la propagande mensongère.

Ce n’est pas en s’alignant derrière les politiciens bourgeois, leur État et leur armée que l’on défendra la justice, le droit des peuples et ceux des travailleurs. Les jeunes qui veulent se battre pour de justes causes doivent regarder dans la direction opposée et s’engager derrière les idées révolutionnaires et internationalistes pour renverser l’ordre social actuel et construire un nouveau monde.

Bulletins d’entreprise du 1er décembre 2025

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