Nathalie Arthaud, le 19 mai : “En finir avec tous les fauteurs deguerre !”22/05/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/05/P6_2024_05_18_F%C3%AAte_Presles_130_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C31%2C600%2C369_crop_detail.jpg

La Fête de Lutte Ouvrière

Nathalie Arthaud, le 19 mai : “En finir avec tous les fauteurs deguerre !”

Illustration - “En finir avec tous les fauteurs deguerre !”

Avec le conflit en Ukraine, la guerre de tranchées est de retour sur le continent européen, plus d’un siècle après la guerre de 1914 ! Les scènes que l’on associait à la Deuxième Guerre mondiale, le bombardement de villes, les alertes aériennes, les refuges dans les caves, sont devenues le quotidien des Ukrainiens depuis deux ans !

À Gaza, les défenseurs du gouvernement israélien nous expliquent qu’ils mènent une guerre civilisée, qui n’a rien à voir avec les atrocités commises par le Hamas le 7 octobre.

Mais tout ce degré de civilisation ne sert qu’à transformer Gaza en un champ de ruines, à plonger la population dans la terreur, à l’affamer. […]

Toutes ces tragédies, et je pense aussi à ce qui se passe au Soudan, au Kivu, à Mayotte, en Haïti… se déroulent aujourd’hui, en 2024, alors que l’humanité n’a jamais eu autant de connaissances, de richesses et la capacité de les faire circuler et les partager ; alors qu’elle n’a jamais eu autant la possibilité de vivre en harmonie.

Il y a de la place et les moyens de vivre dignement pour tout le monde sur cette planète ! Il y a de la place en Palestine et en Israël pour que les deux peuples vivent côte à côte. Et bien sûr que les Ukrainiens et les Russes peuvent vivre en bon voisinage et se mélanger ! Cela s’est fait pendant des décennies, où bien des gens ne se demandaient pas s’ils étaient russes ou ukrainiens.

Cet avenir-là est possible

Mais cela nécessite d’en finir avec les causes profondes de ces guerres et d’en finir avec tous les fauteurs de guerre, à commencer par les plus importants, qui gouvernent le monde, je veux parler des États impérialistes occidentaux, des États-Unis et des principaux États européens, dont bien sûr, la France. […]

Regardez comment l’État français se comporte vis-à-vis du peuple Kanak. […]

La volonté actuelle du gouvernement d’imposer l’élargissement du corps électoral est dans la continuité de cette politique coloniale. Cela n’a rien à voir avec le souci démocratique de permettre à tous de voter. D’ailleurs ici, en métropole, veut-il donner le droit de vote aux travailleurs étrangers ? Évidemment non. Il s’agit d’une manœuvre politicienne pour rendre minoritaires les Kanaks et les empêcher de décider de leur sort.

La révolte que ce passage en force a provoquée est légitime : il revient bien aux Kanaks, dont la Nouvelle- Calédonie est la terre, de décider de leur avenir. [...]

C’est le même genre de bombes à retardement qui sont en train d’exploser à Mayotte, en Palestine, en Ukraine. Et ce sera le cas tant que perdureront les rapports de domination qui alimentent les inégalités, le rejet, la haine et le racisme entre travailleurs et entre les peuples.

Il faut réaliser que les principaux fauteurs de guerre sont chez nous, ce sont ceux qui nous parlent de compétitivité, de concurrence, de guerre économique. Ce sont nos dirigeants ! […]

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et parce qu’ils construisaient l’UE, les dirigeants européens se faisaient passer pour des pacifistes.

Mais le 8 mai 1945, la Deuxième Guerre mondiale était à peine terminée, la France n’avait pas encore fini de fêter le départ des soldats allemands et ce que les dirigeants ont appelé la Libération, que l’armée française bombardait les Algériens à Sétif, pour leur apprendre ce qu’il leur en coûterait si eux aussi aspiraient à la libération.

Les grandes puissances impérialistes avaient conclu la paix entre elles, mais leur guerre contre les peuples continuait.

La guerre entre l’impérialisme français et les peuples qu’il opprimait reprenait. Et pas seulement en Algérie, aussi à Madagascar, au Cameroun et dans ce que l’on appelait alors l’Indochine. Et il y a sûrement, aujourd’hui, parmi nous, des enfants ou des petits-enfants de ces femmes et de ces hommes qui ont combattu, ont été emprisonnés, torturés voire tués parce qu’ils avaient résisté au colonialisme français.

Fortes de leur pillage, les grandes puissances ont pu acheter une certaine paix sociale dans leur pays et elles ont préservé, chez elles, une façade démocratique. Mais leurs manœuvres ont mis à feu et à sang le continent africain, ou encore Haïti où, quand on ne meurt pas sous les balles, on risque de mourir de faim. Voilà le vrai visage des grandes puissances, et il n’a rien de pacifique !

Aujourd’hui, les dirigeants de l’UE ne s’en cachent même plus, ils sont tous ouvertement va-t-en-guerre.

Et un des grands sujets de cette campagne, c’est la participation à l’effort de guerre en Ukraine, c’est l’Europe de la défense et la transformation de l’économie européenne en économie de guerre.

Ils sont loin d’y parvenir. Car, si tous les pays européens se réarment, c’est en ordre dispersé, et surtout chacun pour ses propres marchands de canons et d’avions de combat, parce que l’unanimité contre la Russie ne supprime pas les rivalités qui existent entre eux. [...]

Nous ne sommes sûrement pas de ceux qui revendiquent l’indépendance de l’impérialisme français. Que la défense et l’armée soient placées sous l’égide de la France, de l’UE ou des États-Unis au travers de l’OTAN, elles défendront toujours les intérêts de la bourgeoisie, jamais ceux des travailleurs.

Elles resteront aux mains de gens qui sont des ennemis du monde du travail ; aux mains de généraux qui se sont illustrés dans toutes les sales guerres coloniales ; aux mains de politiciens qui se moquent bien que des ouvriers meurent au travail ou crèvent au chômage.

Nous sommes censés suivre comme un seul homme ces chefs de guerre. Mais ils n’en ont rien à faire de notre peau aujourd’hui. Et c’est à eux qu’il faudra la confier demain si le pays était attaqué ?

Tant que la population ouvrière ne peut pas contrôler l’armée et ses officiers, tant qu’elle ne peut pas décider elle-même si une guerre mérite d’être menée, il faut refuser de marcher au pas !

Si le gouvernement, l’armée et l’État de la bourgeoisie veulent nous embrigader, ce sera pour que l’on meure pour leurs profits. Ce sera pour que l’on défende leur ordre impérialiste infâme, meurtrier et barbare.

Alors, pas un homme pour la guerre des capitalistes ! Pas un sou de plus pour les marchands de canons ! Comme le disent les paroles de l’Internationale : « S’ils s’obstinent, ces cannibales, à faire de nous des héros, ils sauront bientôt que nos balles, sont pour nos propres généraux. »

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