Nathalie Arthaud, le 20 mai : “Lever le drapeau rouge, celui des travailleurs”22/05/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/05/P6_2024_05_18_F%C3%AAte_Presles_NA_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C103%2C600%2C440_crop_detail.jpg

La Fête de Lutte Ouvrière

Nathalie Arthaud, le 20 mai : “Lever le drapeau rouge, celui des travailleurs”

Illustration - “Lever le drapeau rouge, celui des travailleurs”

Notre fête n’est pas seulement celle de Lutte ouvrière, mais aussi celle de l’Union communiste internationaliste, notre tendance internationale, qui regroupe des camarades militant dans des lieux aussi divers que la Guadeloupe et la Martinique, l’île de La Réunion, les États-Unis, Haïti, la Côte d’Ivoire, la Belgique, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Italie ou la Turquie.

Ne cherchez pas le drapeau national de leur pays : ces groupes lèvent tous le même drapeau que nous, le drapeau rouge, celui des travailleurs.

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Le drapeau rouge est bien plus qu’un bout de tissu se référant au sang versé par les exploités dans leurs luttes. Il représente les idées marxistes, la perspective communiste révolutionnaire, les idées de Rosa Luxemburg, de Lénine, de Trotsky et de bien d’autres qui ont encore beaucoup à nous apprendre.

Faire la guerre à l’impérialisme

Ce drapeau représente le combat contre le capitalisme, contre la propriété privée des instruments de production. Il est une déclaration de guerre à l’impérialisme, c’est-à-dire à la domination des trusts commerciaux, industriels et financiers sur le monde, à leurs rivalités, appuyées au besoin par des interventions armées qui mettent le monde à feu et à sang.

L’impérialisme a joué un rôle majeur dans le morcellement de l’Afrique, dans la création d’États non viables, aux frontières arbitraires qui déchirent des peuples et sont à la base aujourd’hui de tant de guerres locales.

Et, surtout, le pillage impérialiste est la cause principale du sous-développement, du règne de dictateurs serviles envers les puissances impérialistes et féroces à l’égard de leurs peuples. Parce que l’impérialisme a cette propriété de pouvoir tirer du profit même des plus pauvres, en aggravant encore leur pauvreté.

Regardez Haïti. Le capitalisme ne lui a pas laissé la moindre chance ! Haïti eut le triste privilège d’être le premier territoire d’Amérique découvert par les conquistadors de Christophe Colomb en 1492. La première à connaître le massacre de ses habitants, à se transformer en vastes plantations de sucre sur lesquelles ont été déportés des dizaines de milliers d’esclaves depuis les côtes occidentales de l’Afrique.

Mais Haïti a été la première aussi à se révolter à partir de 1794. La première à connaître une formidable révolte d’esclaves : 400 000 esclaves qui ont lutté pour leur liberté, qui surent s’organiser et construire une armée capable de vaincre l’armée de Bonaparte, redoutée par toutes les cours d’Europe ! Et qui réussit, en 1804, à proclamer son indépendance et à donner naissance à la première république noire.

La grande bourgeoisie ne lui a jamais pardonné cette audace. Haïti a subi bien avant d’autres le blocus, les pressions militaires et économiques, l’invasion impérialiste, les dictatures féroces et corrompues, et surtout une saignée continue par le biais de l’endettement.

Pour les prétendus intérêts d’une dette envers leurs anciens maîtres, Haïti a payé, jusqu’aux années 1950, des centaines de millions de francs-or, l’équivalent de milliards d’euros !

Pour continuer d’étrangler Haïti, les grandes puissances ont pu s’appuyer sur la nouvelle couche privilégiée haïtienne, qui s’était portée à la tête de la révolte et qui ne demandait qu’à être reconnue par les dirigeants des nations.

Voilà ce qu’est l’impérialisme : un système d’oppression qui se moque qu’un peuple ait son propre État, son hymne, son drapeau, parce qu’il les transformera tous en vassaux, en instruments dociles pour ses intérêts.

Les peuples indépendants ont certes des policiers de la même couleur de peau qu’eux, des gardiens de prison et des militaires de la même langue qu’eux, tout un appareil de répression qu’il faut entretenir et qui coûte cher à la population… pour qu’il continue de mater les révoltes de pauvres toujours affamés par l’impérialisme.

En Haïti et dans bien d’autres pays en Afrique, mais aussi en Amérique latine, ces États en sont à se détruire de l’intérieur sous l’effet de la corruption et des cliques rivales et ils se résument de plus en plus à une bande d’hommes armés.

L’impérialisme est un monde sans évasion possible. Pour s’en libérer, il ne suffit pas de conquérir son existence indépendante, il faut le détruire.

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Œuvrer pour la révolution mondiale

L’impasse des perspectives nationalistes est payée cher par les peuples des pays pauvres. Et si les Palestiniens n’ont que cette perspective nationaliste, ils continueront d’aller d’impasse sanglante en impasse sanglante.

Vu la situation actuelle, les grandes puissances n’osent plus tellement brandir la solution à deux États, mais peut-être y reviendront-elles pour lanterner les Palestiniens.

Mais à quoi pourrait ressembler un État palestinien ? À des bouts de territoire minuscules et séparés, fonctionnant sous une même autorité, mais incapables ne serait-ce que de s’alimenter en eau, et donc forcés de vivre sous la dépendance d’Israël et sous perfusion de l’aide humanitaire que les pays impérialistes voudront bien lui apporter ?

Oh, des bourgeois et des petits bourgeois palestiniens pourraient y prospérer, tant les plus riches savent toujours se construire leur petit paradis, même au beau milieu de l’enfer.

Mais une telle situation ne répondra jamais aux besoins et aux intérêts des masses palestiniennes les plus pauvres de Cisjordanie et de Gaza, à ceux des camps du Liban et de Jordanie qui revendiquent un droit au retour, et en tout cas le droit de pouvoir vivre ailleurs que dans des camps de réfugiés.

La seule perspective pour l’avenir est bien sûr celle d’un seul État, démocratique et laïque, pour les deux peuples. Mais cette perspective-là ne peut s’imaginer sans une lame de fond révolutionnaire qui verrait converger les peuples palestinien et israélien dans un seul et même rejet de leurs dirigeants respectifs et de leurs parrains impérialistes.

Alors, que ce soit au Moyen-Orient, en Afrique, en Asie, partout où le sentiment d’oppression nationale attise la révolte, il faut des militants qui se démarquent des organisations nationalistes et religieuses bourgeoises, qui ne cherchent qu’à se tailler une petite place dans le système impérialiste.

C’est le cas aujourd’hui du Hamas ou du Fatah en Palestine. Ils s’appuient sur les aspirations anti-impérialistes des peuples, mais ils n’ont absolument pas pour objectif de renverser cet ordre social et encore moins la domination des riches sur les pauvres, la domination de la bourgeoisie sur le monde du travail qu’ils perpétuent là où ils sont au pouvoir.

Seul un monde débarrassé de l’impérialisme et de toutes les frontières qu’il a léguées peut donner naissance à une société qui respecte toutes les nationalités, dans des rapports de coopération et de fraternité. Pour que cela soit possible, il faut des militants qui aient pour politique de relier la révolte de leur peuple à celle des pauvres et des opprimés des autres pays, en commençant par leurs voisins. Il faut des militants œuvrant pour la révolution internationale !

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